
M 1L L 0 UINAN.
P l. enl. 1002.
Ceft une efpèce nouvelle ; elle a été trouvée
en Picardie j & .n ’étoit cependant pas connue ; il y
a apparence qu’elle n’approcïie que rarement de
nos contrées.
Le millouinan eft de la taille du milouin. « Il a ,
3> dit M. le comte de Buffon, la tête & le cou
» recouverts d’un grand domino noir à reflets
»> verd-cuivreux , coupé en rond fur la poitrine &
« le haut du dos ; le manteau eft joliment ouvragé
j> d’une petite hachure noirâtre, courant légère-
w ment dans un fond gris de perle ; deux pièces
jy du même ouvrage , mais plu« ferré, couvrent
» les épaules ; le croupion eft travaillé de même ;
n le ventre & l’eftomac font du plus beau blanc ;
n on peut rémarquer fur le milieu du cou l’em-
yy preinte oblcure d’un collier roux ; le bec du
y y millouinan eft moins long & plus large que ce-
yy lui du milouin y y . La même efpèce a été apportée
de la Louifiane. Genre CVII.
M IN IST R E .
C ’eft le nom que nos oifeliers donnent à un
oifeau de la groffeur du fe r in , dont tout le plumage
eft d’un bleu-violet fur un fond noir qui
lui fert de bafe ; les grandes pennes des ailes &
celles de la queue font noires, bordées largement
du même bleu-violet qui colore le refte du plumage
; la teinte eft beaucoup plus foncée, plus
nette & tire davantage fur le v io le t, à la gorge
& fur la partie antérieure du cou; le bec eft
noirâtre, les pieds font bruns. La femelle eft variée
de noir, de brun & de grifâtre, comme notre
linotte à laquelle elle reffemble beaucoup ; le mâle
a deux mues par a n , & dans l’un de fes deux
plumages il ne diffère pas de fa femelle. Feu
Château père , oifelier , a eu plufieurs fois le
minijlre & ne l ’a jamais confervé longtemps ; il
le nourriflbit de millet & de graine d’alpifte.
Cet oifeau a beaucoup de raports avec celui
que Catesby appelle linotte bleue, tom. I , pag.
& pl. 45 , & que M. Briffon nomme tangara
Heu de là Caroline , tom. 111, pag. 13 . La reflem-
blance eft fi grande entre ces deux oifeaux que je
ne doute pas que M. Briffon, qui ne s’eft décidé
fur le genre de l’oifeau, fans l’avoir vu , que
d’après la figure donnée par Catesby, n’ait été
induit en erreur. Je regarde le minijlre, la linotte
bleue de Catesby, le tangara bleu de la Caroline
de M. Briffon , pomme une feule & même efpèce
du X X X II Ie genre , ou de celui du moineau.
M INO R ( petit) ou MIN O. E dw. tom. I , pag.
& pl. 17; Voye^ Mainate des Indes orientales.
M i n o r ou M in o (g r an d ).E dw. tom. I ,p a g .
& p l. 1 7 . Voyez M a in a t e des Indes orientales.
M IT T E K .
Cet oifeau eft fort peu connu ; M. le comte deBuf-
fon n’en parle que d’après les relations du Groenland,
dans lefquelles on lui donn,e le nom de poule
d ’eau%
tt Le mâle a le dos & le cou blancs, le ventre
» noir & la tête tirant fur le violet ; les plumes
» de la femelle font d’un jaune mêlé & bordé
yy de noir , de manière à paroître grifes de
» loin ».
Les mitteks font fort nombreux dans le Groënland
fur - tout en h y v e r ; d’où l’on peut inférer qu’ils
defeendent des régions les plus froides ; ils vivent
de coquillages qu’ils vont pêcher fur le rivage
pendant le jour , & ils paffent la nuit à l’abri des
haies & des brouffailles ils volent rarement fur
la terre , à moins qüe le vent ne les y pouffe ; mais
ils fuivent au vol les finuofités & les détours de
la côte , & des détroits entre les îles ; lorfque le
vent les porte vers la terre, on les tire de deffus
quelque pointé*- à>varicêe, & Ton v a en canot relever
les individus tombés à la mer.
M IT E L ÈN E de Provence.
P l. enl. 6 56 , jig. 2.
C’eft un ortolan à-peu-près de la groffeur du
nôtre. Je ne le connois que par la planche enluminée
qui le repréfente , & par ce que M. de
Montbeillard a écrit à fon fujet.
Il a les parties fupérieures variées de noir &
de brun ; deux bandes tranfverfales, blanchâtres
fur les ailes ; une bande d’un' brun-roux vers le
haut de l’aile, & les petites couvertures d’un gris-
blanc ,' pointillé de noirc ies pennes moyennes
des ailes noires bordées de brun ; les grandes
noirâtres ; les joues jaunâtres coupées par trois
raies longitudinales noirâtres , placées à égale distance
les unes des autres ; le croupion d’un brun-
rouffeàtre ; les deux pennes du milieu de là queue
noires, bordées de brun-foncé; les latérales noirâtres
bordées de gris-blanc ; la poitrine rouffeâtre ;
le refte du deffôus du corps blanchâtre, le bec
noirâtre , les pieds bruns. Cette defeription eft
copiée d’après la planche enluminée.
M. de Montbeillard nous apprend que le mitïlens
ne commence à chanter qu’au mois de juin ; qu’il
n eft pas commun ; qu’on le nomme en Provence
chic de mitilène ou Amplement chic, d’après fon
cri ; que c’eft un oifeau farouche ; que par fes-
cris répétés à l’approche des oifeaux de proie, il
avertit les autres oifeaux ; que les habitans de
Metelin , qui eft l’ancienne Lesbos , tirent partie
de cet inftinél, qu’ils nourriffent en cage dans les
baffecours , l’oifeau qui en eft pourvu & dont le
c r i, en donnant à temps l’alarme aux poules &
aux autres oifeaux, leur procure la facilité de fe
fauver. Genre X X X V .
MOINEAU.
, ^ e. terme Peut être pris dans une acception
generique ou une acception individuelle. Je le
confidérerai dans cet article fous le premier point
de vue.
Les moineaux ont quatre doigts tous féparés,
trois devant, un derrière.
Les jambes couvertes de plumes jufqu’au
talon»
M O 1
Le bec en cône racourci ; la pointe du cône
groffe & courte. . . %
Les deux mandibules droites oc entières, ou
fans échancrure.
La bafe du bec beaucoup moins large que la
tête. • • - ' ' ■ " :
Les trois derniers caraftères diftinguent les
moineaux, le premier de tous les oifeaux a bec
mince & effilé; le fécond, des tangaras ,* le troi-
fième, des gros-becs. On peut ajouter a ces caractères
généraux que les moineaux font tous au-deffous
de la taille médiocre ; que le fond de leur nourriture
font les grains, quoiqu’ils aient auffi du goût
pour différens fruits, pour la verdure &. les i^i-
feftes : il y a dans ce genre un affez grand nombre
d’efpèces qui ont un chant agréable ; il y en a
peu qui foient oifeaux de palfage , ce qui vient
de ce que pouvant vivre de diverfes fubftances
& principalement de grains, ces oifeux n’éprouvent
pas de difette dans certains temps, comme ceux
qui ne peuvent fubfifter que d’une feule forte
d’alimens-, &. ceux fur-tout qui ne fe nourriffent
que d’infectes ; ce font encore par les mêmes
raifons, entre les petits oifeaux , ceux qu’il eft
le plus facile de nourrir en cage & de transporter
d’un pays à un autre ; ils s accoutument
en général, fans beaucoup de peine, à l’état de
captivité, & c’eft fans doute auffi parée que nous
rempliffons plus facilement, dans cet état, leurs
befoins , que nous ne le faifons par raport aux
autres oifeaux.
Il ne faut pas perdre de v u e , en donnant le
nom 'générique de moineau à tous'les oifeaux qui
ont les mêmes cara&ères que le moineau proprement
dit, ou le moineau - fra n c , qu’ils n’ont
avec lui d’autres raports que ceux qui les réunifient
fous un même genre, qui eft - le X X IIIe de la
méthode de M. Briffon.
M o in e a u .
Moineau-franc. P l. enl. 6 S i 5 5 , fig. 1.
Moineau-franc. Briss. tom. 111, pag. 72 , genre
X X X 111..
Moineau de ville. B e l . Hijl. nat. des o if page
361 , -362.
Moineau , moucet, moijjon , paijje , pajjereau ,
pajferat. B e l . port, d 'o if pag. 92.
Pajfer domejlicus en Latin ;
Pajfera en Italien ;
Paxaro en Efpagnol ;
Spart^, hujf-fpar, &c. en Allemand ;
Taetting, graofparf en Suédois ;
Sparrow, houfe-fparow, common houfe-fparow en
Anglois ;
Suivant M. de Salerne.
Pajferon en Provence ; pajfiere en Saintonge ;
pajferat en Guienne ; parut ën Languedoc pierrot'
& moinet en Picardie ; pierrot à Paris ; paijfe ,
paifferelle à Nantes ; gros p ïllery, guillery en baffe-
Normandie.
Là longueur du pioineau prife du bout du beç
à celui de la queue eft de cinq pouces dix lignes ;
il a huit pouces huit lignes de vol ; fes ailes pliées
s etendent au tiers de la longueur de la queue ; il
eft généralement fi connu , qu’il n’a pas befoin
d’être dé c rit; je remarquerai feulement qu’il a
le fommet de la tete & les joues cendrées, la
gorge & le devant du cou couverts de plumes
noires, bordées de cendré par le bout ; que le
tour des yeux &. l’efpace compris entre l’oeil & le
bec font noirs ; qu’il y a fur chaque- aile une
bande tranfverfale d’un blanc-fale. ;
La femelle eft un peu plus petite que le mâle ;
la partie fupérieure de la tête- eft d’un brun-roux ;
il eft aifé d’obferver plufieurs autres' différences
fur fon plumage, dont les nuances font en général
plus claires ; mais le trait le plus frappant, & qui
fuffit pour la faire reconnoître , eft le manque de
noir fur la gorge & le devant du cou qui font
d’un gris - clair; les jeunes mâles n’ont point de
noir non plus fur ces mêmes p a r t i e s & ils. ref-
femblent à leur mère ; ils prennent le plumage de
leur fexe à la première mue.
Les moineaux font connus dans toute l’Europe ;
on ne les trouve ni dans les forêts , ni dans les
campagnes éloignées des habitations ; ils vivent
autour de nos demeures , dans les villages ÔL dans
les villes où ils font encore plus nombreux ; la
preference qu’ils donnent aux lieux habités , même
e? raifon de leur étendue & de la population,
vient de ce qu’ils y-trouvënt les commodités
néceffaires en été pour faire leur nid , des abris
convenables en h iv e r , & de ce qu’ils y vivent
en tout temps dans l’abondance ; car , indépendamment.
du grain , qui eft le fond de leur nourriture
, ils s’accommodent de tous les alimens qui
font à notre ufage , & ils profitent de nos reftes.
Ils fe fer vent donc en été dans les v ille s , des
trous, des crevaffes de murs, de l’avance des
toits pour y établir leur nid ; ils ne manquent pas
de paille, de foin, pour en conftruire le dehors,
de crins & de plumes pour en garnir le dedans ;
en hiver ils'fe mettent à l’abri dans les mêmes endroits
où ils nichent dans la belle faifon, & en tout
temps ils trouvent entrée dans les greniers où
l’on conferve du grain, & ils profitent des reftes
d’alimens de toutes efpèces épars fur les canaux
de conduite pour les eaux qui font à découverts
, à l’extrémité de ceux qui font fermés,
& dans les lieux de décharge où Ton jette les
eaux & les reftes des euifines. Voilà , je crois,
d’où vient que leur nombre eft proportionné dans
chaque lieu à celui des hommes qui l’habitent ;
cependant on affure que quelquefois ils conf-
truifent leur nid fur la cime , d’arbres fort élevés
, mais toujours près des endroits peuplés.;
qu’alors ils le couvrent pour y être à couvert de
la pluie , & qu’ils y pratiquent une ouverture par
le côté; mais-c’eft une exception rare ; ils font
trois pontes par an , chacune de quatre oeufs
communément, quelquefois de cinq ou de trois,