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moignages. Le mâle, que la plupartdes auteurs ont
regardé comme une elpèce différente , a été repré-
fenté, p l. enl. 7 5 5 , & décrit par M. BrifTon, tom. V ,
P • 39^5 fous le nom de héron huppé. Avec une taille
un peu au-deffus de celle du précédent Ôtdes couleurs
plus v iv e s , attributs ordinaires des mâles , il-diffère
encore par les traits fuivans : la partie antérieure
du deffus de la tête eft couverte de plumes blanches,
dont les plus éloignées de la bafe du bec font
longues & étroites ; derrière ces premières plumes
en naiffent fur le refte du deffus de la- tête de
noires, dont celles qui approchent davantage du
cou font longues , étroites 6c forment une huppe
qui tombe en arrière ; les plumes fcapulaires intérieures
fon,t très-longues, étroites, &. forment de
chaque côté des pinceaux qui approchent des panaches
que les aigrettes portent iur le dos ; le haut
de la poitrine eu traverfé par une large bande
noire, & il y en a une longitudinale de chaque
côté fur le bas de la poitrine 6c fur le ventre ;
d'ailleurs , à la vivacité des nuances près , la description
des deux hérons ia plus détaillée différeroit
très-peu. Sans prétendre décider entre les auteurs
d’un avis différent, & prononcer fi les deux, hérons
font mâles ou femelles, ou fi ce font deux :
efpèces, j ’obferverai feulement que le premier me ■
paroît beaucoup plus commun; que fur plus de I
vingt hérons qui m’ont été envoyés en différens
temps, il ne m’en eft échu qu’un huppé qui m’avoit
«té adreffé par M. Faugeroux de Boudaroi, comme
un oifeau qu’on ne voit pas communément ; quelques
rapports qui exiftent entre les deux hérons &
quelques obfervatiôns qu’on faffe à leur égard , il
n’y a que l ’anatomie qui puiffe réfoudre pleinement
la difficulté ; car fi la diffeélion découvre qu’il
y a des mâles & des femelles parmi les. hérons
communs, & qu’il y en a auffi parmi les hérons
huppés, alors, on ne pourra plus les regarder comme
n’étant qu’une même efpèce , & ils n’en feront
qu’une évidemment, fi ayant difféqué un nombre
fuffifant de ces oifeaux , on n’a trouvé , d’un côté ,
que des mâles, & de l’autre, que des femelles.
L ’efpèce du héron commun, fans être nombreufe
nulle part, eft très-répandue , & peut-être fous
tous les climats dés deux continents , fi les relations
des voyageurs, qui ne font pas toujours .des .
obfervateurs attentifs, font exaéte§i M. le comte i
de Buffon rapporte la lifte des pays ou le héron '
a été obfervé : dans l’ancien continent, l’Egypte , ■
le Japon , la Perfe , la Sibérie , la Guinée, le
Congo , le Malabar, le Tonquin, ‘ &c. Dans le
nouveau, les Antilles, Taiti , la Baye de Cam-
pêche , la Louifiane, &c. La manière de vivre du
héron, le peu de pefanteur de fou corps, la grande
étendue de fes ailes , font autant de caufes qui ex- .
pliquent comment il peut fe tranfporter dans les ^
régions les plus éloignées & vivre fous tous les
climats; il n’eft pas d’oifèau qui s’élève plus haut
dans les airs; il le perd dans les nues , fur - tout
lorfqu’il cherche à échapper aux oifeaux de proie ;
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c eft par cette raifon que fa chaffe , qui eft plus
difficile , eft un des vols les plus eftimés en fauconnerie
, & les plus amufans pour les chaffeurs ,
parce quil exige plus d’aéiion , d’ardeur , de
peines 6c de mouvemens dp la part des gerfauts
& des faucons qu’on y emploie.
Abandonne a lui-même , & fixé pour un temps--
dans un endroit, le héron paffe des journées entières
au bord des eaux , pour épier ou chercher fa proie r
tantôt immobile , il attend l’inftant de faifir , en déployant
fubitement fon long cou & en dardant fou
bec, le poiffon qui paffe à fa portée ; tantôt, marchant
lentement fur le rivage ou .dans l’qau jusqu'aux
genoux , il cherche les. grenouilles fur. la
vafe 6c parmi lès rofeaux ; il fe retire le fbir pour
fe repofer dans les forêts , mais il n’y paffe pas
la nuit entière , 6c l’on reconnaît à un cri qu’il
pouffe en volant qu’on entend dans l’obfcurité ,
qu’il eft en mouvement 6c qu’il retourne fur les
rivages avant le jour ; c’ëft aù fommet'des
arbres les plus élevés qu’il établit fon n id , dans les
grandes forêts : il le compofe de menues branches 9
d’herbes feches, de jonc & de plumes ; la ponte
eft de quatre à cinq, oeufs , alongés & à-peu-près
• également pointus des deux bouts, d’un bleu-
verdâtre , pâle 6c uniforme ; les petits font longtemps
couverts d’un duvet femblable à un poil;
L J 1 demeure attaché à l’extrémité des plumes 6c ne tombe que fort tard. Il eft reconnu que les
| anciens s’étoient trompés en regardant Tâccouple-
! ment du héron comme douloureux, & en affurant
que le mâle jettoit des cris d’arigôiffe' 6c répan-
doit du fang par les yeux dans ce moment; il eft
précédé par quelques' carrelles, &• dans l’inftant de
l’accouplement, le mâle fe foutient au-deffus du
dos de la femelle , par des battemens d’ailes mé-
nagés , en même-temps qu’il s’accroupit ; il va à
la pêche^ pendant le temps de l’incubation, 6c il
a foin d’apporter des vivres à la Goüvêüfe- : les
jeunes qu’on déniche. s’habituent- , jufqù’à^un
certain point, à l’état de domefticité. Qn peut les
nourrir dinteftins de différens animaux 6C de
viande crue : j’ai élevé de c-etté façon un,jeune
héron auquel je donnois auffi des limaçons ;q u oi-
qu il fut déjà de la taille des pères & mères quand
je men défis , il ne prenoit pas fa nourriture dé
lui-meme , il falloit la lui mettre-'dans, le' b e c ;
d’abord je_ faifois-tirer les limaçons de leur coquille
, maïs liii en ayant fait avaler quelqu’unsàves
la coquille même, & ayant vu qu’il ne s’en étoit
pas mal trouvé, je ne lui en donnai plus' d’une autre
manière ;. il rendoit les coquilles entières , mais
vuides de la fubftançe du limaçon qui avoit été
digéree : fouvent il n’avoit pas d’autre nourriture
pendant des jours entiers. Je lui donnois quelquefois
des vipères mortes chez les .apothicaires , 6c que
je coupois en trois ou quatre morceaux ■..* il fe
jettoit fur cette feule nourriture avec avidité, &.
Kavaloit de lui-même , ce qui me fait douter que
le héron , dans J état de liberté, ne fe nourriffe pas
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de ferpens, ainfi que les auteurs l’ont avancé ; quoique
le jeune héron dont je prenois foin vît fou-
vent du monde , il étoit lauvage, 6c la vue des
perfonnes qui entroient dans le lieu où il étoit
enfermé ne manquoit jamais de l’effrayer : il
cherchoit à s’échapper, & il falloit le contraindre
pour lui faire prendre des alimens : cette opération
demandoit des précautions, parce que le jeune oifeau,
quand il fe trouvoit preffé , lançoit de forts
coups de bec & cherchoit à les porter à la face , ce
qui m’engagea à le faire tuer : ce naturel fâuvage eft
fi propre au héron, que pris adulte , il refufe la
nourriture qu’on lui préfente 6c rejette celle qu’on
tente de lui faire avaler de force ; mais pris jeune,
on peut engraiffer le héron , 6c “;il s’habitue à la
longue à la domefticité. M. le comte de Buffon rapporte
que de jeunes hérons , portés du nid à la
baffe-cour, s’y font habitués avec la volaille ; leur
chair étoit fort eftimée des anciens, & même du
temps de nos pères, un jeune héron engraiffé paffoit
pour un morceau délicieux ; la chair des vieux
mêmes , toute fèche qu’elle eft , étoit qualifiée de
viande royale , & le vol des hérons étoit réfervé à
l’amufement des princes : on cherchoit , par des
maffifs d’arbres ou des tours élevées, lieux- où les
hérons aimoient à placer leur nid, à attirer 6c à réunir
ces oifeaux qu’on ne pouvoit rendre domeftiques ;
aujourd’hui on n’en fait de cas que pour les chaffer
quelquefois.^ l’oifeau de proie , & l’on ne conferve
de leurs dépouilles que les longues plumes noires
qui defcendent du derrière de la tête fur le cou :
on en fait des aigrettes très-chères parmi-nous , &
qui ont encore une valeur beaucoup plus grande
dans tout l’Orient^
Héron ( grand ) d’Amérique.
Héron huppé de Virginie. B riss. tom. V3pag. 4 16.
Genre L X X X I .
Grand héron huppé. C a t e s B. Append. pag. 10.
C ’eft le plus grand de tous les hérons connus ; il
a près de quatre pieds & demi lorfqu’il eft debout,
& cinq pieds de long du bout du bec à l’extrémité
des ongles ; tout fon plumage eft d’un brun teint
d’une nuance rouffeâtre fur la gorge, le cou & la
poitrine , & de plus varié fur le devant du cou &
de la poitrine, de taches longitudinales d’un brun
pur, fans mélange de rouffeâtre : les pennes des
ailes font noires, celles de la queue brunes; il y
a derrière la tête une huppe , compofée de plumes
brunes, étroites, effilées, dont les plus grandes
ont cinq pouces de longueur ; la peau nue entre
l’oeil 6c le bec eft d’un brun-jaunâtre ; le bec eft
-brun, touché de jaunâtre fur les côtés -; le bas dés
jambes 6c les pieds font bruns : ce héron le nourrit
non-feulement de poiffons 6c de grenouilles , mais
il vit auffi de léfards.
Héron de là Baye d’Hudfon. B riss. tom .V ,
pag. 407. Genre L X X X I .
Héroncendrè de l’Amérique feptentrionale. Edw.
tom. I I I , pag. C X X X V , pl. 1 3 5 .
J1 a près de quatre pieds du bout du bec à celui
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des ongles : le deffus de la tête eft noire &. ombragé
en arrière par une huppe de la même couleur, dont
les plus grandes plumes ont quatre pouces de long ;
la gorge 6c les joues font blanches ; le deffus dit
cou eft rayé tranfverfalement de brun fur brun , le
deffus du corps eft d’un brun-cendré ; le devant du
cou & la poitrine font variés de larges taches longitudinales
noires, mêlées de rouffeâtre fur fond blanc ;
le deffous du corps eft.blanc, le haut des jambes rouffeâtre
; les ailes brunes & leurs pennes moyennes
bordées de rouffeâtre ; la queue brune ; le demi-
bec fupérieur noir, l’inférieur orangé ; le bas des
jambes jaunâtres ; les pieds 6c les ongles noirâtres.
Héron de la côte de Coromandel. P L enl. 906.
Voye{ Héron v io l et .
Héron du Bréfil. B r i s s . tom. V 3 pag. 441*
Voyeç Onoré (P ) des bo is .
Héron é to il é . Voye^ Butor.
Héron g r is . B r i s s . tom. V 3 pag. 412.
Voye^ B ihoreau.
Héron huppé. P l. enl. 755. Br is s . tom. V ,
pag. 396. Voye^ Héron COMMUN.
Héron (g ran d ) huppé. C a t e s b . Append.
pag. 10. Voye1 Héron (grand) d’Amérique.
Héron huppé de Cayenne. B r i s s . tom. V3
pag. 400. Voyé^ S o c o .
Héron huppé- de Mah on, plan. enl. 348.
Voye£ Cr a b ie r de Mahon.
Hérons huppé de Virginie. B r i s s . tom. V 9
pag. 4 16 . Voye£ Héron ( grand d’Amérique ).
Héron huppé du Mexique. B r is s . tom. V 3
pag. 418. Voye^ Hocti (P ).
Héron montagnard ( le ).
( Article de M. le baron delà Peiroùçe ).
Nous donnons cetfe dénomination a une très-
belle efpèce de héron que nous avons obfervée les
premiers : cet oifeau a trois pieds de long , depuis
le bout du. bec jufqu’à celui de la queue : fon bec
a près de fix pouces de long : les ailes dépliées
ont quatre pieds cinq pouces.
Le héron montagnard a le front noir ; le deffus
de la tête & du cou, rougeâtres ; les plumes du
deffus du corps font brunes , bordées de rougeâtre ;
la gorge , d’un blanc-rouffeâtre , eft marquée par
des taches noires qui augmentent de longueur en fe
rapprochant de la poitrine, laquelle eft brune, rayée
de rougeâtre ; les flancs font d’un cendrér-obfcur ;
le ventre eft blanc , ainfi que l’intérieur des cuiffes.
L’aile eft compofée de vingt-huit pennes , la
queue de douze : elles font noires ; le bec eft brun ,
agréablement mêlé de jaune : Pefpace , nue autour
de l’oeil , eft d’un jaune-verdâtre : la partie nue des
jambes, eft d’un jaune-citron : le deffus des pieds
eft noirâtre , 6c le deffous eft jaune : le mâle ne
diffère de la femelle que par une petite huppe rougeâtre.
Cette efpèce de héron n’a encore été obfervée
qu’aux Pyrennées : elle habite ou fréquente les
prairies qui bordent les rivières, Genre L X X X I .
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