
Manière de prendre les oifeaux à Vabreuvoir.
Les moyens de prendre les oifeaux , dont nous
Venons de nous occuper, ne peuvent la plupart
etre employés que pendant l’hiver ; ceux dont je
parle en cet article ne font bons au contraire à
mettre erj ufage qu’en été, & ils réuffiffent d’autant
mieux que la chaleur eft plus forte. Il y a
deux manières de prendre les oifeaux à Y abreuvoir.
L a première s execute de la manière fuivante.
On cherche, dans un taillis, quelque ruiffeau
ou filet d eau, auquel les oifeaux aient coutume
de venir boire. On prépare aux envions un foffé
peu profond, long de quelques pieds, large de
douze a dix-huit pouces ; on y prépare une entrée
pour 1 eau qu’on y détourne , & une iffue pour
reprendre fon premier cours. Le foffé eft mieux
piace h on l’a creufé fur un terrein incliné ; quand
il eft fa it , on couvre avec de la paille l’eau qui
coule aux environs, tant au-deffus qu’au-deffous ;
on pôle fur le bord de Vabreuvoir, du côté le plus
dé ch ve, un- filet qui en égale la longuefir. Ce
j et » nus a plat contre terre, y eft fixé du côté
de 1 eau, a fes deux bouts, & de diftance en
diltance, dans fa longueur, par des crochets-en-
ionces en terre, qui le contiennent fans le ferrer
& laiüent la liberté de le lever & le foire tourner
Hir lut-meme, fans qu’il change de place ; aux
deux angles oppofés font attachées deux ficelles
qui aboutiffent à une loge préparée à cinquante
ou foixante pas , dans laquelle le chaffeur fe tient
cache en attendant le moment de tirer les filets
lorfqu’il voit une fuffifante quantité d’oifeaux fur
les bords de l’abreuvoir.
L a fécondé méthode eft plus fimple. Il fuffit de
remarquer une marre dans un bois. On en nétoie
le ™ r d , du côté le moins expofé au foleil ; on
embarraffe au contraire les autres côtés de rameaux
« d’épines qui en empêchent i’aproche ; du côté
qu’ona nétoyé, on enfonce au bord de l’eau une
nie de gluaux, longs de huit à dix pouces , inclinés
les uns vers les autres & preffés, fans l’être affez
cependant pour fe toucher même à leur fommet.
D e ce même côté, & aux deux extrémités, on
enfonce obliquement en terre quelques branches
de huit à dix pieds de haut : on les dépouille de
leurs menues branches, & furies entailles on fait
des hoches dans lefquelles on pique des gluaux.
On fe retire derrière quelques taillis dont on foit
cache , & d’oh cependant on découvre l’abreuvoir.
Les oifeaux fe poferrt d’abord fur les branches qu’on
a préparées, & tantôt ils s’y prennent, tantôt ils
donnent dans les gluaux, en volant des branches
a bas pour aller boire.
L a derniere moitié du mois d’août & celui de
feptembre, font le temps le plus favorable pour
prendre des oifeaux a Y abreuvoir de l’une ou l’autre
maniéré, parce que les couvées étant alors finies,
Ctles oifeaux volant en bandes, S S arrivent en. plus
grand nombre à la fois kY abreuvoir, & cependant les
chaleurs font affez grandes pour qu’ils le fréquentent
fouvent. Les heures oh il fe prend le plus d’oifeaux,
font le matin de dix à onze heures , l’après-
midi de deux à trois , & le fo ir , demi-heure
avant le coucher du foleil. Il n’eft pas befoin d’avertir
que fi l’on fe fert de gluaux , il faut ramaffer
les oifeaux à mefure qu’ils fe prennent, & remplacer
par de nouveaux gluaux ceux qu’ils ont
tait tomber.
( Manière de prendre des oifeaux à la foffette.)
On fait en terre dans un bo is, fur-tout fous les
hautes futaies , dans un lieu communément humide,
à l’expofition du midi ou du couchant,
jamais à celle du nord ou du levant, une foffette
profonde de cinq à fix pouces , large de fept à
huit; on attache au fond quelques vers de terre
piques avec une épingle ou une épine. Sur un
des bords intérieurs de la foffette on difpofe un
quatre de chiffre, comme on s’en fert dans l’intérieur
des maifons pour prendre les rats &• les
fouris. On pofe fur la foffette une tuile , ou
mieux , un quarré de gazon qu’on a levé aux
environs & qui ferme la foffette , excepté du côté
où il eft foulevé par le quatre de chiffre qui le
foutient. Comme cet endroit eft le feul ouvert,
c eft celui par oh les oifeaüx, qui fe nourriffent
de v e r s , apperçoivent ceux qui font au fond de
f° J f ette f oc c’eft celui par où ils cherchent à
les faifir ; mais a peine l’oifeau touche-t-il le quatre
de chiffre , qu’il s’abbat &. que l’oifeau fe trouve
Pr*s t f°ûs la tuile ou le gazon. Pour que cet effet
ait lieu , il faut néceffairement qu’entré lê bord de
la f ° J f ette & l’endroit du fond oh font attachés
lès vers , il y ait trop de diftance pour que l’oi-
feau puiffe les faifir en alongeant le cou , & qu’il
foit forcé à faire tomber le- quatre de chiffre en
voulant defeendre dans la foffette.
On peut prendre à cette chaffe des merles, des
grives, des traquets, & de tous lés oifeaux qui font
friands des vers de terre. On y prend principalement
des merles S i des grives pendant tout
l’hiver.
( Manière de prendre les oifeaux à /’arbre t ou
arbrot. )
L a chaffe dont il eft queftion dans cet article
fe fait en pleine campagne , & peut s’exécuter
depuis le mois de feptembre jufqu’à celui d’avril.
On choifit un lieu découvert à quelque diftance
d un bois ou d’un taillis , & qui ne -foit pas même
trop voifin d’une haie. On pique en terre au milieu
d’un champ quatre ou cinq branches hautes
de cinq à fix pieds ; on en entrelace les rameaux
pour qu’ils aient plus de foutien ; ' on met au-
deffus trois ou quatre branches d’épines noires
les plus touffues qu’on a pu trouver ; On les engage
par leur extrémité inférieure entre les rameaux
des branches piquées en terre. On a eu foin de
fe munir de gluaux longs de huit a dix pouces,
enduits de glu dans leur longueur , excepte a deux
pouces du plus gros bout qu’on a fendu dans le
milieu & qu’on a laifle à fec. On pique les gluaux
dans les pointes de l’épine noire , & on les appuie
dans leur longueur fur quelqu’épine ou fur quelque
rameau. ■■ , , • ,.A
D ’un autre côté, on a place a quelque diltance
de Y arbrot des piquets enfoncés en terre , hauts
d’environ trois pieds & auxquels on a attaché des
cages ; elles doivent contenir des oifeaux de l’ef-
pèce de ceux qu’on fouhaite de prendre par préférence
: ils fervent d’appellans. On fe retire en-
fuite à l’écart derrière quelque buiffon , s’il y en
a d’affez voifin, ou à couvert de quelques branches
enfoncées en terre pour s’en couvrir. Les oifeaux
attirés par ceux qui font en cage , viennent pour
s’en approcher , fe pofer fur la cime de Y arbrot &
fe prennent aux gluaux qui y font piques. Aufli-
tôt qu’on a pris quatre ou cinq oifeaux , on s’en
fert pour en attirer de nouveaux & augmenter le
nombre des appellans. On attache une corde a
deux pieux enfoncés en terre S i hauts d environ
deux pieds ; on lie un fil de deux pieds &. un.
peu plus, à une patte de chacun des oifeaux nouvellement
pris ; on attache ces fils de diftance en
diftance à la première corde ; on y attache encore
line ficelle ' qu’on prolonge julqu au lieu couvert
oh l’on fe retire ; on la tire lorfqu on apperçoit
des oifeaux en l’a ir , fon impreflion communiquée
à ceux qui font liés par le p ied, les met en un
mouvement qui les fait remarquer des oifeaux qui
volent aux environs, Si qui avant de defeendre
fur le lieu oh ils les voient, fe pofent fur 1 arbrot.
Car les oifeaux qui defeendent d’un lieu élevé vers
un lieu bas oh quelque chofe les attire , ne s’y
portent pas d’abord ; mais s’il y a aux environs
quelque branche propre à les recevoir , ils ne
manquent pas de s’y pofer, d’y confidérer d’abord
l’objet qui les a frappés, Si ils ne fe portent vers
ce dernier , qu’après l’avoir examine de leur première
ftation. Cette manière de diriger leur v o l ,
qu’on pourroit peut-être nommer prudence , eft
cependant ce qui perd les oifeaux dans diverfes
occafions ; car les chaffeurs , auxquels elle n’a pas
échappée , en ont pronte pour leur tendre des .
pièges dreffés d’après la connoiûance qu’ils en ont.
T els font Y arbrot, la pipée, &c.
( Manière de prendre les oifeaux au trébuchet. )
..Le trébuchet eft une cage faite avec des barreaux
de bois arrondis. Sa forme eft un quarré long ; le
fond, eft une planche unie, les'quatre côtés tiennent
enfemble &. au fond ; mais, le deffus , fait comme
les côtés, n’y tient pas : il eft moins large que
l’ouverture de la cage : une corde paffée en double (
à travers un trou pratiqué dans le chevron fupérieur
qui foutient les barreaux dont les côtés font
formés , fert à attacher le deffus du trébuchet ou
fon couvercle. La partie poftérieure de cette pièce
eft engagée# entre les deux cordes ; fur les côtés
en-dehors, les deux cordes font traverfées par un
tourniquet ; en faifantagir chaque tourniquet en fens
contraire, l’un de droite à gauche, l’autre de gauche à
droite , on tord les deux cordes Si on les raccourcit.
Leur raccourciffement applique les tourniquets
contre les côtés , Si le frottement qui a lieu fuffit
pour vaincre: & arrêter l’effort des cordes qui demeurent
torfes, : fi on vient à lever l’extrémité oppofée dur
couvercle , on augmente la torfion des cordes ,
d’autant qu’on a levé le couvercle ; aufli les cordes
en fe reftituant, d’autant que cet effort avoit agi
fur e lle s , font-elles retomber le couvercle aulu-
tôt qu’on le lâche. Il demeure horifontal, parce
que fi fon poids l’entraînoit au-delà, il torderoit
de nouveau les cordes.,
Pour tendre le trébuchet, on ouvre ou on lève le
couvercle, S i on le retient dans cette pôfition par
une traverfe de bois en diagonale appuyée contre la
partie poftérieure du trébuchet par un bout & par
l’autre, qui eft taillée en bifeau contre la traverfe
moyenne du couvercle. Les cordes en reagiffant appliquent
le couvercle contre le morceau de bois
le retiennent levé. Ce même morceau de bois eft
traveffé de marchettes. Le moindre poids perpen»
diculaire appliqué a une de ces marchettes, fuffit
pour faire tomber le morceau de bois dont le bout
gliffe fous la traverfe du couvercle, que l ’effort
des cordes fait tomber a l’inftant. C eft ce qui
arrive auffi-tôt qu’un oifeau vient fe pofer fur une
de ces marchettes , & c’eft ce qu’il ne peut éviter en
entrant dans le trébuchet pour y profiter de l’apât
qu’on a mis fur le fond.
On prend au trébuchet les oifeaux qui vivent de
grains & peu de ceux qui ont une autre nourritu
re , parce qu’il eft plus difficile de leur offrir un
apât. Cependant on prend au trébuchet des jo f -
fo-nols , des rouges-gorges , en y mettant des vers
dont ces oifeaux font friands. On y prend auffi
très-aifément & en grand nombre des méfangesy
en fe fervant pour apât , de noix , de noifette ,
ou encore mieux de graiffe, & fur - tout du fuir
d’une chandelle. L’été Si en tout temps, lorfqua
les vivres font abondans , on prend peu oifeaux
au trébuchet, mais lorfque les vivres manquent oa
en prend beaucoup. #
( Manière de prendre les oifeaux qui entrent dan.*
les greniers & dans les granges. )
Les moineaux - francs accoutumes a vivre pres
des lieux habités % pénètrent hardiment & fans
crainte par-tout oit ils font attirés par quelqu aliment
qui leur convient ; ils entrent dans les greniers
Si dans les granges pour s’y nourrir des grains
qu’on y conferve , S i y caufent beaucoup dç
* * "K" V ïi