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La fauvette de rofeaux habite les marais 8c le
bord des eaux ; on la voit s’élancer du milieu des
joncs & des herbes pour faifir les demoifelles 8c
les autres infeétes qui voltigent au-deflus des eaux :
elle fait, comme le rofïignol, entendre,fon chant
dans les, belles nuits du printemps ; elle niche fous
les rofeaux, les buiffons , au milieu des marécages
ou fur les taillis au bord des eaux ; fes oeufs, au
nombre de quatre ou cinq à chaque ponte , font
d’un blanc-fale , marbrés de brun 8c plus tachetés
vers le gros bout ; le nid eft fait avec art, compofé
de paille, de brins d’herbes sèches 8c garni d’un
peu de crin en-dedans. Genre X L .
Fauvette des Alpes.
P L enl. 668.
Cet oifeau n’a encch^ été indiqué par aucun
auteur que par M. le comte de Buffon , auquel
il a été envoyé de nos provinces méridionales.
M . le baron.de la Peyrouze, qui l’a obfervé dans
les lieux qu’il habite 3 nous apprend qu’on le
nomme pégot dans le haut Comminges , & il en
parle de la manière fuivante dans les mémoires
qu’il m’a adreffés..
Les rapports de cet oifeau avec les fauvettes
font trop éloignés, fur-tout au moral, pour qu’on
puiffe lui en lailfer la dénomination.
Le pégot a fix pouces 8c demi de longueur, 8c
dix pouces fix lignes d’envergure ; le deffus du
corps eft d’un gris-fombre, avec une tache noire
dans le milieu de chaque plume ; le bec eft droit
6c applati vers fa bafe ; la mandibule fupérieure
eft noire, l’inférieure eft jaune en partie ; la gorge
eft blanche, tachetée de noir ; la poitrine eft grife ;
ies flancs font rougeâtres ; les jambes & les pieds
font couleur de chair ; la queue eft compofée de
douze pennes étroites, l’aile de dix - huit; elles
font grifes , prefque tronquées à leur extrémité.
Le pégot habite les fommets les plus folitaires
des montagnes arides, des Alpes 8c des Pyrénées 3
du Dauphiné 8c de l’Auvergne : ces oifeaux vont
toujours deux à deux; ils ne quittent jamais le
fommet des montagnes que lorfqu’il s’y élève , en
hiver , des ouragans ou des tempêtes ; alors ils fe
précipitent en troupes dans les valées , & ils font,
ou ft effrayés ou fl ftupides, qu’ils donnent aveuglément
dans tous les pièges.
L e pégot fe nourrit de "graines & d’infeéles ; 'il
paroît fort mélancolique ; la douceur monotone
de fon chant eft très-analogue à ce caraâère de
trifteffe.
Un pégot, que M. de la Peyrouze m’a envoyé
avoit tous les caraâères génériques de la fauvette >
quoique cet oifeau ait des habitudes fort différentes.
Ainfi, fuivant l’ordre méthodique, il eft du
X L * genre.
F auvette des bois ou roussette.
B riss. tom. 111, pag. 393.
RouJJette. B e l l . Hijl. nat. des oif. pag. 3 3 8 ,
É B VaS- 3.39-
idem 9 idem, port, d'oif. pag. 84.
F A U
Sa groffeur eft à-peu-près la même que celle
de la fauvette commune ; il n’y a guère que
les oifeleurs & les habitans de la campagne,
voifins des bois où elle fe retire , qui la connoif-
fent : la gorge , le devant du cou , le ventre , les
côtés 8c les jambes font rouffeâtres ; le refte du
plumage eft varié agréablement de brun 8c de
roux; la première couleur occupe le milieu des
plumes, 8c la fécondé leur fert de bordure ; la
queue eft brune fans mélange de roux ; le bec eft
noirâtre , les pieds font blanchâtres ; les oeufs de
cette fauvette font d’un bleu célefte '; elle fait fon
nid dans les taillis , y emploie de la moufle verte
8c le garnit de laine à l’intérieur ; on la retrouve
l’hiver dans nos provinces méridionales , 8c cette
elpèce confirme en particulier la conjecture que
j ai avancée à l’égard des fauvettes en général :
fça^oir , que leur migration le borne à palier dans
les parties de l’Europe, cm l’hiver eft affez doux
pour quelles y trouvent des infeCtes 8c des ver-
mifleaux pendant cette faifon. Genre X L .
F auvette , d’h iver , t ra în e - buisson
MOUCHET.
Mouchet. PI. enl. 6 15 3 fig. 1,
Fauvette de haie ou pajj'e-bufe. B riss. tom. 1119
pag. 394. Genre X L .
Petit mouchet. Bel. Hijl. nat. des oif. pag. 3 7 5 ,
fig. pag. 376. . '
Monet, mouchet petit, moineau de haie & gobe
mouche. B e l . port, d'oif. pag. 94.
Gratte-paille en Brie.
Lorfque les autres fauvettes fe retirent, ou nous
ont déjà quitté 9 on voit arriver la fauvette d'hiver ;
elle commence au mois d’oCtobre à paroître autour
des haies, le long defqu’elles elle voltige fort bas
Sc prefque toujours en petites bandes ; il y a lieu
de croire qu’elle nous vient des parties de l’Europe
qui font plus leptentrionales ; on la trouve en été
dans la Lorraine, en Allemagne 8c jufqu’en Suède :
elle y fait fon nid 8c on nous dit qu’elle le pofe
très-près de tetfre ou à terre même ; que fes oeufs
font d’un joli bleu fans tache; que quand elle a
des petits 8c qu’elle voit approcher quelqu’animal
dangereux, elle fort de fon nid , marche ou voltige
devant l’ennemi qu’elle craint , en contre-
faifant la bleffée, qu’elle l’attire par cette rufe, lé
détourne du lieu où eft fon nid , 8c qu’elle prend
fon eflor pour y retourner , quand l’ennemi lui
paroît fuffifamment hors de route. C’eft une rufe
que la fauvette d'hiver fçait employer à propos dè
même que la perdrix : nous ne pouvons guère juger
dans nos contrées de ce foin qu’elle prend pour
fes petits ; car, il eft fort rare qu’il refte dans nos
campagnes quelque fauvette d'hiver pendant la
belle laifon , 8c c’eft une chofe fort rare d’en
trouver un nid. Ce n’eft donc que quand lç froid
8c le manque d’infeCtes , qui en eft la fuite y
chafle cette fauvette des pays du nord, qu’elle
pafle dans no* contrées plus tempérées où ellç
trouve encore de quoi vivre ; car * l’hiver même
nos
nos campagnes ne font pas tout-à-fait fans infeCtes ;
lorfqu’on y fait attention, aux mois de janvier 8c
de février , dans les jours les plus froids aux
heures où le foleil a le plus de force , 8c lorfque
le ciel eft ferein, on voit de petites phalennes 8c des
moucherons voltiger en affez grand nombre autour
des haies, 8c fi on cherche dans d’autres circonf-
tances ces petits animaux, on les trouve appliqués
8c engourdis fur les tiges * entre les gerfures de
l’écorce, dans les fentes des principales branches
6c des troncs des buiffons. C e peu de pâture ne
fufliroit pas pour le grand nombre des différentes
fauvettes y mais il fournit au befoin d’une efpèce
qui ne vit peut - être que de ces infeCtes que le
froid ne détruit pas , 8c qu’elle trouve plus abondamment
en été vers le-nord, tandis qu’elle en
manqueroit dans les régions qui font au midi.
Cependant, lorfque le froid eft extrême, la fauvette
d'hiver s’approche des lieux 8c des aires où l’on
bat le grain ; on en infère que la néceflité l’oblige
alors d’en vivre. Mais la néceflité ne peut pas
changer le mécanifme des organes : ne feroit-ce
donc pas plutôt pour profiter des charanfons , des
petites chryfalides que le fléau fait tomber du grain
ou détache d’entre les pailles de l’épi, que la fauvette
s’approche des batteurs ; quoi qu’il en foit , c’eft
d’après cette habitude qu’on l’a nommée gratte-
paille en certains endroits , nom qui exprime
qu’elle cherche dans la paille plutôt qu'elle n’avale
le grain qui en eft tombé.
L a fauvette d'hiver a cinq pouces trois lignes de
long , huif pouces de vol ; le deffus de 1a- tête 8c
du cou font variés de noirâtre qui occupe le milieu
des plumes, de rouffeâtre 8c de cendré dont elles
font bordées ; le refte du deffus du corps eft mêlé
de noirâtre 8c de roux difpofés de la même façon ;
il y a une petite tache blanche , ronde , d’un blanc-
fale à 1’ extrémité des plus grandes couvertures du
deffus des ailes ; le croupion eft d’un verdâtre-fale ;
les joues, la gorge, le devant du cou , la poitrine
font d’un cendré-bleuâtre, ou de couleur de plomb ;
le ventre eft blanc ; les jambes ,les côtés, le deffous
de la queue font rouffeâtres ; les pennes des ^iles
6c de la queue font brunes, bordées extérieurement
, les premières de rouffeâtre , les fécondés
de verdâtre. Il y a une tache rouffeâtre de chaque
côté de la tête ; le bec eft noirâtre ; les pieds font
jaunâtres ; les ongles bruns.
F auvette grise ou grisette.
P I. enl. 579, fig. 3.
B r is s . tom. 1113 pag. y j ( t 9pl. X X I , fig. 1 .
Genre X L .
La grifette eft un peu plus groffe que le bec-
figue : elle a cinq pouces fept lignes de long 3 huit
pouces de vol ; la tête , le derrière du cou 8c le
deffus du corps gris-cendré ; les tempes d’un gris-
noirâtre ; la gorge, le devant du cou 8c le deffous
du corps d’un blanc lavé de rouffeâtre; les côtés
6c les jambes également lavés de rouffeâtre fur
un fond gris ; les petites couvertures du deffus des
Hifioire Naturelle. Tome II.
aües grifes , les grandes brunes, bordées de roux.
les pennes de l’aile brunes , bordées de gris-
rouffeâtre extérieurement ; douze pennes a la
queue, dont les dix intermédiaires font brunes, boi-
dées de gris., 8c la plus externe de chaque cote eft
d’un blanc - lavé de rouffeâtre du côté extérieur ,
d’un cendré-clair,bordé de blanc du côté interne :
l’iris eft mordoré-clair, quelquefois orangee.
La grijette fait fon nid de moufle des près entrelacée
de brins d’herbes sèches, ou dherbes seches
feulement, plus fines en - dedans , plus groflières
en-dehors ; il contient quatre ou cinq oeufs ^tachetés,
fur-tout vers le grosr-bout, de rouffeâtre
8c de brun fur un fond gris-verdâtre ; on nomme
en Provence cette fauvette pajferine ; elle fe plaît
fur les oliviers 8c les figuiers ; elle en mange les
fruits qui rendent fa chair très-délicate. Nos offe-
liers connoiffent la grifette ; ils relèvent a caule
de fon chant qui eft très - agréable 8c ils la nour-
riffent comme le rojjignol. On trouve en Provence
une autre fauvette qu’on y nomme houfcarle ; elle
eft un peu plus petite que la grifette, à laquelle elle
reffemble par fa forme ; tout le deffus du corps e“ -
rouffeâtre ; la gorge 8c le bas du ventre font blanchâtres
; le refte du deffous du corps eft d un roux-
clair ; les pennes des ailes 8c celles de la queue font
noirâtres bordées de rouffeâtre. PI. enl. 655 ,fig. a»
F auvette noir.e 8c blanche. B r is s . tom•
I I I , pag. 383. Voy.e[ F auvette a tete noire*
F auvette ombrée de la Louifiane.
P I. enl. 709 , fig. 1. .
Elle eft un peu plus grande que le tarin : le
fommet de la tête 8c les couvertures du deffus
de la queue font jaunes ; le refte • du deffus du
corps eft olivâtre , pointillé de brun ; les couvertures
du deffus des ailes font noires bordées de
blanc ; les pennes des ailes 8c de la queue font
noirâtres bordées de gris-blanc, plus fonce fur la
queue ; le deffous du corps , la poitrine 3 la gorge
font tachetés de petits points noirs oblongs iur un
fond blanc ; il y a une teinte de jaunâtre fur les
côtés ; le bec eft noir ; les pieds font couleur dô
plomb. Genre X L .
Fauvette rousse (petite).
PI. enl. 581 3 fig. 1.
Fauvette roujfe. Br is s . tom. I I I , pag. 387.
Petite fauvette roujfe. B e l . Hijl. nat. des o i f
pag. 34 1 , fig. ibid.
Fauvette roujfe. Be l . port, d'oif. pag. 85.
Elle n’a que quatre pouces huit lignes de long ^
8c fix pouces dix lignes de vol ; tout fon plumage
eft d’un gris-rouffeâtre plus foncé en-deffus, plus
clair en-deffous ; les pennes des ailes 8c de la queue
font d’un gris-rouffeâtre , bordées de la même
couleur éclaircie ; elle forme aufli de chaque côté
de la tête une bande longitudinale fur un fond
plus rembruni. Cette fauvette fe plaît dans les lieux
habités , dans les jardins,, les vergers 8c les potagers
; elle fait fon nid ou fur quelque touffe d’herbe
haute 3 comme la ciguë , ou près de terre au pied