
lourd & peu foutenu, mais ils courent très-vite ;
il ne parcît pas non plus que les peintades foient
aufii fécondes dans cet état que dans celui de do-
xnefticite . & fans doute parce que dans ce dernier,
elles font plus largement nourries ; je trouve dans
l ’ouvrage de M. le comte de Buffon, qui a traité
avec beaucoup d’étendue ôc d’érudition l’hiftoire
de la peintade , que cet oifeau fauvage à l’île'dè
France , n y pond que huit à dix oeufs , tandis qu’à
Saint-Domingue, où il eft domeftique & où on
le laide cependant fuivre l’inclination qu’il a dé
pondre dans le plus épais des haies, il produit juf-
qu a cent oeufs, pourvu qu’on en laide toujours
quelqu un dans le nid ; ils font plus petits que ceux
de poules , avec une coquille beaucoup plus épaiffe ;
ceux de la peintade fauvage font pointillés de blanc
& ceux de la peintade domefiique font d’ula rou-
geâtre-fombre uniforme.
' ^JesPeinta(^es pondent dans nos contrées de quinze
a dix-huit oeufs ; la ponte n’a lieu qu’au mois de
j* 31 * ° n ^ ve- & on les fait couver par
des poules z on eleve les petits de la même façon
que les jeunes faifans ; les peintade aux domefiiques
paffent pour un fort bon manger, & les fauvages
pour un mets exquis. La peintade prend une affez
grande abondance de sraiffe ; fa chair eft blanche.,
délicate Ôc d’un goût fan. Ses oeufs font audi très-
bons à manger , & cet oifeau feroit fans doute
beaucoup plus multiplié dans'nos baffes-cours,qu’il
ne l’eft , li deux obftacles ne s’y oppofoient. C’eft
un oifeau. bruiant dont le cri aigu , très - fo r t q u ’il
continue long-temps ôc qu il recommence fouvent,
eft très-importun & le fait entendre de fort-loin ;
la peintade eft vive pétulante & forte ; elle maltraite
les autres volailles; il n’en eft point qu’elie
ne maîtrife & elle leur fait- encore plus- de mat
par fa pétulance que par fa force; c’eft fur-tout
cette dernière raifon qui en a fait abandonne? l’éducation
; car cet oifeau eft devenu affez rare parmi
nous pour qu une paire de. peint ad es coûte • vingt
ecus ou trois louis chez les oileliers-; on- ne peut
guère les nourrir que dans un parquet féparé & éloigné
de toute habitation. Cependant il eft étonnant
qu’on ne les multiplie pas dans des lieux qui leur feraient
deftinés, comme on le fait par raport aux fai*
fans ; je crois que ce pourrait être à-la-fois un objet
économique , qui paierait le. falaire de celui qui
en prendroit la peine , qui fournirait un comestible
de plus , d’un ufage, làin Ôc agréable, & peut-
être même pourroit-on parvenir à lâcher les jeunes
peintadeaux comme les faifdndeaux dans les parcs
& les bois , où leur chair acquéreroit un nouveau
degre de bonté ôc ou ils deviendroient un objet
de chaffe. Car quoiqu’originaires d’Afrique, les
peintades ne parodient pas fouffrir'de. la température
de notre climat, & l’qfpèce y femble affez
accoutumée pour qu’il n’y ait qu’un pas. à faire
pour l’habituer à vivre dans nos bois., comme le
faifan , d’une origine auffi étrangère-& dont-la manière
de fe nourrir eft à-peu-près la même.; car
tous deux vivent principalement de grain & ont
en même temps du goût pour les v e r s , les in-
ledes Ôc les herbages.
Les peintades font originaires de la Guinée , de-
■ la Côte- d’Or , du Sénégal, de la S y r ie , du Congo ,
& c . ; elles font communes à Madagafcar ôc transportées
à l’île de-France & à celle de Bourbon ,
elles y ont très-bien multiplié, & elles n’ont pas
moins bienréuffi au£ Antilles.
Peintade a poitrine b lan ch e . Briss..
tom. ƒ, pag. 180* Voyez Peintade*
P E L IC AN .
PI. enl. 87.
B r is s . tome V I , pag. 19 , genre CXÏI.
Be l . Hijl. nat. des o if pag. 1 5 3 ^ f i g. pag. 1 ƒ 4.
Pélican, livane. Be l . port, d*oif.pag. 30.
Cet oifeau eft auffi connu en François fous les.
noms degrand gofier ôc d'onocrotah.
Onocrotalus en Latin ;
Grbto en Efpagnol £
[ Grotto marine, agrotto, mello del duc ha en Ita lien
;
Meer-ganjf, &c. en Allemand
Baba en Ruffien ;
Wattudra garen en Suédois
PelecaneJpelUcan en Anglois»
Le pélican eft un des plus grands oifeaux d’èau
proprement dits , ou de ceux qui ont les pieds
palmés. Ses caradères font très - frappans ôc fort
propres àrie diftinguer de tous les autres- oifeaux ;
ils*confiftent à avoir , *
Quatre doigts , tous joints enfémble par des
membranes- entières r.
Les jambes avancées-vers Iè4 milieu du- corps;
hors de l’abdomen & plus courtes que le corps :
Le bec droit,. applati horifontalèment ôc crochu
vers le bout :.
Une poche membraneufe fous la gorge
Point de narines apparentes.
Le pélican eft beaucoup plus gros qu’ùn cygne
la longueur eft de cinq pieds quelques pouces du
bout du bec à celui de la queue; Ion bec a près
d un pied & demi de long & plus- d’un pouce &
demi de large ; le demi-bec fupérieur ne eonfifte1
qu’en une feulé lame offeufe au bout de laquelle
eft le crochet-qui termine le bec; mais-la portion
inférieure eft compofée de-deux branches flexibles,
qui fe prêtent à l’extenfion de là poche membra-r,,
neufe qui leur eft attachée-; elle eft fi large & ca-^'
pable d’être fi diftfeidue , qu’elle peut contenir
plus de vingt pintes de fluide ; fa couleur eft jaunâtre..
- ,
Le vol ou l’envergure du pélican• eft de onze
pieds; fa tête, fon cou & tout fon*corps font couverts
de plumes blanches ; mais celles qui revérifient.
la tête ôc le haut du cou ne-font qu’une forte
de duvet fort court ; celles qui. font attachées
à la nuque font longues, étroites, ôc forment
u ne. forte de toque pendante; toutes les plumes ,
.lorfque l’oifeau cft vivant-, ont une teinte de-rafç
oui fe fonce, félon qu’il eft affefté & qu’ il s’anime :
on en a vu long-temps un à la ménagerie de Ver-
failles, dont le plumage, lorfque l’animal sirri-
■ toit , prenoit une teinte de rofe fort vive , ôç
pâliffoit à mefu-re que les impreflions qui 1 avoient
excitée s’affoibliffoient.
Les grandes pennes des ailes font noires ; les
moyennes font blanches, ain.fi que celles de la
queue ; les côtés de la tête font^ couverts d’une
peau nue , couleur de chair ; 1 iris eft d un gris
jaunâtre ; il y a fur route la longueur du demi-
bec fupérieur une faillie d’un rouge v if ôc qui fe
termine par un crochet affez pointu ; le refte de
la partie fupérieure du bec eft rougeâtre vers fon
origine ôc jaunâtre dans le refte de la longueur ; le
demi^bec inférieur eft en entier d’un rouge-pâle;
les pieds, les doigts ôc leurs membranes iont de
couleur plombée Ôc les ongles font gris. H
Les pélicans confidérés dans l’ordre generique
appartiennent à l’ancien ôc au nouveau continent,
&. celui dont il s’agit fpécialement dans cet article
fe trouve dans les deux hémifphères ; cependant
on ne le voit pas également dans toutes les parties
de l’Europe; il ne paroît que de temps à autre fur
les côtes , ou les étangs ôc les grandes rivières des
provinces méridionales de la France ; il eft très-
rare qu’il pénètre dans l’intérieur du royaume du
côté du nord; en général les pélicans font plus
abondans dans les régions méridionales que dans
les pays feptentrionaux ; la partie de l ’Europe ou
l’on en voit en plus grand nombfe , ôc ils y font
fort communs, font les provinces méridionales
qu’arrofe le Danube ; mais il y en a beaucoup
en Afrique fur les bords du Sénégal ÔC de la Gam-
bra ; ils font aufti très - abondans en E g yp te , ôc
on les retrouve en A fie , à Siam , a la Chine ,
aux Philippines ; en Amérique on trouve des
pélicans depuis les Antilles ÔC l’ifthme de Panama,
jufqu’aux «terres voifines de la baie d’Hudlon ;
le pélican de cet article eft très-commun à la
Louifiane, où il y en a encore une autre efpèce;
on le trouve aufti en Canada.
eux dans un efpace étroit ; ils en avalent du
poids de fept à huit livres ; mais ils ne les font
pas de fuite paffer jjans leur eftomac ; ils les
confervent dans la poche qui leur pend fous le
b e c , ôc dans laquelle les poiffons.. peuvent demeurer
Les pélicans ont autant d’avantage au milieu
des airs que fur la furface de l’eau ; ils volent
aufti bien & auffi aifément qu’ils nagent ; ils
vivent de poiffon , -& ils ont deux maniérés de
l ’enlever, ou étant feuls, ou fe réuniffant en 1
bandes. «
Dans le premier c as, ils s’élèvent à une certaine
hauteur, fe foutiennent en l’air en rafant
la furface de l’eau , jufqq’à ce .qu’appercevant
une* proie qui leur convienne , ils tondent deffps
à pic & comme un trait, frappant en même
temps l’eau de leurs longues ailes , ils la font
bouillonner ôc tourbillonner , ce qui pte au poiffon
tous moyens de pouvoir échapper.
Dans le fécond cas , les pélicans fe réunifient
en cercle fur la furface des eaux, ôc rétréciffant
toujours Je cercle en nageant, ils fe faififfent du
poiffon qu’ils ont raffemblé ÔC pouffé devant
long-temps frais Ôc intacts ; lorfque les
pélicans ont fait leur provifion , ils fe retirent
fur quelque terre-in élevé où ils paffent la journée*
faifant remonter le poiffon qu ils ont amaffe
dans leur poche, ôc s’en nourriffent de cette
façon ; car c’eft le matin ôc le fo ir, que \zs pélicans
choififfent pour leur pêche , aux heures où
■ le poiffon eft le plu^ en mouvement. On prétend
que les Chinois ôc quelques- peuples fauvages de
^’Amérique , mettant à profit la faculté dont jouif-
fent ces oifeaux de^ conferver le poiffon frais dans
la poche qu’ils poroent pendante fous le cou , en
ont d’apprivoifés qu ils laiffent aller a la peche , ÔC
qui de retour dégorgent les poiffons qu’ils ont pris^
ôc dont leur maître leur laiffe. la quantité nécef-1
faire pour leur entretien, Ôc l’on affure qu’un pélican
prend en une feule pêche autant de poiffon que
fix hommes en pourraient confommer en un
repas.
Les pélicans font leur nid à terre au bord des
eaux ; ils nourriffent leurs petits en leur dégorgeant
une partie des poiffons qu’ils ont pris, ôc ils
ne font, pour cette opération , que preffer leur
poche contre leur poitrine ; c’eft peut - être cette
habitude qui a accrédité cette fable ancienne ÔC
encore répétée de nos jours , que le pélican nourrit
fes petits de fa propre fubftance en fe déchirant
lui-même pour les alimenter.
La chair du pélican a une odeur ÔC une faveur
défagréable, ôc fent le marécage ; on ne retire
d’utilité de fes différentes parties que de la peche
qui pend fous le bec ; paffée ôc préparée , elle eft
très-fine ôc on l’emploie à différens ufages dans les
pays où .ces oifeaux font communs ; quelques
fauvages s’en font des fortes de bonnets; d’autres
en la laiffant adhérente à la portion inférieure du
bec ôc enTétendant convenablement, s’en fervent
pour jetter l’eau de leurs pirogues ; les matelot*
Européens qui fréquentent des parages où les pélicans
font communs , font avec la poche Ôc le haut
du cou des facs à mettre leur tabac auxquels ils
•donnent le nom de blagues. J ’ai vu de ces facs fort
en ufage à la Louifiane Ôc dans la partie Efpagnole
de l’île de Saint - D&mingue où les pélicans font
fort abondans.
Je n’ai point parlé de la légèreté des os des peli-
i ca ns , qui font peut-être plus minces que ceux
d’aucun autre oileau , qui le font au point d’être
tranfparens ; de la grande quantité d’air contenu
fous la peau dans le tiffu cellulaire ôc graiffeux de
ces oifeaux ; on peut fur ce dernier fait confulter
les obfervations de M. M e ry , Hijl. de VAcad, des
Scien. depuis 1666 jufqu’en 16 8 6, tom. Il,p a g . 14 4
fuiv. mais ces objets appartiennent fpécialement
1 à l’anatçunie comparée.
Q q q