
privation trop abfolue de la liberté , d’un contrafte
trop grand & d’une détention trop étroite & trop
dure. Le caractère indépendant de la perdrix rouge ,
ion naturel abl'olu & volontaire peuvent être
brifés par le temps qui 'énerve tou t, & adoucis
par un bon traitement qui amolit les naturels les
plus durs ; on parvient à la longue à aprivoifer
les vieilles perdrix , au moins jufqu’à un certain
point, li dans les premiers temps de leur captivité
on les a détenues* dans une prifon où leur emportement
n’ait pas p u , par la ftru&ure de la volière
couverte & entourée de toile, tourner contre
elles ■ mêmes, & fi les abandonnant d’abord dans
un lieu folitaire, à la vivacité de leurs regrets , on
ne les accoutume qu’infenfiblement à la vue des
objets qui les troublent & qui les agitent.
Quant aux perdreaux, il eft plus aifé d’adoucir
le caraâère qu’ils ne tiennent que de leur efpèce,
&. dont l’habitude n’a pas développé l’âpreté ; on
y réuffit plus facilement & plus complettement ;
les perdreaux.feront même par la fuite des oifeaux
très-familiers & très-doux. Il faut les accoutumer
à un degré de-liberté dont ils fe contenteront
pendant toute leur vie & à une familiarité qui
leur, fera infpirée par le ston s traitemens. Le premier.
-foin eft de donner les jeunes perdreaux à
conduire à une poule douce & familière, qui les
mène fouvent près du maître , .qui reçoive fes
careffes & qui prenne de fa main le manger quelle
diftribue à lès poufîins : cette première habitude
les. accoutume à la vue & aux careffes d’une main
bienfaifante ; mais au moment où leurs ailes deviennent
alTez fortes pour qu’ils puiffent prendre
leur volée , l'inftinâ: naturel, plus fort que l’éducation
| les avertiroit que c’eft le moment de s’affranchir
j il faut leur en ôter les moyens, en ébarbant
les pennes des ailes : la nécefïité les retient alors.,
l’habitude, les lie à la poule qu’ils continuent de
fu iy re , &. les bons traitemens les attachent aux
perfonnes'de qui ils les reçoivent. J ’ai trouvé en
Province une perdrix rouge qui avoit été élevée de
cette -façon par une jeune payfanne ; la perdrix
venoità la voix dè fa maîtreffe, la fuivoit , recevoit
de fa main de la nourriture , becquetoit le pain
qu’elle lui préfentoit, ufoit de fa liberté pour fe
promener dans un ve rg e r, & yenoit d’elle-même
à la chambre dans laquelle elle couchoit. Je rompis
cette douce affoeiation. au moyen d?une fomme
d’argent très-mo.dique , qui plut davantage à la
payfanne y je raportai à Paris la perdrix qui étoit
une chanterelle ; _èlle fe >fit aifément à fa nouvelle
manière de vivre pelle paffoit la plus grande, partie
de la journée dans une cour où l’on nourriffoit
aufîi quelques paires pigeons^&L où. la perdrix
trouvoit a gratter la terre fur quelques: coiffes
longues placées contre les murs ; elle entroit fouvent
dans une pièce au réz^de-chauffée, qui étoit continuellement
habitée , & lorfque , l’hiver;, elle: en
trouvoit la porte fermée , elle fe préfentoit fur le
bord de la fenêtre qu’on foule voit poi^r lui donner
paffage ; elle témoignoit de même l’envie qu’elle
avoit de fortir & dans laquelle on la fatisfaifoit.
J ’ai peu vu d’oifeau plus doux, plus apprivoifé,
& la poule la plus familière , ne l’eft pas plus , que
ne l’étoit cette perdrix ; mais aufîi cette demi-
captivité , ou fi l’on veut, cette affoeiation de notre
perdrix avec l’homme , eft préciiément la même
que celle de la poule. Cet oi-feau-domeftique, qui
l’eft plus que tout autre , fi je peux m’exprimer
ainfi , conferve toujours un certain degré de liberté,
une jouiffance de lui-même & un degré d’exercice
de fes volontés. Combien n’y auroit-il pas d’animaux
que la- contrainte révolte , & qu’une domef-
ticité douce , tempérée par une liberté modérée,
accoutumeroit au joug que l’homme fçauroit ne
pas appefantir ! Et peut-être les perdrix feroient-
elles les premiers, oilèaux qu’il y façonneroit, fi
au lieu de forcer leur naturel , il tentoit feulement
de le plier. On m’obje&era qu’il y auroit peu à
gagner, parce que la perdrix, rouge, de même que
la grife , ne produit pas dans l’état de domefticité ;
mais je demanderai fi on a effayé de lui laiffer
ce degré de liberté limitée, que fon caraâère exige.
Il eft bien pofiible que tel oifeau , infenfible dans
une étroite prifon , aux douceurs de l’amour &
à fes fuites , en éprouvât le charme dans une ef-
pace convenable, dont la difpofition le tromperoit
fur fa captivité. Je n’ai rien fait de pofxtif encore
fur cet objet ; mais , en 17 8 1 j’ai placé dans un
jardin à Paris , une perdrix rouge mâle & une femelle.
,Je m’apperçus, en mai , qu’ils fentoient
quelque chofe l’un pour l’autre ; j ’ombrageai de
rameaux la volière qui les contenoit , -je leur
donnai abondamment de la nourriture , pour ne
pas recommencer fouvent ; je ne laiffai d’ouverture
à la volière que ce qu’il en falloit pour que
les perdrixTuffent éclairées fans quelles viffent les
perfonnes qui pouvoient paffer dans les environs :
le mâle étoit farouche , mais la femelle étoit affez
familièrè pour prendre à la main ; je lui avois
donné de. la paille , elle la ramaffa en un coin de
la volière & pondit dix-huit oeufs ; elle les dép.ofa
tous au même endroit ; la ponte finie , . elle les
couva régulièrement pendant trois jours ; enfuite
elle les abandonna le foir & recommença à les
couver par intervalle dans la journée ; car c’étoit
toujours vers le couché du foleil que ces oifeaux
dpnjioienf les plus grandes marques d’agitation ;
enfin , au bout de fix à huit jours la femelle négligea
fes oeufs entièrement. Je les caftai tous, ÔC
malgré trois jours d’incubation, je ne trouvai dans
aucun , preuve qu’ils euflènt été fécondés ;
mais j’avois été témoin de careffes entre les deux
perdrix : la femelle avoit raffemblé les matériaux
d’un nid, elle y aveit dépofé tous fes oeufs , elle
les avoit échauffés durant trois jours : ç’étoit des
commencemens de foins § | les ûncliçes d’un attachement
foible : qui décidera jufqu’où il eût été
porté , Li au lieu d’une volière , ce couple eût été
fétenq par un filet caché entre des feuillages d^ns
ton bofquet fuffifamment fpacieux. Qui prononcera
que les plantes , les infe&es dont le mâle fe nourrit
dans fes courfes , ne lui donne pas cette énergie
des défirs néceffaires pour féconder la femelle, &
fi on ne parviendroit pas à ce but en garniffant
le parquet ou plutôt le bofquet de l’hymenée, des
plantes les plus communes fur les collines que
fréquentent les perdrix ; en y répandant des oeufs
de fourmis , des fommités de bruyères, &c. ? Si
on obténoit un premier produit, il pourroit, fans
inconvénient, être plus refferré , & de races en
races on plieroit, par degrés , à la domefticité ,
un oifeau qu’on n’a tenté qu’en vain &. inutilement
d’y réduire brufquement. Je laiffe au lecteur à juger
de la valeur de mes réflexions , & de celle du
produit, qui feroit peut-être la fuite des tentatives
que je* propofe.
L’efpèce de la perdrix rouge s’eft étendue dans
la plupart des pays tempérés de l’Europe , de
l’Alie &. de l’Afrique ; mais on ne la trouve ni
dans les régions brûlantes , ni dans celles du Nord,
il n’y en a pas en Angleterre, dans les Pays-bas
& dans plufteurs parties de l’Allemagne ; mais
dans les. contrées même où on la trouve , elle ne
fè plaît pas par-tout ; cette efpèce , en qui l’amour
de la liberté eft fortement empreint, veut choifir
elle-même le lieu de fon habitation ; en vain on
tranfporte des perdrix rouges fur un canton , fur
une terre même où il n’ÿ en a pas & 'q u i eft entourée
d’autres terres qui en font peuplées , elles
n’y demeurent pas , & elles favent gagner un lieu
qui leur convienne ; il en eft où elles deviennent
fi fécondes & fi multipliées, qu’on eft obligé de
les détruire , pour qu’elles ne confomment pas
elles-mêmes toutes les moiffons : c’eft ainfi , au
raport de Tournefort, qu’une feule paire de perdrix
rouges tranfportée dans la petite île de Nanfio , y
a tellement pullulé, qu’on eft obligé de détruire
leurs oeufs par milliers , & que ces oeufs nourriflent
les infulaires pendant plufieurs jours.
De même que les perdrix rouges ne fe plaifent
ôc ne multiplient pas également par-tout, elles ne
font pas d’une groffeur égale dans tous les pays ;
elles font plus groffes en général dans les cantons
montueux que dans les plaines , fur les terreins fecs
que fur ceux qui font humides , dans les contrées
méridionales que dans celles qui font froides. Les
perdrix du Périgord , du Bearn , du Poitou & des
provinces méridionales font les plus eftimées de
celles qu’on trouve en France. On prétend que la
chair de ces oifeaux eft fujette à participer du goût
des alimens dont ils fe flourriffent & qu’en confé-
quence il eft des cantons où les perdrix rouges font
un mauvais gibier.
On peut reconnoître les perdrix rouges de l’année,
comme lés grifes, à la forme pointue de la première
penne d e .l’aile , dont l’extrémité devient
arrondie après la première mue.
Pe r d r ix des terres neuves, Be i^. Port, d’oif.
Voyeç P e in t a d e ,
P ERD -SA -Q U EU E . B e l . Voye^ M é s a n g e
A LONGUE QUEUE.
P ER E NOIR.
PL enlum. 201 , fig. r. '
B Ri,,s s. tom. 111, pag. 1 1 8 , pl. V I I , fig. 1 *
genre X X X 111.
Les Européens fixés aux Antilles ont donné le
nom de pere noir à un oifeau du genre & de là
groffeur du moineau , dont tout le plumage eft
d’un noir foncé , excepté la gorge & deux petites
taches , une de chaque côté de la tê te , qui font
rouffes ; les pieds & les ongles font d’un noir
moins foncé que le plumage. Cet oifeau eft commun
à la Martinique, dans les îles Antilles, & on le
trouve aufîi au Mexique. On ne nous a rien appris1
de fes habitudes.
P e r e n o ir a b e c r o u g e . B r i s s . tom. I I I 1
pag. 120. Voye£ M o in e a u d e J a v a .
P e r e n o i r a . lo n g u e q u e u e .
Moineau du royaume de Juda. P l. enlum. 183
fig. I.
Cet oifeau , que je ne connois que par la planche
.enluminée qui le repréfente , eft du genre des
moineaux à la fuite deîquels M. le cômte de Buffon
l’a placé : il paroît prefqu’aufîi gros,.ou à peu de
chofe près , que le mauvis ; il a la queue très-
longue & étagée ; fes ailes en dépaffent à peine
l’origine : tout fon plumage eft noir , excepté une
large bande, jaune qui coupe tranfverfalement le
haut de l’aile dans toute^fon étendue ; le bec 8t
les pieds font noms. Il paroît, d’après l’indication
du lieu donnée au bas de la planche , que cet
oifeau eft de la côte d’Afrique. Genre X X X I I I .
PERINGLEO . Voyei L a v a n d i è r e .
P ERN ISSE . B e l . portr. d’ oif. pag. 62. Voye^
P e r d r i x r o u g e d ’E u r o p e .
PER R ICH E .
Les perriches font dans le nouveau continent
les repréfentans des perruches dans l’ancien j les
dernières diffèrent des perroquets proprement dits
en ce qu’elles- font plus petites , & il y a la même
différence entre les premières & les papegeais.
Ce mot perriche eft plus communément ufité
dans les îles & les colonies de l’Amérique, que
ne l’eft le mot perruche, & c’eft fans doute ce
qui a engagé M. le comte dé Buffon à l’appliquer
à . cette famille, qu’il divife, comme les perruches,
en perriches à queue longue & également étagée.
En perriches à queue longue & inégalement étagée ;
E n perriches à queue courte , auxquelles il donne
aufîi le nom générique de touis.
Il ne me parôît pas qu’il y ait de cara&ères extérieurs
& fenfibles qui diftinguent les perruches à
longue queue des perriches qui ont aufîi la queue
longue; mais les perruches à queue courte ont toutes,
ou le plus grand nombre, la queue un peu étagée ,
au Ééu que les^ touis, ou ïes perriches à queue courte ,
font parfaitement égales. Au refte , je ne garantis
pas que cette obfervation- foit affez générale pour