
Les perdrix grifes paflent affez confiamment leur
vie dans le canton où elles font nées ; elles s’en
éloignent peu & y reviennent, fi elles en ont été
ecartees. L homme n’eft pas le feul ennemi qu’elles
aient a craindre ; elles font la proie & les vi&imes
«ungrand nombre d’cifeauxde rapine ; elles n’ont
cl autres reffources pour leur échapper que de le
cacher dans les blés ; mais lorfque la . terre eft
decouverte, à la vue de l’oifeau , elles fe ferrent
es unes contre les autres , accroupies contre terre
©Me tenant immobiles ; car c’eft dans le moment
quelles s enlèvent qu’il eft plus facile à l’oifeau
de .proie de les faifir ; il les ramaffe plus diftïcile-
înent a terre, où fes longues ailes lui deviennent
iouvent embarraffantes & où il a moins d’avan-
tage pour enlever fa proie.
Les auteurs qui ont le plus obfervé les perdrix
nxent a fept ans la durée de leur vie ; à deux &
trois ans l’âge de leur plus grand raport, & alTurent
quelles ne pondent plus à fix ; mais Olina étend
lem- exiftence jufqu’à douze & quinze ans.
L a perdrix grifè s’accoutume affez bien à l’état
de domefticité ; elle devient même très-famüièrë ;
cependant elle ne s’accouple point dans cet état
oc ne prend aucun foin pour propager fon efpèce :
la -femelle, meme celle dont la captivité eft adoucie
par la focieté d un mâle, ne pond que des oeufs
itenles ôc qu’elle néglige de couver : ne feroit-ce
pas parce que jufqu’a préfent on a tenté de faire
couver les perdrix que dans des parquets & des
lieux trop refferrés ? Ne pourroit-on pas çffayer de
«ouvrir de filets des efpaces plus grands , enfermés
c e murs, dans lefquels des touffes d’arbuftes, des
,^e » de luzerne, même de blé ,
oftnroient aux captifs des retraites, des lieux fecrets
dont ils ont peut-être befoin ôc leur déroberoient 1 idee de la captivité ? Un lieu , tel que je viens
<le le dépeindre, pas plus fpacieux que cinq à fix
parquets le feroient enfemble, fuffiroit peut-être
pour cinq a fix paires de perdrix, qui y multi-
plieroient chacune féparément dans la partie qu’elles
fe feroient. choifie, tandis que chacune à part ne
prend aucun intérêt à la propagation de l’efpèce
dans un parquet ifolé où tout appefantit le fardeau
de ht captivité & r ien n’en diftrait J Je lçai qu’on
objectera contre cette propofition l’animofité &
les combats qui ont quelquefois. iieu , même-en
pleine campagne, . entre deux compagnies qui fe
rencontrent. Mais ces ..difpofitions hoftiles n’ont-
elles pas pour fondetfientia recherche des ali mens-
oc auroient - elles lieu dans une enceinte où on
tourniroit abondamment aux befoins des familles?
N,eit-ce prefque pas toujours la difette qui difpofe
aux rixes , fi l’on en excepte les pallions dont les
W “ omrq#s au-de_ffus du, commun font fufcep-
tibles ? Enfin, ne peut-.onpas efpérer des-ménageries
que je propofe pour lesperdrix, les mêmes
avantages qu’on obtient en. les raffemblant en
grand nombre dans des parcs ; elles y multiplient
quoique preffées ôc pour ainfi dire .entaÿeesj .& -
ceft un des moyens dont on fe fert pour peupler
une terre fur laquelle on difperfe les compagnies
nees dans l’enceinte des parcs où les pères avoient
ete reunis. Le leéteur appréciera la probabilité
de ma propofition, 6c il jugera, fuppofé qu’elle
reufsît, fi le produit récompenferoit des foins 6c
de la depenfe qu’il auroit coûtés.
N ayant pas jufqu’à préfent trouvé de moyen de
rendre la p e r d r ix g r ife domeftique , on s’eft con-
tente pour s’aflurer de fes petits 6c les tranfporter
d un canton à un autre , d’enlever les oeufs ,^de les
f^ire couver par des p o u le s qui mènent enfuite 6c
rechauffent les petits. On donne jufqu’à deux douzaines
d oeufs à une p o u l e , 6c on élève les p e rd r e a u x
comme les jeunes f a i fa n s . V o y e £ F a is a n . Les
p e rd r e a u x g r is font moins délicats que les rouges,
oc ils ne font guère malades que dans le moment
*JS p o u ffen t le r o u g e , ou cette membrane papillaire
qui occupe de chaque côté l’efpace entre
1 oeil 6c 1 oreille. C ’eft une obfervation remarquable
que , pour tous les oifeaux qui ont quelque partie
analogue, à celle-ci l’inftant de fon développement
foit un moment de crife, 6c que paffé ce terme
lés animaux délicats jufqu’à cette époque, malades
quand elle a lieu , foient robuftes 6c fe portent
bien , quand elle eft paffée.
ne. r^en de la délicateffe de la chair de
^ p e r d r i x ni de fa falubrké. Ce font des objets’
affez connus.
*^e tu etendrai peu aufli fur la manière dont on
chaffe les p e r d r ix au chien couchant ; le chaffeur
les tire à terre fi elles tiennent, 6c à l’inftant.
qu’elles filent fi elles s’enlèvent. On les- chaffe
aufli à l’oifeau de proie : de l’une 6c de l’autre
maniéré on leur ôte la vie ou on les bleffe grièvement
6c on n’en prend qu’un nombre limité. Mais-
comme on a quelquefois intention de les avoir
vives 6c faines 6c en même temps en grand
’ nombre,^foit pour lès tranfporter d’un lieu'à un
autre: , fort pour en diminuer la quantité fur un
terrein qui en eft tro-p chargé , on a imaginé des
moyens de les prendre en grand nombre lans leur
ôter la vie. Le plus ufité ôc celui qui répond le
mieux au but qu’on fe propofe eft la tonelle. C’eft
; «°m quon donne à un filet rond, conique,
monté fur des cerceaux, qu’on peut plier 6c développer
à volonté : lprfqu’on le tend, on dreffe
fur fes côtés deux autres filets , au centre defqueis
on place la ton elle. On n’en fait ufage qu’en plaine
& on.ne la tend que fur les chaumes-, les terres
labourees ou celles qui ne font couvertes que de
blés encqre bas 's enforte qu’on puiffe voir fiïr ces
terres toutes tes. p e r d r ix qui compofent une compagnie
, fans qu’il, en refte:à. l’écart quelqu’une
qu on n apperçoit pas , que l’on effaroucheroit, 6c
qui par*fon c r i, ou en s’envolant, avertiroit tes
autres...ôc leurj.feroit prendre la fuite avec elle.
C;eft par, cette raifon que- la ton e lle ne peut être
d ufage .dans le bois, . ni fur les terres couvertes.
Lorfqu on veut, la dreffer onia développe le-long
d’un fillon; ôn en fixe l’extrémité par un piquet;
on en enfonce plufieurs pour contenir contre terre
le. côté de l’ouverture qui y eft pofé ; de droite Ô£
de gauche on tend obliquement un filet;^perpendiculaire
, ou un hallier foiitenu fur des piquets.
Voyez Ha l l i e r . Les deux filets latéraux forment
une avenue , qui va , en fe rétréciffantaboutir de
chaque côté à la tonelle qui en occupe le centre
au point où les. deux filets fe rejôindroient.
Un troifième inftrument néceffaire pour cette
chaffe eft celui qu’on nomme une vache. C’eft une
toile de couleur fauve tendue fur un chaffis tra-
verfé dans, fon milieu par une croix de Saint-
André. On adapte au chaffis une planche fciée de
manière qu’elle repréfente groftièrement la tête
d’une vache ; on couvre cette., appendice par un
prolongeaient de la toile ; on y fait un trou à la
place de l’oeil & on y-adapté en-deffus des cornes
êc des oreilles.; on .eompofe une queue d’étoupë
eu de filaffe ; on l’attache en faillie avec un bout
de ficelle pour que dans le mouvement de là machine
elle en ait un de balancement.
IVluni des pièces que je viens de décrire, on
peut , en fe mettant en chaffe. ', fe fervir d’un
chien çouQhant •pour découvrir une compagnie
de perdrix ; mais aüfii-tôt qu’il l’a indiquée , il
faut, le rappeller ôc le contenir à l’écarti ou le faire
reconduire au chenis ; il ne feroit plus que nuire.
L’endroit où l’on a découvert la compagnie de
perdrix, détermine le lieu où l’on tend la tonelle;
ce qu’on doit faire à une diftance affez grandè
pour ne pas l’inquiéter. Quand tout eft préparé,
celui qui doit toneller ou chaffer les: perdrix , fie
couvre de la vache qu’il porte devant lui comme
un bouclier .; il regarde les. mouvemens, des perdrix
par le trou pratiqué dans la.partie faite
pour imiter une, tête ; il les contourne de façon
qu’elles foient entre lui ,6c la tonelle ; il s’en approche
en marchant doucement, de côtés 6L d’au*-
très , en imitant les mouvemens lents 6c. tortueux
d’une vache qui part. Si les perdrix lèvent la tête,
c’eft une marque, qu’elles conçoivent de l’inquié-
tude , alo.rs le chaffeur rallentit fa marche., fe jette
de côté , ne fe rapproche que quand les perdrix
lui parpiffent raffurées, ôc-difpofées à tenir; fi
quelqu’une d’elles s’écarte de la bande, il marche
à ceHe-là pour l’en rapprocher ; peu-à-peu ai des
reffgrre toutes à la faveur des halliers qui les forcent
à fe raffembler en un centre ; enfin , il les
On peut, pour attirer les p e r d r ix en grand
nombre dans un lieu déterminé , 6c y tendre la
ton e lle avec un fuccès plus affuré , fe fervir d’un
apât dont ces ‘ oifeaux font fort friands; il con-
. fifte en de la graine de cumin quoii a fait bouillir
dans de Feaii avec 'du fiùcre ôc un peu de canelle ,
jufqu’à confommation totale de l’eau. Lorfqu’on
a pris une compagnie qui a mangé de cet apat,
à mefure qu’on retire lés p e r d r ix de la ton e lle ,
on leur frotte les jambes , le b e c , l’extrêmite des
ailes d’huile d’afpic 6c on les lâche. Elles répandent
une odeur qui plaît aux autres p e r d r ix , qui les attire
pouffe à rembquchure de la tonelle dans,laquelle
elles, entrent ôc fe fuiyent les unes les autres ;
auiïitôt qu’elles y font toutes, le chaffeur jette la
s vache i court à, la tonelle , en houche, l’ouverture 6c
prend fous ce filet la compagnie entière.
Les avantages ,de cette chaffe xpnfiftent à. diminuer
tes-perdrix trop nombreufes , à les prendre
par ce moyen la quantité des mâles trop abon-
dans, avec plus de certitude qu’en les tuant au
fufil. ' ; p
vivantes 6c fans les. bleffer , pour les tranfporter
d’une terre à une autre , fi on en a le deffein ; à
être maître de n’ôter la vie qu’à celles qu’on veut
6c de rendre aux autres la liberté ; à diminuer
6c qui les engage à les fiuivre à l’endroit ott
elles ont goûté de l’apât ÔC ou elles ne manquent
pas de retourner. Ce moyen peut être employé *
fur-tout fi l’on a pour but. ou de diminuer la quantité
des p e r d r ix , oü de les prendre pour les transporter
d’un canton à un autre. '
Le nombre des mâles étant plus grand que ne
l’eft celui des femelles , 6c les mâles furabondans
.étant nuifibles dans lé temps-tlês couvées à la propagation
de l’efpèce' , ôn fe- fett pour les prendre
d’u n e ch an te re lle . C’eft1 une femelle qu’on nourrit
eh ' cage exprès pour cet ufage. On la porte dans
fa cage fur un chaume ou lur une pièce1 de blé
verd qui eft bordée par une haie. On la laiffe
chanter 6c au cri que le mâle fait-, pour lui repondre
, on eftime à-peu-près la diftance oü il peut
être. Alors on s’en approche à cinquante pas environ,
autant qu’on en peut juger : on porte avec
foi la cage qui renferme la c h a n t e r e lle , toujours
-côtoyant la haie à trente ou quarante pas ; quand
on fe juge à-peu-près à cinquante pas du lieu où
le mâle a pu chanter j' on pofe la cage ôc l’on
tend autour un h a llie r . V o y eç H a l l i e r . De façon
que les deux extrémités âboutiffent à la haie ÔC
que le h a llie r forme autour de-la cage un demi-
cercle qui en eft éloigné dans fort; contour de trois
à quatre toifes. On fie.retire dé’rrière la haie qui
fert à cacher lé chaffeûr 6c à émpêcher que les
mâles puiffent'approcher dé là chanterelle àutre-
. ment : qu’en traverfant le h a lli e r -dans lequel ils fe
prennënt. Car quoiqu’on n’en ait d’abord entendu
qu’un, répondre , fiouvent il en vient plufieurs au
chant de la femelle. Mais comme ils ne fe prennent
pas tous , on a imaginé que ceux qui ont
échappé , pourroient dans un nou-vél appel recon-
noître le piège à la forme de la cage. On en a de
différentes par cette- raifon, dont on fe fert alternativement.
On chaffe à la ch an te re lle du dix au quinze de.
février jufqu’à la fin de juillet, 6c depuis le foleil
couchant jufqu’à la nuit, ou pendant le crepufcule
du matin.
Il eft encore beaucoup d’autres moyens de
prendre, lès. p e r d r ix , 6c de rufes dont on fe fert
à cet égard. Mais comme ces moyens 6c ces rufes
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