
à la'faveur de leurs longues ôc amples a iles, qui
n’ont à foutenir qu’un corps grêle 8c d’un poids
très-médiocre, auffi-tot qu’ils manquent de quelque
chofe en un endroit , il eft naturel qu’ils paffent
en un autre ; que déterminés par les circonftances
du moment, ils s’éloignent quelquefois à de très-
grandes diftances, 8c qu’ils reviennent enfui te de
très-loin fur leurs pas, par les mêmes raifons qui
les avoient écartés ; ainli, d’après leur manière
de v iv re , c’eft aux hérons, plus qu’à tout autre
oifeau , que convient le nom d’erratiques, 8c
d’après leur conftitution 6c leurs habitudes, on
conçoit comment ils fe font répandus dans tous
les pays ; comment plufieurs elpèces de ces oi-
feaux le trouvent également fous tous les climats,
en tout temps , 6c d’autres , moins nombreufes,
n’y paroiffent que par intervalles , mais indifféremment
dans toutes les faifons.
Le genre des hérons, qui eft le L X X X le de la
méthode de M. Briffon , eft chargé d’un grand
nombre d’efpèces. M. le comte de Buffon, pour
en traiter avec plus d’ordre, les divife en quatre
fe â ion s , qui font :
i ° . Les hérons ; 2 °. les butors ; 30. les biho-
raux ; 40. les crabiers, 6c il défigne chacun de
ces ordres par les cara&ères fuivans :
« Les traits particuliers de la famille des hérons,
s> dans laquelle nous comprenons les aigrettes,
j > font le cou exceflivement long, très-grêle, 6c
j ? garni au bas de plumes pendantes 6c effilées ; le
j ? corps étroit, éflanqué, 6c dans la plupart des
m efpèces , élevé fur de hautes échalïes.
v Les butors font plus épais de corps , moins
v hauts fur jambes-que le héron; ils ont le cou
.» plus court, 6c fi garni de plumes, qu’il paroît
jj très-gros en comparaifon de celui du héron.
« Les bihoreaux ne jont pas fi grands que les
n butors ; leur cou eft plus court ; les deux ou trois
sj longs brins implantés dans la nuque du cou les
» diftinguent des trois autres familles ; la partie
j? fupérieure de leur bec eft légèrement arquée.
« Les çrabiers qu’on pourroit nommer petits
» hérons , forment une famille fubalterne , qui
j» n’eft , pour-ainfi-dire, que la répétition en dimi-
x nujtif de celle des hérons ; . . . plus variée qu’au-
» cune autre pour la proportion de la grandeur »....
Héron. P l. enl. 787.
Br is s . tom. Y> PaS' 392t
B e l . port, d 'o if pag. 42. Foye^ HÉRON COMMUN.
Héron - a g am i.
P L enl. 859.
On envoyé fort fouvent de C ay enne , fous
cette dénomination , dont on ne nous a pas encore
appris le motif , un héron qui eft un des
plus beaux oifeaux de ce 'genre. Il a vingt - deux
pouces de longueur ; fon b e c , plus grêle8c plus
long que n’a coutume de l’être le bec des hérons , a
cinq pouces neuf lignes de fa pointe à la commifi
fure des deux mandibules ; le devant 6c les côtés
de la tête font d’un marron foncé 8c pourpré ; de
longues 6c larges plumes à barbes , qui ont peu
d’adhérence, d’un cendré Bleuâtrë , couvrent le
deflus 6c le derrière de la tête , d’où pendent 6c
tombent fur le dos cinq à fix plumes de la même
couleur , qui vont en s’élargiffant de l’origine à la
moitié de leur longueur, fe rétrécirent enfuite 6c
fe terminent en pointe ; elles forment une huppe
de fept pouces de long, mais-flottante 6c fans fou-
tien ; les côtés 6c le derrière du cou font d’un marron
pourpré ; la gorge eft blanche , traverfée dans
fon milieu par une raie longitudinale étroite,
d’un pourpré roufleâtre qui s’étend fur le devant
du cou entre deux raies longitudinales blanches
très-étroites ; les plumes qui couvrent le bas du
cou en devant, fur les côtés en arrière, font
étroites, alongées , marquées dans leur milieu
d’une raie étroite d’un blanc-bleu , bordées de
noir velouté : le manteau, ou le deflus du dos , eft
d’un verd de canard fombre ; les couvertures des
ailes font d’un marron - pourpre , 6c les grandes
pennes d’un brun-verdâtre à reflets rougeâtres;
le bas du dos eft couvert par des plumes d’un
gris - cendré, très - larges , femblables à de longs
rubans, 6c terminées par un Ample filet ; quelques-
unes fe prolongent à dix-huit lignes aur delà de
la queue 6c de l’extrémité des pennes des ailes les
plus extérieures, les ailes étant pliées ; la poitrine
6c le deffous du corps font d’un marron teint d’une
nuance roufleâtre ; le bec eft noirâtre , d’un blanc
jaunâtre en-deffous ; les pieds font bruns.
Avec le héron - agami, on en envoyé fouvent
un autre de la même taille, qui lui reffemble
par la longueur, la forme du bec 8c par. ie plumage
^quoique les couleurs foient beaucoup moins
vives ; mais il n’a que quelques plumes un peu
alongées au lieu d’une huppe , point de bleu fur
le cou, ni de longues plumes fur le croupion. Il a
quelques taches blanches fur le deffous du corps ;
c’eft probablement la femelle. Genre L X X X L
Héron b l a n c ,
P l. enl. 886,
Brçiss. tom. V ,p a g . 4 2 8 , genre L X X X l .
Bel. Hijl. nat. des oif. pag. 191.
Le héron blanc eft à - peu - près de la taille dia
héron commun, mais encore plus haut monté fur
jambes. Tout fon plumage eft d’un blanc éclatant
; il n’a point de huppe , ni de plumes longues
6c effilées fur le dos comme Yaigrette. La peau
nue autour des yeux eft v e rte, mêlée de jaune
fur les bords ; l’iris, eft d’un jaune-citron ; le bec
d’un jaune de fafran : dans un individu nouvellement
tué , la partie nue des jambes 6c les pieds
étoient d’un verd d’herbe , les ongles noirs ; dans
tous les individus au contraire que j’ai vus défi
féchés , le bas des jambes 6c des pieds étoient
noirs ; 6c c’eft apparemment parce ’'■ que M. Brifi
fon n’a vu que de pareils individus , qu’il dit
que ç’eft la couleur du bas des jambes 6c des
pieds»
L ’efpèçe
L ’êfpèce du héron blanc n’eft pas “ oins répandue
que celle du héron commun ; mais elle eit
fceaucoup plus tare dans les provinces aux environs
de Paris ; on n’y voit ce héron que de
temps à autre; il e f t , ad contraire, plus commun
en Bretagne, & cependant il ne fe trouve que
très-peu en Angleterre. J ’ai reçu des peaux de
héron blanc de Madagafcar, de Sibérie , de la
Louifîane , & les voyageurs n’ont pas vu de ces
oifeaux dans moins de pays que des hérons com-
muns.
H é r o n (.petit) BLANC. Catesb. tom. 1 , pag.
& p l . 7 7 . V o y e i C R A B IE R . B L A N C A BEC ROUGE.
Héron blanc a .calotte noire.
Héron blanc huppé de Cayenne. P l. enl. 9^7*
Je n’ai vu qu’un feul individu de cette efpece
apporté de Cayenne, que je conferve , 6c d’apres
lequel la figure enluminée a été deflinée. Il a deux
pieds de long ; tout fon plumage eft blanc, a 1 exception
d’une plaque ou calotte noire fur le deflus
de la tête en arrière ; il y a au - deffous de cette
plaque fept à huit plumes longues, étroites, mais
applaties 8c non pas roulées comme celles des
bihoreaux 8c des aigrettes ; elles forment une huppe
qui retombe en arrière ; comme ces plumes font
toutes d’inégale longueur , il eft vraifemblable
qu’elles n’étoient pas entièrement pouffées, 6c
que l’oifeau a été pris en mue : la membrane nue
qui s’étend du bec à l’oeil de chaque côté, le bec,
le bas des jambes 6c les pieds, autant qu’on en
peut juger d’après un individu defféché , font
jaunâtres, les ongles font blanchâtres.
M. Briffon, tom. V»pag. 4 3 4 , décrit, d’apres
Marcgrave , un hèronblanc du Bréfil qui diffère de
celui de C ayenne, en ce qu’il a près de trois pieds de
long, qu’il n’a ni plaque noire fur la tête, ni huppe,
6c que le bas des jambes, les pieds 6c les ongles
font noirs. Genre X X X I .
Héron blanc de la Caroline. Br is s . tom. F ,
pag. 435. Voyei C rabier blanc a bec rouge.
Héron b lanc du Bréfil. B r is s . tom. V ,
pag. 434. Foyei Héron a calotte noire.
Héron b l a n c du Mexique. B riss. tome F ,
pag. 437. FbyeçZlLATAT.
Héron blanc huppé de Cayenne. P l. enL
907. Foye^ Héron blanc a calotte noire.
Héron bleu. Catesb. tom .l, p a g .& p l. 76.
F o ye i Grabier bleu.
Héron bleuâtre a ventre blanc de
Cayenne. P l. enl. 350. Foye£ Demi-aigrette.
Héron bleuâtre de Cayenne. P l. enl. 349.
Voye^ Crab ier bleu a cou brun.
; Héron brun.
P l. enl. 838.
jj II eft plus grand que le héron blanc à calotte
5) noire, Ôc comme lui naturel à la Guiane. Il a
sj tout le deflus du corps d’un brun-noirâtre, dont
“ss la teinte eft plus foncée fur la tê te , 6c paroît
« omb-rée de bleuâtre fur les ailes ; le devant du
Hjjloire Naturelle. Tome IL
» cou eft blanc , • chargé de taches en pinceaux
j > brunâtres ; le deffous du corps eft d un blanc pur j j .
J ’ai emprunté des ouvrages de M. le comte de
Buffon, la defcription de ce héron que je n’ai pas vu
en nature ; la planche reptéfente le bec noirâtre en-
deffus, lavé d’un peu de jaunâtre en-deffous , la
membrane entre le bec 6c l’oeil, ôc les pieds jaunes.
Genre L X X X L
. Héron cendré. B el. Hijl. nat. des oif. p. 189*
Foyei Héron commun.
Héron cendré d’Amérique. Briss. tom. F ,
pag. 406. Foye^C r a b ie r cendre.
Héron cendré de l’Amérique feptentrionale.
E dw. tom. I I I , pag. C X X X F , p l . i ^ . F Héron
de la Baye d’Hudfon.
Héron cendré du Mexique. Br is s . tom. F ,
pag. 404. Foyeç Hohou.
Héron commun.
B r is s . tom .F l, pag. 392 ,p l. X X X I F .
P l . enl. 787. _ - , ^
Héron cendré. Be l . Hijl. nat. des oif. pag. 10Ç ,
fig. pag. 190. ■ v . . .
Le héron commun a , du bout du bec a celui de
la queue , deux pieds dix pouces , 6c ,du meme
point à l’extrémité des ongles , trois pieds trois
pouces quelques, lignes t fon bec cinq pouces cinq
lignes ; fes pieds cinq pouces fix lignes ; la partie
des jambes, dégarnie de plumes, trois pouces trois
lignes : il a cinq pieds de v o l , 6c fes ailes pliees
paffent un peu l’extrémité de la queue : l’efpace*
contenue entre l’oeil 8c le bec , eft dégarni de
plumes 6c couvert d’une peau d’un jaune-verdâtre^ ;
tout le deflus du corps, le derrière 6c les cotes
du cou , les plumes fcapulaires 6c les couvertures
du deflus des ailes font d’un gris-cendré : le deflus
de la tê te , depuis le bec jufques vers le milieu ,
eft d’un cendré-rembruni : fâ partie pofterieure eft
couverte de plumes noires , dont les plus près du
cou font étroites, longues 6c pendantes : la gorge ,
le devant du cou 6c le deffous du corps font d’un
blanc moucheté de noir fur le devant 6c le milieu
du cou, 8c de cendré-brunâtre fur lé milieu de
la poitrine 6c le haut du ventre ; le bord des ailes
eft blanc dans fa plus grande longueur & roufleâtre
au pli qui répond à celui du poignet ; l’aile eft:
compofée de vingt-fept pennes , dont les vingt
premières font noirâtres , 6c les fept autres d’un
cendré-brunâtre, qui devient déplus en plus clair fur
chaque penne plus proche du corps ; celles de la
queue font d’un cendré qui brunit vers leur extrémité
; la mandibule inférieure eft jaunâtre ; la fu-
périeure d’un jaune-verdâtre , noire à l’extrémité ;
les pieds font verdâtres 6c les ongles noirâtres..
La defcription qu’on vient de lire eft conforme
à celle que M. Briffon fait du héron, 6c à la figure
qu’on en a donnée , pl. enl. 787. C’eft celle du
héron qu’on voit le plus communément, & cependant
ce n’eft peut-être que la defcription de la
femelle : ce fentiment eft celui de M. de Buffon ,
établi, à ce qu’il nous apprend, fur les meilleurs té