
à terre à vos pieds, tandis que vous l’affurez du
cefte & de la voix. A force de répéter cette
le ço n , vous lui faites perdre l’habitude d’emporter
fa p ro ie , & vous pouvez vous en fefvir pour
toute la menue volatile.
Des autours.
L e leâeur fe rappellera ce qui a été dit au
commencement de cet article , fur la divifion des
oifeaux , en rameurs & voiliers, ou oifeaux de
haute & de baffe volerie. Il fe rappellera également
que les oifeaux dont j'ai donné jufqu’à préfent
l'affaitage , font des oifeaux rameurs, & que les
autours & les éperviers , dont il me refte à parler
pour le même fu je t, font des oifeaux voiliers.
L’affaitage des autours eft facile, & n’emploie
pas au-delà de douze à quatorze jours ; on ne
met point de chaperon à ces oifeaux ; on les
porte fur le poing, en les tenant par la longe ,
dans les lieux les plus fréquentés , où il fè fait
le plus de bruit & de mouvement de toute ef-
p è c e , tels que les marchés , les foires, la cour
d’une ferme. Les autours fe tourmentent d’abord
excefîivement , refufent les alimens qu’on leur
préfente , & fécondent par-là même le but qu’on
fe propofe , celui de les réduire par la faim &
la fatigue : auffi commencent-ils dès le cinq ou
fixième jour à ne plus être effrayés de ce qui
paffe autour d’eux ; ils ne paroiffent plus y faire
attention , & ils_ faififfent avec avidité toute la
nourriture qu’on veut leur donner, & qui ne doit
pas alors excéder un quart de leur pat ordinaire.
S i dans les deux ou trois premiers jours ils re-
fùfent conftamment de prendre de la nourriture
dans les lieux fréquentés, il faut les porter en
un endroit folitaire, & lorfqu’ils font acharnés,
les reporter dans les lieux où il y a du bruit &.
du mouvement.
Si le fixième jour , l’autour paroît encore trop
plein , on lui donnera le foir la gorge de coeur de
veau ; le lendemain il fera en état de fauter fur
le poing de la longueur de fa longe à la première
fois , & à la troifième reprife du double plus loin,
p a r le moyen d’une corde ajoutée à la longe.
Le huitième jour on pourra le baigner le matin,
le leurrer le foir à la longe à huit, à dix & à douze
pas en trois reprifes. Le neuvième on le tiendra
ferme le matin , pour le réclamer le foir en liberté
a dix , vingt & trente pas.
J L e dixième jour on lui donne un pigeon au
piquet, & tandis qu’il y eft acharné, on le lui
enlève , en ne lui en laiffant que la tête ; on
couvre le refte de la main ; Fautour fait curée
de la tê te , & voyant au poing, quand il a fini ,
le refte du corps, il y faute lentement. Il eft bon ,
pour s’en mieux affurer, de le réclamer l’après-
midi du d ix , dans un verger , & de le rappeller
de loin en loin au travers des arbres : s’il fe montre
franc à cet exercice, on peut s’en feryir à la chaffe
le lendemain onzième jour de l’affaitage , ayant
pris pour dernière précaution de le porter un peu
long-temps le matin, & de l'abbécher très-peu.
- Si votre intention n’eft pas de changer les inclinations
naturelles de l’autour , il volera de iui-
même la perdrix, le lapin ; mais fi vous le destinez
à un vol auquel la nature ne l’ait pas appelle
dans l’état de liberté , vous ferez , pour l’y
dreffer , des montres , comme pour le gerfaut, le
faucon, &c. & vous le leûrrerez de la même ma*
nière.
Des éperviers.
Les éperviers fe dreffent comme les autours ;
mais quoique plus foibles en apparence, ils font
plus fiers , & leur éducation exige à-peu-près le
double du temps qu’on emploie à celle des autours.
Il y a , par rapport aux individus de cette ef-
pèce , des différences plus grandes que par rapport
aux individus des autres efpèces. Parmi les
éperviers niais on en vo it, dont l’éducation eft
finie en ftx ou huit jours , tandis qu’il faut en.
dreffer d’autres pendant le double de ce temps. L ’é-'3
ducation des paffagers v a fouvent à trois femaines,
& quelquefois elle eft achevée en dix ou douze
jours. Il faut, avant de fe fervir de l’épervier à
la chaffe, infifter fur-tout fur les leçons dans le
verger ; l’y réclamer jufqu’à ce que l’oifeau vous
. cherche de lui-même, quand vous vous cachez
à deffein. Il fera d’un bon fervice , s’il a été bien
drefle ; mais il faut l’exercer journellement, l’inac-
tion.le rendroit bientôt fier &. indocile.
Je terminerai ce qui concerne l’affaitage , en
remarquant qu’il eft dans toutes les efpèces des
individus , quelquefois fi durs , fi inflexibles , que
les foins qu’on en prend ne font que les irriter
& les rendre plus indociles : ce font des êtres
intraitables , qu’il faut abandonner, qu’on anéan-
tiroit fans les pouvoir adoucir. Etrange conformité
entre tous les êtres fournis à un genre d’éducation
quelconque 1
Du foin des oifeaux de proie en fanté ou en maladie.
Nous confidérerons d’abord les oifeaux de proie
dans l’état de fanté.
On les nourrit avec de la tranche de boeuf &
du gigot de mouton, coupés par mprceaux, dont
on a ôté avec foin la graiffe & les parties tendi-
neufes ; quelquefois ©n faigne des pigeons fur
leur viande; mais en général le pigeon fert plus
à les reprendre qu’à les nourrir. Pendant la mue
on leur donne deux gorges par jo u r , mais modérées
; on ne leur en donne qu’une, mais bonne,
dans k s autres temps. La veille d’une chaffe on
leur donne une gorge beaucoup moins forte que
les autres jours, & quelquefois' on les cure ; une
bécade de trop rendroit l’oifeau languiffant &
nuiroit à la volerie. Y ers le mois de mars, qui
eft le temps de l’amour, on fait avaler aux faucons
des cailloux de la groffeur d’une noiiette : on imagine
que ce remède bifarre, donne aux femelles, fait
avorter leurs oeufs, qui prennent alors de 1 accroii-
fement, & que les mâles a qui on entait ufer en tant
rafraîcBts. i f e peut que les cailloux, par leur poids,
par leur frottement fur un eftomac mulculeux oc
membraneux, beaucoup plus délicat que celui des
oifeaux granivores , nuilent aux fonctions de ce vifcère,
troublent & vicient les digeftions ; il peut en arriv
e r , en rendant les oifeaux malades, enappauvnl-
fant leur nutrition', que les oeufs ne fe développent
pas, ou qu’ils fe aétriffent dans les femelles, &
qu'avec les forces, les défirs s amortiflent dans les
mâles : mais quoi qu’il en foit de 1 effet des cailloux
, on convient que c’eft un remede dangereux,
& dont il faut n’ufer que rarement. Il me femble
qu’il feroit plus fage d’y fubftituer un autre moyen
qui produiroit le même effet fans entraîner le même
danger; qu’une viande moins nourriffante, ou la
même viande , donnée avec moins d’abondance,
rempliroit fans rifque le but qu’on fe propofe.
Après la nourriture des oifeaux, le lieu ou on
les tient eft l’objet le plus intéreffant. En hiver,
on leur fait paffer le jour dehors , & on les enferme
la nuit dans des chambres échauffées. Qu il me
foit permis d’obferver que la derniere partie de
cette pratique n’éft peut-etre ni neceffaire, ni
utile ; ou que fi je me trompe à cet égard, la
néceffité d’échauffer en hiver les lieux où l’on
.enferme le loir les oifeaux de proie ne peut etre
fondée que fur l’affoibliffement de ces animaux ,
produit par la domefticité. En e ffet, la plupart
des oifeaux qu’on traite de cette façon font originaires
des pays froids, & les autres le font des
pays au moins tempérés ; les uns habitent les montagnes
, les autres les forêts ; ils s’y retirent la nuit
dans le plus épais des bois , ou dans les antres &
cavités dés rochers ; ils y font à l’abri du grand
froid & du vent, mais dans une température fort
1 loin d’être échauffée. On approcheroit donc davantage,
ce me- femble., les oifeaux de proie de
l’état naturel, en les retirant la nuit dans des lieiix
fxmplement abrités , fans le mélange d’une chaleur
artificielle. Il n’eft pas hors de vrailemblance qu’ils
n’en feroient que mieux portans & plus forts.
C ’eft ainfi, fi l’on peut comparer des oifeaux de
rapine, ÔL.les tirans de l’a ir , au plus pacifique
de tous les animaux qui paiffent fur la terre ,
que le mouton qui paffe ries nuits en plein air ,
qui y fupporte la rigueur des faifons, fe porte
mieux & devient plus fort que l’animal de Ion
efpèce qu’on continue , par habitude , ou par d’autres
motifs, d’enfermer la nuit dans les étables ,
on laiffe dans la chambre une lumière pendant
environ une heure, durant laquelle les oifeaux fe
repaffent , nétoient & luftrent leur pennage.
Pendant l’été on les tient en lieu frais ; on met
dans la chambre où ils font enfermés des morceaux
de gazons, fur lefquels ils aiment à fe pofer ;
on y place aufli un bacquet, dans lequel ils fe
baignent. On ne peut pas cependant laiffer en
liberté toutes fortes d’oifeaux. Le gerlaut d Iflande ,
par exemple, & celui de Norwèpe font antipathiques
où une chaleur étouffante eft une des caufes qui
concourent à l’affoiblir. ^ v
Le foir on attache les oifeaux fur la perche ,
de manière qu’ils ne puiffent pas fe nuire les uns aux
autres ; on lés découvre , on vifite & on nétoie
exa&ement les chaperons. Les ordures qui s’y amaf-
leroient pourr oient offenfer &. bleffer les y eu x ;
; ceux de Norwège font mechans entr eux. Il
faut attacher ces fortes d’oifeaux fur le gazon avec des
longes & les baigner tous les huit jours. Cette pratique
eft d’autant plus néceffaire que l’été eft la faifon
ordinaire de la mue , •& que le bain eft alors fort
utile ; en effet, il amollit la peau, il rend le tiffu
des nouvelles plumes plus fouple , plus extenfible,
il en empêche le defsèchement, & il en favorife
de toute manière le développement ; auffi voit-on,
1 dans cette circonftance, prefque toutes les efpeces
d’oifeaux, chercher l’eau & fe baigner plus fouvent
j qu’en aucun autre temps.
Des maladies des oifeaux.
L a plupart des auteurs qui’ ont écrit fur la fau-+
. connerie, ont traité , dans le plus grand detail y
des maladies des oifeaux ; ils les ont divifees a
raifon des parties qui en font le fiège. Les bornes
qui me font prefcrites ne me permettent pas de
l’uivre les auteurs à cet égard , & m’obligent a ne
parler que des maladies les plus ordinaires ou les
plus fâcheufes. ~
Les taies fur les y e u x , qu’on nomme auffi
mais improprement, cataraB.es, font produites, ou
par une caufe interne ,^ou par la négligence a
entretenir le chaperon propre. On fe, fert contre
cette maladie de l’alun calcine ou du blanc de
l'émeut d’un autour, qu’on a fait fecher. On fouffle
dans l’oeil l’un ou l’autre ingrédient, réduit en
poudre. On préfère le blanc de Xémeut, qui paffe
pour le meilleur remède.
Le rhume fe reconnoît à un écoulement d’humeur
par les nafeaux ; le remède eft £ acharner.
Voïfeau fur le tiroir ; c’eft-à-dire , de lui faire tirer
fur le poing des parties tendineufes , comme un
bout d’aile de poulet ou un manche de g ig o t,
qui l’excitent fans le raffafier ; on mele auffi dans
fa viande de la chair de vieux pigeon. L ’exercice
d’acharner fur le tiroir eft en général fort falutaire.
Le panthis eft une difficulté de refpirer, caufée
par quelque effort ; il fe marque par un battement
de la mulette, en deux temps , au moindre mou-«
vement que fait l’oifeau.
Le crac, dont le nom indique le caraélere ,
vient auffi d’un effort; il fe reconnoît au bruit
que l’oifeau fait en volant.
Ces deux maladies font incurables quand elles
font la fuite d’un effort violent ; lorfqu’elles n’ônt
[ été produites que par un effort médiocre, elles
D i j