
la vivacité 8c la régularité de Tes couleurs : le
trifte oifeau de proie n’a ni chant, ni parure. Tyran
des airs qu’il dévafte , fombre 8c barbare ennemi
d’un peuple gai & innocent qu’il détruit , la
nature, en le formant , femble l’avoir puni du genre
de vie auquel elle le deftinoit, comme fi ellè eût
liai fou propre ouvrage 9 8c condamné les loix
qu’elle impofoit.
La première efpèce de fauvette , ou la plus
grande de celles qui vivent dans nos provinces,
eft de la groffeur du rolfignol ; elle a fix pouces
de longueur, huit pouces dix lignes de v o l; fes
ailes- pliées s’étendent un peu au-delà des deux
tiers de fa queue ; la tête 8c le deflus du corps
font d’un gris-brun , plus foncé fur la tête ; il y a
de chaque côté , entre l’oe il & le b e c , une raie
longitudinale blanchâtre ; la gorge , le devant
du cou , le deffous du corps , 8c la partie de
l’aile, qui répond au pli du poignet , font d’un
blanc teint de rouffeâtre ; les côtés & les jambes
font touchés du même rouffeâtre , fur un fond
gris ; les pennes de l’aile font d’un cendre-brun,
plus clair fur leur bord extérieur, & bordées de
blanchâtre du côté interne ; celles de la queue
font brunes , bordées en dehors de gris-brun ,
excepté la plus extérieure de chaque côté, qui,
en-dehors , eft bordée de blanc-fale, 8c en-dedans
de brun à fon origine , puis de blanc-fale ; le bec
eff noirâtre ; les pieds & les ongles bruns.
Cette fauvette habite avec d’autres plus petites
çfpèces du même genre , dans les jardins , les
vergers , & fur-tout les potagers ; toutes fie
jouent entre les arbuftes & les tiges des plantes,
8c y pofent leur nid : celui de la fauvette , proprement
dite , eft fait d’herbes sèches , & garni
en-dedans d’un peu de crin. La femelle pond
cinq oeufs , qu’elle couve avec beaucoup de foin ,
fi on ne la trouble p as, mais qu’elle abandonne
fi l’on touche à fon nid ; il n’eft pas poflîble non
plus de l’engager à couver des oeufs_ étrangers,
comme beaucoup d’autres oifeaux s’y prêtent :
peut-être le facile abandon de fon nid a-t-il pour
caufe qu’elle eft fort timide, car elle fuit devant
des oifeaux plus foibles quelle. La gayeté paroît
être fon caraétère dominant ; elle chante prefque
fans ceffe 8c l’inftant d’après qu’elle s’eft vue
en danger ; cependant elle a foin de fie tenir cachée
fous le feuillage , d’où elle fe fait entendre,
& elle ne fe montre que par moment ; elle fe
plaît à recevoir la rofée du matin , & quand
elle eft tombée, elle la recherche encore fur les
feuilles qui en font couvertes. La fauvette 8c les
autres oifeaux du meme genre fe nôurriffent en
automne de baies & de petits fruits , quand l’abondance
des infeéles commence à diminuer ;
elles prennent alors beaucoup de graiffe, & on 1
les confond fouvent avec les bec-figues : elles par- j
tent en feptembre , & l’on n’en voit prefque j
plus en oélobre. On n’a pas obfervé en quels lieux j
«îles fe retirent : il eft probable qu’elles ne pafi- j
fient pas au-delà des contrées les plus méridionales
de l’Europe , ou ; dans i’hyver même , il
fubfifte affez d’infeétes pour , avec les petits vers
& les chryfalides, fufiire à leur nourriture.
Fauvette a poitrine jaune de la Louifiane.
P L enl. 709 ,fig . 2.
Elle eft de la grandeur de la fauvette à tète noire«
Le devant- de là tête & le bas des joues font d’un
noir luftre ; une bande blanche couvre le milieu
de la tête , fe prolonge , en fe rétréciffant,. derrière
l’oe il, 8c fépare le noir du devant de la tête
d avec la couleur olivâtre-foncée , qui couvre tout
le deffus du corps & qui teint également les ailes
ÔC la queue : la gorge , le devant du cou , la
poitrine font d’un jaune de jonquille ; les côtés
d’un jaune-orangé , le bas-ventre d’un jaune-pâle,
le bec noir , les pieds rougeâtres. Genre X V .
F auvette a tête noire.
B riss. tom. 111, pag. 380. Genre X L e
P 1. enl. 5 80 , fig. 1 le mâle , 2 la femelle.
Atricapillà3 en Latin.
Elle eft un peu moins groffe que la fauvette
proprement dite ; fa longueur eft âe cinq pouces
cinq lignes ; elle a huit pouces fix lignes de vol :
les ailes pliées ne s’étendent pas tout-à-fait à la
moitié de la longueur de la queue ; le deffus de
la tête eft d’un fort beau noir ; le derrière du
cou & le deffus du corps font d’un brun teint
d’olivâtre-obfcur ; les joues , la gorge , le devant
-du cou 8c le deffous du corps font d’un gris qui
devient blanchâtre depuis le bas de la poitrine
jufqu’ au-deffous de la queue ; les couvertures du
deflus des ailes font d’un gris-brun, bordées de
brun-olivâtre ; les pennes des ailes 8c de la queue
font d’un gris - brun, & les premières font bordées
de blanchâtre du côté interne, de brun-oli-
vatre du côté externe; les fécondés font bordées
extérieurement de brun-olivâtre ; le bec eft brun ,
les pieds font couleur de plomb , les ongles noirâtres.
La femelle a le deffus de la tête d’un marron-
clair , 8c les jeunes mâles l’ont brun jufqu’à la
première mue, où il devient noir. Cette fauvette
eft celle qui eft la plus connue , dont le chant
eft le plus agréable 8c le plus foutenu ; il approche
de celui du roffignol3 8c nous en jouiffons
plus long-temps ; car on entend encore les fauvettes
à tête noire long-temps après que le rolfignol
a ceffé de chanter ; elles habitent les bois , les
parcs, & même les jardins où elles trouvent des
bofquets affez grands 8c des taillis ; elles font
leur nid près de terre , dans quelque bourrée
épaiffe, propre à le bien cacher ; la femelle pond
quatre ou cinq oeufs tachetés de brun-clair fur un
fond verdâtre ; le mâle couve alternativement de
même que la femelle ; il n’y a qu’une ponte dans
nos contrées , & deux en Italie, fuivant Olina. On
élève les petits de la fauvette à tête noire, 8c on la
nourrit en cage• en en prenant les.«mêmes foins
que du rolfignol ; mais la fauvette l’emporte fur
lui par fies moeurs douces 8c aimables. Olina la
repréfente comme fufceptible d’attachement & de
reconnoiffance ; il dit qu’à l’approche de fon maître
elle s’élance vers lui , 8c fait fes efforts contre
les mailles de la cage , pour s’en approcher ; qu’elle
bat des ailes, 8c exprime fa joie par un accent
particulier , une voix plus affeétueufe. Cette observation
d’Olina , peu conforme aux inclinations
des oifeaux en général , rentre d’un autre cote
dans l’ordre naturel ; car les caraélères gais font
les meilleurs en général 8c les plus fenfibles.
On trouve des fauvettes à tête noire dans les
différentes parties de l’Europe, jufqu’en Suède du
côté. du nord. Les auteurs parlent d’une variété
de cette efpèce dont le plumage eft mêlé de
noir 8c de blanc. M. Briffon la nomme fauvette
noire & blanche y tom. 111, pag. 383. Mais eft-ce
une variété confiante ou individuelle ? Le% auteurs
ne le difent pas.
Les Provençaux connoiffent une autre variété
dans J a même efpèce , qui fait race , 8c à laquelle
ils donnent le nom de petite colombaude. Elle eft
un peu plus'grande que notre fauvette à tête noire ;
le deffus du corps eft d’une couleur plus foncée
& prefque noirâtre ; la gorge eft blanche , les
côtés font gris. Cette fauvette aime l’ombrage ,
8c fe plaît dans les-bois-les plus touffus.
F auvette ba b il la rd e .
B r is s . tom. 111, pag. 384.
P L enl. 580 , fig. 3.
Fauvette brune. Be l . hifi. nat. des oif. pag. 340,
fig. ibid.
Fauvette noire ou brune. Bel. port. dy oif.pag. 8 5.
Sa groffeur eft à-peu-près la même que celle du
bec-figue. C ’eft l’efpèce de fauvette la plus commune
; elle voltige fans celle fur le bord des chemins
, autour des buiffons ; elle en fort, y rentre
inceffamment : jamais elle n’eft en repos ; elle 1
s’élève d’un vol court , en pirouettant , & retombe
prefque aulfitôt ; elle ne ceffe de faire entendre
, en S’élevant, un chant fôrt vif & affez ;
agréable par fa gayeté, quoique peu foutenu :
rentrée dans l’épaiffeur du buiffon , elle a un
autre accent, une forte de fifffement beaucoup
plus fort qu’on ne l’attendroit d’un aufli petit
oifeau : les chenilles font fia principale nourriture ;
elle fait fon nid près de terre , fouvent dans les
touffes d’herbes engagées dans les buiffons ; fes
oeufs font verdâtres , pointillés de brun. La fauvette
babillarde a la tête cendrée ; le deffus du
corps d’un cendré-brun , de chaque côté de la
tête une bande longitudinale d’un cendré-foncé
au-deffus de l’oeil ; la gorge 8c le deffous du corps
d’un bTanc lavé de rouffeâtre ; les côtés 8c les
jambes d’un gris clair ; les pennes de l’aile-brunes,
bordées de gris - rouffeâtre , celles de la queue
brunes, bordées de gris, excepté la plus extérieure
de chaque côté , qui eft blanche du côté extérieur,
cendrée 8c bordée de blanc du côté' interne ; le
bec eft noirâtre, les pieds font bruns. Genre X V .
F auvette bleuâtre de Saint-Domingue.
» Elle n’a de longueur, m dit M. de Buffon,
avant lequel perfonne n’en a parlé, « que quatre
» pouces 8c demi ; tout le deflus de la tête & du
» corps en entier eft d’un cendré-bleu ; les pennes
jy de la queue font bordées de la même couleur
yy fur un fond brun ; on voit une tache blanche
» fur l’aile , dont les pennes font brunes ; la gorge
» eft noire , le refte du deffous du corps blanc » .
Genre X V .
Fauvette de Cayenne , a gorge brune
E T V E N T R E JA U N E .
Nous devons à M. le comte de Buffon la con-
noiffance de cette fauvette ; elle fe rapproche,
fuivant fon obfervation , du gobe-mouche, en ce
qu’elle a le bec applati 8c élargi à fa bafe. Suivant
les principes de la méthode que nous fui-
vons , ce feroit plutôt un gobe-mouche qu’une fa u vette.
Mais n’ayant pas vu cet oifeau, 8c M. le
comte de Buffon ne s’arrêtant pas aux traits qui
pourroient le caraélérifer , fuivant la manière de
voir des auteurs qui adoptent le plan des méthodes
, je n’entreprendrai pas de fixer de quel
genre il eft. Au refte , c’eft un fort petit oifeau ,
de la taille à-peu-près du pouliot. La gorge , le
deffus de la tête 8c du corps font d’un brun-verdâtre
; la poitrine 8c le ventre font d’un jaune-
ombre. de fauve.
F auvette de Cayenne , a queue rousse.
M. le comte de Buffon décrit dans les termes
fuivans cette fauvette , dont aucun auteur n’a
parlé avant lui.
yy Sa longueur totale eft de cinq pouces un
?» quart ; elle a la gorge blanche, entourée de rouff
yy fieâtre , pointillé de brun '; la poitrine d’un brun-J
yy clair, le refte du deffous du corps eft blanc 9
yy avec une teinte de rouffeâtre aux couvertures
yy inférieures de la queue ; tout le manteau du
yy fommet de la tête à l’origine de la queue, eft
» brun avec une- teinte de roux fur le dos ; les
» couvertures des ailes font rouffes , leurs pennes
yy font bordées extérieurement de roux , & la
» queue entière eft de cette couleur. Genre X L . yy
F auvette de ha ie. V. F auvette d’h yv e r .
Fauvette de haie de la Jamaïque. B r iss.
Supplément, tom. V I , pag. 100 V. Ha b it un i.
F auvette de roseaux.
P l. enl. 5 8 1 , fig. 2.
B riss. tom. 111, pag. 378.
Elle a du bout du bec à celui de la queue , cinq
pouces quatre lignes, huit pouces de vol ; le deffus
de la tê te , du cou 8c de tout le corps d’un gris
teint d’olivâtre ; la gorge, le devant du cou & tout
le deffous du corps jaunâtre ; les pennes de l’aile
font d’un cendré - brun , bordées extérieurement
d’un gris-olivâtre & de blanchâtre du côté interne ;
celles de la queue font d’un cendré-brun , bordées
de gris - olivâtre extérieurement ; le bec eft d’un
brun-rougeâtre ; les pieds font d’un jaune-orangé ,
les ongles gris.