
1 gofier fec 6c dur. Après avoir écarté de Thiftoirè
s des moqueurs les préjugés dont on l’avoit embar-
î rafféeexaminons-les tels qu’ils font. M. Briffon
> en admet trois : f|p moqueur proprement d it , tom.
; 1 1 y pag. 2.62 ; le moqueur varié , pag. 164 ; le grand
l moqueur, pag. 2.66. M. de Montbeillard n’en’Compte
- que trois : Le moqueur , auquel il rapporte les
> trois oifeaux qui ont le même nom dans l'ouvrage
» de M. Briffon , 6c de plus le merle, de Saintr-Do-
> mingue., du même auteur, pag. 2,84 enfin, le merle
tout fon plumage eft varié de noir fur un fond
roux-fauve ; le deffus de la tête eft.d’un fauve plus
brun que roux y tacheté dé quelques traits noirs
oblongs ; le deffus du> cou-,le dos, les couvertures
du deffus des ailes font variés de noir qui borde
affez largement le boùt des plumes, fur un fond
roux-fauve foncé ; le bas du d o s l e croupion &
les couvertures du deffus de la queue, font mélangés
de noir en traits moins - larges , fur ,un fond plus
clair ; la gorge eft blanche & «le deffoüs du corps
coupé tranfverfalement de noir, fur un fond rouf-
feâtre moins foncé que le dos| lés grandes pennes
des ailes font noires , coupées tranfverfalement
de blanc un peu au-deffous de la moitié de leur
longueur, ce qui forme une tache tranfverfale ; il
y a auffi quelques plumes blanches vers le pli de
l’aile ; les pennes de la .queue font variées -con-
fufément de noir 6c de roux-fauve ; les-deux plus
extérieures-, de chaque côté, font d’un blanc-fale ;
le bec eft noirâtre; les pieds font grifâtres.: Cet
engoulevent a reçu font nom de ion, c r i, par
lequel on dit qu’il en exprime les trois fyllahes
fort diftin&ement. On Je trouve à la Guiàne.
Genre X X IX .
M OQ UEUR.
On fçait que la beauté du plumage eft en général
le partage des oifeaux- de l’Amérique ,-mais qu’en
même temps ils ne rendent que des fons. rauques •
& que très-peu ont un véritable chant ; c’eft cependant
dans la même région qu’on trouve quel-
-ques oifeaux , dont le gofier , au rapport des.
voyageurs , eft plus flexible, le chant plus harmonieux
, plus varié que celui d’aucun de nôs oi-
ieaux d’Europe : non-feulement ces oifeaux; ont
æn chant plein de mélodie, qui leur eft .propre ,
mais ils ont encore le gofier ii flexible , l’ouie il
fenfible , la mémoire fi lure, qu’ils imitent le chant
ou le cri de tous les autres oifeaux, & qu’ils le
répètent aulfitôt qu’ils l’ont entendu. On leur a
donné le nom de moqueurs, parce que l’imitation
«lu chant des autres oifeaux, auxquels ils font fi
fiipérieurs dans l’art de chanter a paru une dé-
rifion de leur part ; comme fi les animaux mieux
partagés que les autres , étoient fufcèptiblesi de
faire infulte à ceux que la nature a moins favorifés
& que ce rafinement de vanité ne demandât pas
une combinaifon 6c un abus. d’idées qui n’appartiennent
qu’à nous. Laiffant donc à part la pro-
' penfion que l’homme a dans tous les pays à prêter
fes vices aux animaux 6c à juger de leurs «actions
d’après fes mouvemens-déréglés, .je remarquerai
que ces oifeaux, chantres fi habiles , parmi des
oifeaux au gofier dur 6c rauque ,6 c en même temps
au vêtement brillant, n’ont qu’un plumage terne 6c
fombre : on n’a pas manqué de trouver dans cette
différence une compenfation des dons de la nature. ;
•LePhyficienn’y entrevoit 6c n’y découvrira quelque i
jour qu’une relation mécanique , un raport de <
caufes communes, entre un plumage terne ÔC un n
gofier flexible, entre un plumage brillant & un
cendre auffi de Saint-Domingue , r.epréfenté , • pi,.
; enl. 262. M. de Montbeillard appelle fon fécond
moqueur le moqueur français, c’eft la grive de la Caroline
de M. Briffon, tom. 11, pag. 223 ; mais en
différant , autant qu’on vient., de Je. voir , fur le
nombre des moqueurs, les. deux ornithologiffes
s’accordent, à les placer parmi les merles , 6c ce
font des oifeaux du X X ll f genre. Je décrirai auffi
fuccintement qu’il me fera, paffible les différens
moqueurs ; mais cependant aflez en; détail pour que
le lefteur puiffe juger par lui-même de lîidentité
ou de la. différence -de leurs, efpèces.
Le moqueur proprement dit., eft beaucoup plus
petit que notre merle, ii n’eft pas même auffi gros
; ffUè le maùvis 6c d’une forme beaucoup plus, alon-
gée ;.il a neuf pouces environ ., du bout du bec à
celui de la queue § longue de quatre pouces , ôc
qui dépaflent les ailes, de trois. Le deffus - de la
tête , du cou, le dos, le croupion 6c les couvertures
du deffus de la queue font d’un gris-brun
les joues , la gorge, le devant du cou 6c le deffous
du corps font d’un blanc-terne ; .deux raies tranf-
verfales coupent les joues \ l’une eft d’un blanc-
grisâtre 6c placée au-deffus de l’oeil ; l’autre 4 eft
-d.un gris - brun 6c «s’étend dans la même ..ligne
où l’oeil eft placé ; les grandes pennes des ailes
font noirâtres ; les moyennes les plus éloignées
du corps font blanches terminées de brun 6ç les
autres font au contraire brunes à leur origine 6c
blanches à leur pointe ; les huit pennes intermédiaires
de la queue font d’un brun-noirâtre ; les
deux latérales de chaque côté fo n t, l’une blanche
du côté extérieur, l’autre brune du côté intérieur 6c
la plus externe entièrement blanche. Ces^douze
plumes font légèrement étagées 6c vont en. dimi-
nuant un peu de longueur du centre fur les côtés
le bec eft brunâtre ; les pieds 6c les ongles, font
noirs. On trouve ce moqueur dans beaucoup de
parties de l’Amérique, à la,Jamaïque , à la Caroline
, à .la Louifiane,. d’où M. le Beau en - av.oit
apporté beaucoup de peaux ; mais je ne l’ai jamai-s
trouvé dans les envois faits de la Guiane., Ôc les
auteurs ne l’ont pas compté au nombre des oifeaux
de cette contrée ; il fe plaît dans les favanes v oi-
fines des bois ; il vit de baies 6c d’inlè&es.- ; il
niche fouvent fur les èbèniers ; fes oeufs font tachetés
de brun ; fa . chair paffe pour un manger
délicat ; il. s’apprivoife affez facilement , mais il
n’eft pas aifé de lui fournir une nourriture qui
lui convienne ; dans l’état de liberté il s’approche
des lieiix habités' 6c il fe pofé affez fouvent
fiir les. toîts des maifons ; il imite non feulement
la. voix des différens oifeaux , mais, encore le
cri de toutes fortes d’animaux , ôc en répétant
les fons qu’il a entendus , il les adoucit, oU plutôt
fon gofier , dont il ne peut vaincre la. foupleffe
harmonieufe , les modifie 6c leur ote de leur
apprêté ; fon chant naturel eft une forte de fifflement, -
varié félon tous les tonsôc les diverfes inflexions;
grave ou aigu, lent ou précipité , filé ou cadence :
on dit que le mouvement de fes ailes répond aux I
tons de fon chant ; car il vole en chantant ; les
ailes immobiles 6c étendues dans lès fons filés 6c
égaux , il les agite félon les cadences 6c en bat
d’un mouvement lent ou précipité. Si ces obfer-
vations font juftes, elles démontrent l’aétion des
fons fur ce petit animal & la vifiratilité de fes fibres
fur lefquelles des fons égaux produifent une contraction
égale. O.n prétend encore, qu’avant de
commencer fon chant , il prélude par plufieurs
faiits qu’il fait de bas en haut de la même branche ,
s’élevant alternativement à une hauteur médiocre
6c fe laiffant retomber «au même point d’où ii
femble rebondir : ce prélude ôc le battement des
ailes, modifié par les tons du chant, ont fait croire
que le moqueur ktoit danfeur ôc muficièn. Mais au
milieu des exagérations dont on peut avoir chargé
fon hiftoire, il paroît confiant que nul autre oifeau
ne peut lui être comparé pour l’agrément du chant
,6c la facilité à retenir 6c imiter les fons qu’il entend.
beaucoup au-deflùs , il ‘me -femble qu’on doit le
regarder au moins comme une race confiante. A in fi, -
en réfumant ce qui vient d’être dit fui les moqueurs,
il paroît ï 0 qu’il n’y a qu’une efpè c e,1e moqueur proprement
L e moqueur , repréfenté dans la pi. enl. 5 5 B ,fig.
1 , fous le nom de merle cendré de Saint-Domingue,
6c décrit par M. Briffon , fous le • même nom!5 ?
tom. I Iy pag. 284 , paroît fi femblable au moqueur ;
la defcription de l’un ôc de l’autre oifeau offre fi peu
de.différence , qu’il ne refte pas le plus léger doute
que ce ne foit la même efpèce indiquée laps deux
noms différens. Si l’on fait de plus attention*Ê[ue M.
Briffon a décrit le merle de Saint-Domingue d’après un
individu, ÔC le d’après le récit 6c les figures
qu’ont données les auteurs, on fera pleinement
convaincu que les légères différences qu’il y a dans
la defcription de cés deux oifeaux, ont pour-caufes v
les fources d’après lefquelles- elles ont été' faites.
Le moqueur varié n’eft connu que par Fernandez.
Il eft de la grandeur du moqueur, il en a le chant
6c les habitudes ; mais fon plumage , avec le même
fond , eft varié: en-deffus du corps de. noir ôc de
blanchâtre 6c en-deffous de noir f6c de cendré. Il
fe trouve au Mexique. Cette différence feule de
climat fuflit pour faire connoître que ce n’eft qu’une
.variété.
Le grand moqueur diffère des.deux autres par la
taille 6c par la nuance des couleurs. Il eft auffi
grand que le merle ; le deffus du corps eft d’un
brun-obfcur 6c le deffous d’un gris-clair ; mais fon
chant ôc fes habitudes font les mê'nies1 dont j’ai fait
le détail pour les autres moqueurs ; cependant§ comme
il fe trouve dans les mêmes pays que le moqueur
proprement d it, 6c qu’il en diffère paf une taille
dit, 6c que le merle de Saint-Domingue
de M. Briffon 6c de la planche enluminée , doit
être effacé comme un double emploi ; 20. que le
moqueur varié eft une variété de climat ; 3°,que le
grand moqueur, fi ce n’eft pas une efpèce différente ,
eft au moins, une race cÙftin&e de la même efpèce.
Il ne refte que le moqueur franco is , dont je parlerai
dans un article à part.
M o q u e u r (grand) B r i s s . tom. 11, pag. 166,
Voye1 M o q u e u r .
M o q u e u r F r a n ç o i s .
Grive de la Caroline, appellée le moqueur françoisl
P I. enl. 645 r :
Grive rouffe. C at. tom. 1 , pag. & pL 28.
Grive de la Caroline. B r i s s . tom. I l , pag. 2 2 3 1
genre X X I I .
Si les oifeaux q u i, étant du même genre , ont
le deffus du corps d’un.brun uniforme, Ôc le deffous
blanchâtre tacheté, de brun , méritent de faire une
fçétion à part ôc qù’on leur donne le nom de grive , -
c’eft avec fôndèment qù’il a été employé pour
l’oifeau dont il s’agit , au bas de la planche enluminée
ôc par Mrs. Briffon 6C Catesby. Cet oi-
i feau , que je conferve depuis long-tems 6c que
j’ai reçu d’Angleterre , eft de la groffeur de la
litorne ; il a dix pouces, du bout du bee à celui
de la .queue , qui eft longue de quatre 6c demi ;
fes ailes pliées en çlépaffent l’origine à peine d’un
pouce ; tout le. deffus du corps , le deffus de 1a
tête, lé derrière dü‘ cou ÔC les ailes en-de'ffus font
d’un brun rouffeâtre ; la gorge eft blanche ; le
devant du cou Ôc le deffous du côrps font d’un
blanc-fale , moucheté de taches oblongues , brunâtres
, fituées à la pointe des plumes fur le tuyau :
; quelques-unes des couvertures moyennes du deffus
des ailes y font terminées par deux bandes tranf-
Verfales la première'^ d’un brun-noirâtre , la fe-
! conde d’un blané-gtis \ les autres font bordées en-
• dehors d’ün trait gris-blanc ; la queue eft rouffeâtre ;
: lebec 6c les pieds font brunâtres. On trouve cet oi-
' feau à la Caroline où Catesby dit qu’il fe nourrit
de baies 6c qu’il y paffe toute l’année ; ce qui n’eft'
pas une raifon de le féparer des grives', puifque
les grives nej font pas fi effentiellement des oifeaux
cfe paffage , qu’il n’y en ait deux efpèces
qui refient en grand nombre dans nos climats pendant
l’été Ôc qui y font leur nid ; d’ailleurs le merle
6c la -grive étant en général conformés fur le même
modèle ,• quelle difficulté y a-t-il à penfer qu’une
grive d’Amérique puiffe avoir les mêmes facultés
■ que certains merles de la même région; 6c comme,
d’après la manière dont s’énonce Catesby, le' nom
de moqueur français donne à la Caroline a cet oifeau
, paroît être une épigramme, je préférerois de
lui rendre fon véritable nom de grive, ou de l’ap-'
peller, pQUr défigner fes fact&és , grive-moqueur«
F t i j