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dans le continent oh elles font nées, comme je
l’expoferai dans les détails.
La chair des pluviers eft eftimée comme un
très-bon gibier ; cependant elle n’eft pas d’un goût
abfolument général, parce que fon fumet a un
montant allez fort & d’une faveur particulière.
Quoi qu’il en foit, on leur fait la chafle comme
à un gibier de valeur & dé différentes manières.
On les chafle au. filet ÔC aufufil ; l’un & l’autre
moyen exigent qu’on fe fervent d'appellans , de
entes ôc de fîjjlet ou Ôl appeau : les appellans font des
vanneauxvv/zns qu’on attache à des ficelles Ôc qu’on
fait voler quand il eft nécefîaire. On fe fert de ces
oifeàux parce qu’ils font plus faciles à nourrir & à
cqnferver que ne le font les pluyièrs , ôc qu’ils fe
mêlent volontiers enfemble.
Les entes font des peaux de pluviers bourrées de
paille , qu’on fait tenir fur terre par le moyen d’un
piquet.
U appeau ou fîjjlet imite le cri des pluviers ou
celui dés vanneaux. Pour contrefaire le premier
cri on fe fert d’un appeau fait a v e c'l’os de la
cuifle d’une chèvre, long de trois pouces., coupé
tranfyerfalement par les deux bouts : on bouche
tfne des extrémités avec de la cire ; on fait trois
trous dans la longueur de l’o s , un près de î’ex-
trêmité remplie de cire ôc par lequel on fouffle ;
un fécond perpendiculaire à ce premier, rond ôc
dans lequel on introduit une plume à écrire , ôc
un troifième à l’extrémité oppofée , plus grand
que les deux autres ôc fitué fur ie côté de l’os.
L’appeau pour imiter le cri des vanneaux, eft
Amplement un bâton de trois pouces de long , un
peu moins gros que le petit doigt, fendu jufqu’à
fon milieu , & entre les parois duquel on a introduit
un morceau de feuille dë lierre ou de laurier.
Les filets dont on fe fert pour la chafle des pluviers
font des retz faillans ; on les tend dans les
prairies , fur les pièces de blé , dans les plaines ,
& en général dans des lieux éloignés des bois ,
arbres & buiflons. C ’eft aufli dans les mêmes endroits
qu’on chafle aux pluviers avec le fufil ; pour
que cette chafle foit abondante , il faut' être plu-
fieurs chafleurs & fe fêrvir, comme quand on chafle
. au file t, des appellans , des entes & de Y appeau.
On fe couvre de quelques branches qu’on pique
en terre & qu’on peut, fans trop de peine, tranfi-
porter avec foi d’un lieu.à un autre. Après avoir
pofé les appellans ôc les entes , on fe retire fous
, les branches. On y attend qu’on découvre quelque •
bande de pluviers qui vole aux environs ; auflitôt
on l’attire par le fon du appeau & par les mou-
vemens qu’on donne aux appellans ôc aux entes
par le moyen de ficelles qui leur font attachées.
A ce fon & à ces mouvemens les pluviers s’abattent
; un ou deux chafleurs fortent du côté oppole
de deflous les branches, contournent les pluviers
ôc marchant courbés à pas lents, ils s’ën approchent
par derrière à portée du coup ; àTinftant
qu’ils tirent, les ' autres chafleurs fortent de la 1
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loge ôc tirent fur la bande au moment qu’elle
s’élève. De cette façon on tue de ces oifeaux un
nombre proportionné à celui des tireurs, & toujours
allez confidérable parce que les bandes font
nombreufës , & qu’elles ont coutume de fe ferrer
quand elles font pofées.
Les premiers coups tirés , on change de place,
& portant avec foi les branches ôc les différens
- objets nécelfa'ires, on en va faire ufage à quelque
diftance.
On peut aufli tirer, la nuit des pluviers , il'faut
ma’rcher-plufieurs erife'mble ôc-porter du feu ; .auflitôt
que les pluviers Tapperçoivent, ils ‘fe prëffent
les uns contre les autres ; on les approche à portée
fl on obferve de ne pas faire de bruit fîÔc lâchant
tous enfemble fon coup on en tue beaucoup. On
en prend aufli la nuit au traîneau à la faveur du
feu. Voye^ T r a în e a u .
La ^chafle des pluviers dure depuis la fin dé
feptembre jufqu’au mois de ;mars ; mais elle eft
plus abondante à leur arrivée à'ia 'fin de feptembre
& à leur départ au mois de mars. Les froids longs
& rigoureux y font contraires, & le temps "doux
& pluvieux y eft très-favorable ; Un froiti modéré
n’y nuit pas.
On a fans fondement attribué des propriétés
médicinales à la chair du pluvier qui n’a de mérite
que ,fa délicatefîe & fa faveur.
P l u v i e r ( grand ) , vulgairement C o u r l i s d e
t e r r e .
P l. ènl. 919.
B R 1 s s. tom. V y pag. 76 , p l. V I I , fîg. 1 ,
genre L X 1X .
Ojlardeau. B e l . Hifî. nat. des oif. pag. 239 ,
fîg. ibid.
Idem , idem. Po rt.d'oif. pag. <pj.
Charadrius en Latin par beaucoup d’auteurs ;
Coru^ en Italien ;.
Triel en Allemand ;
S tom curlew en Anglois ;
Arpenteur dans quelques-unes de nos provinces;
Le grand pluvier eft l’oifeau qu’on entend le
foir à la campagne dans l’été & au commencement
de l’automne, qui femble répéter inceffàmment le
mot courlis ou plutôt tarlui ; il commence à le
faire entendre au coucher du foleil ôc ne difcon-
tinue guère de toute la nuit ; il n’eft perfonne qui
ait demeuré quelque temps à la campagne fans
remarquer ce cri qui a valu le nom de çourlis à
l’oifeau qui le fait entendre , quoiqu’il n’ait point
d’autre raport avec les courlis ÔC qu’il foit du genre
des pluviers..
Il eft de la grofleur d’un poulet parvenu à la
moitié de fa crue ; il a quinze pouces neuf lignes
du bout du bec à celui de la queue, ôc feize pouces
deux lignes jufqu’à l’extrémité des pieds ; vfogt-
fix pouces flx lignés de. v o l, ôc fes ailes pliées
s’étendent aux deux tiers de la-longueur de la
queue ; la tête , le deflus du cou , le dos ôc le
croupion-font variés de brun, de gris-fauve ôc de
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fauve puf j le brun occupe le milieu des plumes
dans le fens de leur tige & il eft bordé par les
deux autres nuances ; les. plumes fcapulair.es ôc les
.couvertures du deflus. de la .queue dont .-colorées
comme le dos ; il y 'a de chaque côté de la tête
deux traits d’un blanc-fauve, l’un aa-deflus ,Tautçe
au-deflous de l’oeil.; la gorge eft d’un blanc nué
d’une légère teinte .de fauve 3.le dévant du cou ôc
la poitrine font variés de brun fur le milieu des
-plumes. ôc de fauve.fur les côtés-; le -bas de :1a.poitrine,
le haut des jambes ôc. le ventre font blancs ;
des couvertures du dé flous de la queue :font fau-vi.es ;
le s, pennes des ailes font noirâtres., plus ou
moins variées de blanc , .détails .dans lefquelles
je ne puis entrer , que le leéleur-pourra luivre
plume à plume dans d'ouvrage; de M. .Briffon ;1 aile
pliée j par oit., à , l’exception des grandes pennes ,
-variée des mêmes couleurs- quede-deflus du corps,
ôc elle eft de plus traverfée par une bande étroite <
d’un blanc tirant fur le fauve ; les pennes de la
queue font .aufli variées de gris & -de brun , de
façon qu’il faudroit pour chaque paire de plumes
une defcription qu’on trouvera également dans
l’ouvrage de M. dkiflon ; les yeux-font très-gros'
• ôc faillans; l’iris -ôc la paupière, font jaunes; au-
deflous de chaque oeil eft un efpace nud d’un jaune-
verdâtre.; le bec eft: d e cette dernière couleur
dans les deux tiers de- fa longueur, -ôc noir dans
-le refte ;. la partie nue des jambes ôc les pieds font •
d’un jaune-verdâtre-ôc les ongles noir-s. Un caractè
re propre à cet oifeau eft d’avoir le bas de l’os
de la jambe Ôc le haut de l’os du pied très-gros, ;
-en forte que ces parties-paroiffent comme engor-f
;gées quoiqu’elles ne foient pas malades.
Les. grands pluviers ou courlis de terre ront des
; oifeaux de paflage ; ils arrivent de- bonne heure
-au printemps; ils fe fixent fur les terreins fecs
^remplis de pierres, parmi les friches ôc les chaumes
ils préfèrent les; collines ôc les .champs en pente ;
-ils. vivent de fauterelles-,.de grillons ôc de différens
• infe&es; pendant lè jour ils fe tiennent cachés ôc
tapis contre terre ; mais au coucher du foleil ils f e .
.mettent en mouvement, ôc c’eft l’inftant où on
-les entend fe rappeller ôc commencer leurs cris
■ qu’ils .ne ceffent-guère de faire entendre pendant
les belles nuits d’été ; lorfqu’ils font furpris , ils;,
courent a v e c une extrême vîteffe ; leur vol; eft|
bas ôc n’eft pas bien long;-ce font; des.,oifeaux;
.très - fauvages ôc qu’on a beaucoup de .peine à
joindre ; ils font leur ponte au.milieu.des roçdlLes
.dans quelque enfoncement du terrein ou quelque
‘ creux qu’ils.ont formé en gratant ; la femelle ne
'pond que deux ou trois oeufs au plus ;■ un obfer-
• vateur qui a fuivi 1-hiftoirë de. ces oifeaux à Malte ,
prétend qu’ils y font deux pontes ÔC que 1-incubation
eft de trente jours ; la crue des petits eft
très-lente, ou plutôt c’eft le développement de
'leurs plumes qui eft tardif; ils ont déjà-acquis
à-peu-près toute leur grofleur qu’ils ne peuvent
- encore v o le r p a r c e que les- pennes des. ailes ne
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font pas pouffées ; mais ils courent dans cet état
avec une grande légèreté ; tel étoit au commencement
de feptembre un jeune pluvier qui avoit
été pris aux environs de Paris ôc qu’on m’apporta ;
je le confervai quelques jours ôc il m’a paru aufli
ftupide que -craintif. * C ’eft dans le -mois de novembre
que ces oifeaux fe retirent pour pafl’er
dans .des climats plus chauds ; mais en été même
■ ils ne paroiffent pas s’avancer beaucoup vers le
nord ; M. Linné ÔC 'les a,uteurs qui ont écrit fur
des oifeaux des contrées du 'Nord , -ne les ont
pas compris au nombre des oifeaux qui les habitent.
Le grar\d pluvier n’eft .que très -, médioçrement
. eftimé comme gibier.
p L u y tE R (, p e tit\. Voy.e[ G u ig n a r d .
P l u v i e r a a ig r e t t e .
Pluvier .armé jdu Sénégal. P l. enl..Mm.
B R i s s ; tom. V, pag. §6 ,. pl. VII, fîg. .2, genre
L X 1X . ' ‘ '
Il eft à-'p eu - près de la grofleur dn p lu v iç r
doré, mais .il eft plus haut fur jambes ; la longueur
du bout d u bec à celui des pieds eft de
douze pouces.,deux lignes, ôc jufqu’au bout de
la queue d’onze lignes de moins ; il a deux pieds
de vol , ôctfes ailes pliées dépaffept la queue de
quatre lignes ; le, deflus .de,la tête , la gorge ôc le
haut du .devant,,du .cou ;fo^t d’un très-beau noir ;
les plumes. de l’occiput font étroites., . alongées■ ôc
.forcent une huppe qui a un pouce nçuf lignes de
long; eHe ceflemble à : la ..huppe du vanneau; le
derrière du. cou , le dos Ôc le croupion font gris
fainfi que les plumes foapulaires ; .les.joues ,. à
prendre au-deffous des y e u x , les côtés ôc le de •
vant du c o u ,.la poitrine ôc tout le deflous du
corps font d’un blanc-fauve ; il y a fur^le milieu
du ventre une tache noire ep .forme de croiffant;
les grandes pennés des ailes font noires , les:
moyennes font d’un blanc-fauve à leur origine ôc
-noires à leur extrémité-; les quatre plus proches
du corps font grifes ; la queue eft d’un blanc-fauve,
terminée de noir ; le b e c , la partie nue des jambes.,
les pieds'ôc les ongles font noirs.
Il y a vers le pli de l’aile un éperon de fubf-
tance cornée , noir , fort ôc long de. flx lignes. '■
C e pluvier fe trouve non-feulement au Sénégal,
: mais à Alep Ôc fur prefque toute la côte d’Afrique
d’où M. Hollande l’a rapporté.
■ P l u v i e r a c o l l i e r .
Il n’eft point- d’oifeau plus généralement répandu
que. le pluvier à collier 3\ on -le - trouve non-
> feulement dans les deux continens, mais, dans les-
•diftérentès régions de l’un ôc de l’autre , fous la
: -zone torride, dans les pays tempérés Ôc dans les
• climats expofés aux froids les plus rigoureux. Ce
n’eft pas que ce- genre d’oifeau fubflfte en même-
temps dans des 'fégions aufli oppofées ; mais il y
pafle alternativement fuivant l’ordre des -faifons ,
en voyageant dans le même continent, du nord
4 - au- midi- Ôc du -midi au nord.