
tenir entièrement à cet élément, & ne viennent
à terre que pour la ponte & pour élever leurs
petits.
Enfin, parmi le s. oifeaux , les uns paffent leur
vie entière à-peu-près dans les mêmes lieux où ils
font nés, & on peut leur donner le nom de fé-
dentaires ; d'autres reviennent dans les mêmes climats
& en partent à des faifons marquées, & ce
font les oifeaux de pafjdge : il y en a q u i, n’ayant
rien de réglé dans leur marche , fe montrent &
^difparoiffent indifféremment dans toutes les faifons,
& le nom & erratiques nous a paru leur convenir.
Comme nous nous fommes étendus dans les difcours
préliminaires fur ce qui concerne ces dif-
férens oifeaux & fur les généralités relatives à
tous les oifeaux, ainfi que nous en avons averti
au commencement de cet article , nous renvoyons
à ices difcours , pour ne pas tomber dans
des répétitions.
Il n’y a perfonne qui ne fente le fervice que
rendit aux hommes en général celui qui accoutuma
le -coq & la poule à vivre en domêfticité.
On connoît également les avantages que nous procurent
plufieurs efpèces doifeaux qui multiplient
dans nos baffes-cours, tels que l’oie, le canard&
le dindon, qui nous a été apporté de l’Amérique.
Mais l’homme n’a pas retiré à cet égard toute
l’utilité dont pouvoient lui être fon empire & fon
induftrie fur les oifeaux. Il en refie dans nos con-r
trées, tels que Y outarde, qu’il nous feroit avantageux
de rendre domefliques , & il y en a un
plus grand nombre dans les pays étrangers , que
nous tranfporterions , que nous accoutumerions-à
notre climat & à l’état de domeflicité au profit
de la fociété : tels font les hoccos, Y agami, &c.
D ’autres, s’ils ne nous étoient pas utiles , nous
feroient au moins fort agréables. On trouvera dans
les difcours préliminaires ce qui nous a paru renfermer
les moyens les plus propres à remplir ces
différens objets; & à l’article de chaque oïfeau,
qu’il feroit utile- ou curieux de tranfporter , l’indication
néceffaire à cet égard. Nous n’ajouterons
donc rien de plus en cet endroit, & nous nous
contenterons de recommander aux voyageurs de
fe munir, en partant, de cette fubftance que les
oifeliers appellent pain de p a vo t, laquelle râpée
8c mêlée à un tiers à-peu-près avec de la viande
fraîche & dégarnie de graiffe , hachée bien menue,
peut fuppléer à la nourriture ordinaire de la plupart
des oifeaux qui vivent d’infeéles ou de vers.
Quant aux oifeaux frugivores, la mie de pain hu-
meélée avec l’eau ou le lait peut fuppléer aux
fruits dont ces oifeaux fe nourriffent, comme j’en
cite un exemple à l’article du t r o u p ia le pour les
granivores , ce font les plus ailés à tranfporter.,
en faifant fur-tout une provifion du grain qu’on
a coutume de leur donner dans le pays , fa u f,
après le tranfport, à y fubflituer le grain le plus
analogue.
o i s
OlSEAU .( ckaffe).
Manière de prendre les petits oifeaux en général,.
On a imaginé un grand nombre de moyens
de prendre les oifeaux ; on les a fur-tout variés
par raport aux petites efpèces, foit qu’on
leur’ faffe la chafle à caufe de la bonté de leur
chair, comme les ortolans , les alouettes, & c . ,
foit par raport aux dégât* qu’ils font, comme
les moineaux francs, foit enfin par motif d’amu-
fement. J ’ai indiqué à chaque efpèce d'oifeau les
manières de les prendre , lorfqu’on emploie pour
leur chaffe des méthodes particulières. Je ne traiterai
donc dans cet article que des différentes façons
de prendre les oifeaux en général, fans avoir
egard auxelpèçes différentes dont ils peuvent être,
& je ne m’occuperai que des petits oifeaux, parce
que , par raport aux gros, ou on ne les chaffe qu’au
fufil en général, ou qu’on les prend, félon les
efpeces dont ils. font, par des moyens particuliers
que ) ai raportés en parlant des différentes efpèces.
Enfin, les moyens imaginés pour prendre les petits
oifeaux font fi variés, que pour ne pas excéder
les bornes que la nature de mon travail me prefcrit,
je ne raporterai que les moyens les plus ufités ,
ceux qui procurent une chaffe plus abondante ,
phis utile ou plus amufante. Avant de les détailler,
j ’obferverai que la plus grande partie de ces moyens
confifte a attirer les oijeaux par la vue dès apâts
qu’on leur préfente fous les pièges qu’on leur
tend, ou a les y faire tomber par la préfehce de
leurs femblables qu’on y retient captifs. Comme
la nourriture des oifeaux qui vivent de grain eft
plus connue, plus facile à leur offrir , que celle
des oifeaux qui fe nourriffent d’infectes ou de
baies de différentes plantes, que lè millet & le
chenevis font en général du goût de tous les oifeaux
granivores , ce'font ces derniers qu’on prend
en grand nombre , tandis qu’il eft plus difficile &
plus rare de prendre les oifeaux qui vivent d’in-
feéles ou de différentes baies.
On prend les petits oifeaux au filet de différentes
manières ; on les prend à la pinfonnêe , à là pipée ,
a la rafle , à Yabrjuvoir, à la fbfjètte , au trêbuchet ,
a Yarbrot, dans le milieu d ’une campagne, en plein
jour 3 le long des haies & dans les bois , la nuit s
en fe fervant du feu ; on les prend auffi dans les
greniers & dans les granges , où ils entrent pour
y vivre du grain qu’on y conferve, & c. L ’hiver
eft en général la faifon où l’on prend davantage
de petits oifeaux, & la chafle qu’on en fait eft
d’autant plus abondante que le froid plus rigoureux
leur ôte davantage la faculté de fé donner
les mouvemens néceffaires pour chercher leur nour-
riture, que les nuits plus longues rendent leurs
befoins plus preffàns pendant le jour, que la fur-
face. de la terre préfente moins de fubftances'dont
ils puiffent fe nourrir , que les alimens font plus
rares ou plus difficiles à trouver, comme il arrive
dans les temps de forte gelée &. dans ceux où
la campagne eft couverte de neige.
Manière de prendre les petits oifeaux avec des filets
nommés naj>pes.
Les oifeleurs, dont le but eft de prendre des
oifeaux , qu’ils nourriffent & qu’ils confervent en
cage, fe fervent, pour cette chaffe , de deux filets
de dix à douze pieds de long , fur quatre environ
de large, tendus & attachés à des tringles ou
chaffis dé bois ; on les nomme nappes. Le chaffeur
pofe ces filets paralellement & horifontakment fur
un terrein plat & uni, dans un champ découvert,
près de quelque haie , de la lifière d’un bois, ou
de quelque bofquet au moins ; il laiffe entre les
deux filets autant d’efpace vuide qu’ils peuvent
en couvrir enfemble étant raprochés & réunis à
côté l’un de l’autre ; il répand du grain dans cet
efpace ; il y place, de diftance en diftance, des
oifeaux de différentes efpèces , retenus par une
ficelle attachée d’un bout à un des pieds d’un oifeau
& de l’autre bout à un piquet enfoncé à
fleur de terre.
L ’oifeleur fe retiré enfuite à foixante ou qiiatre-
vingt-pas des filets ; il s’aflit dans un endroit d’où
une ligne qu’on, prolongeroit pafferoit au milieu
de l’efpace vuide , entre les deux filets, & traver-
feroit cet efpace fuivant fa longueur ; il a le vifage
tourné du côté des filets ; il tient en fa main des cordes
qui y aboutiffent & qui fervent à les faire agir
il a auffi, près de lu i , des ficelles attachées à
celles qui retiennent les oifeaux difperfés dans
l’efpace vuide entre lés deux filets ; il tire doucement
ces ficelles pour que l’impreflion qu’elles communiquent
aux oifeaux c a p t if s le s détermine a
voltiger & à fe, donner des mouvemens qui font
propres à tromper & à attirer les oifeaux libres.
Quand cette' rufei& lapât du grain répandu entre
les filets ©nt fait donner une fuffifante quantité
doifeaux dans le piège , 1 ’oifeleur tire promptement
& avec force les cordes attachées aux filets ; ils
s’élèvent à l’inftant , & p a r . un mouvement de
bafcule, fe rapprochant l’un de l’autre,'ils couvrent
l ’è'fpaee qui avoit été laiffé vuide entre eux , ils
arrêtent, dans leur mouvement, & abaiffent fous
leurs réféaux-, dans leur chute, les oifeaux qui
prenoient leur effor pour échapper au danger.
C’eft de la manière que je viens de décrire que
les oifeleurs prennent les chardonnerets,les bouvreuils,
les pinfons , foit les communs, foit les pinfons dé Ardennes
, les linottes 3 les cabarets , les bruants , les
verdiers, les moineaux franc s,les friquets, les tarins; en
général tous les petits oifeaux qui vivent de grain.
Suivant que les oifeleurs tendent leurs filets près
des endroits plus fréquentés par certaines efpèces
que par d’autres , ils prennent des individus de
ces efpèces en plus 'grande quantité qu’ils ne
prennent dot féaux d’autres efpèces. Ainfi les oifeleurs
tendent, pour le moineau franc , près des
lieux habités, fur les lifières des bois pour 1 efriquet,
le long des chemins , pour le verdier & le pinfon,
près des haies, pour le chardonneret > & c .
Indépendamment des oifeaux qui vivent de
grain, les oifeleurs prennent affez fouvent, en
même-temps , & de la manière que je viens d’ex-
pofer , fur-tout lorfque lé temps eft très-froid &
que la terre eft couverte de neige, quelques oifeaux
qui vivent d’infeéles , tels que les bergeronnettes,
les lavandières , les traquets y les méfanges ,
les pajfes-bufe /les roitelets,les foucis, les rojfignols de
\murailles , les fauvettes , &c . ; les différentes efpèces
de pies-grièches, & même , quoique plus rarement,
des hobreaux, des crejjerelles? des éperviers , qui
fe jettent fur les oifeaux captifs qui fervent d’ap-
pellans, & que l’oilèleur a fixés fur l’efpace vuide
entre les filets qu’il a tendus.
Enfin,les oifeleurs prennent au commencement
de l’automne des ortolans à cette chaffe, que j’ai
détaillée, parce qu’elle eft la plus ufitée aux environs
de Paris, celle par le moyen de laquelle
on prend un plus grand nombre doifeaux de différentes
efpèces, on en prend une plus grande
quantité de chaque efpèce, & on eff plus alluré
de les moins bleffer.
Lorfque les oifeleurs veulent préndre des ortolans
, ils tendent en plein champ, s’arrangent de
façon qu’ils aient le vifage tourné contre le v e n t ,
à l’oppofé duquel les ortolans font leur route ;
ils répandent du millet pour apât, & ils placent
entre les filets quelques ortolans qu’ils ont nourris
& confervés en cage. Ceux qui font libres volent
haut & par bandes ; auffi-tôt que les oifeleurs,
attentifs à ce qui fe paffe, en apperçoivent en
l’a ir , ils mettent les ortolans captifs en mouvement
par le moyen des ficelles qui leur corref-
pondent, ' & ils attendent l’inftant favorable d’une
capture, dont une partie eft la rétribution qu’ils
paient dans les capitaineries , pour avoir le droit
de tendre leurs filets, dont l’excédent au droit
qui leur eft impofé, fuivant l’étendue du terrein.
où ils peuvent tendre, leur fournit un des plus
grands: gains que leur procure un métier peu lucratif..
Manière de prendre les petits oifeaux à la pinfonnêe.
C’eft une chaffe qui fe fait de nuit, dans les
; taillis, ou le long des haies, & dans laquelle on
affomme les oifeaux.
Les chaffeurs fe muniffent d’un bâton long de
deux pieds & demi environ, terminé à un bout
par une palette en forme de battoir à jouer à la
paume, longue de fix pouces & large de quatre ;
ils portent, fous le bras d ro it, cette forte de
maffae , dont le manche doit être affez gros pour
être empoigné à pleine main ; chaque chaffeur
tient de la main gauche une chandelle allumée,
entre le doigt du milieu & l’annulaire près de la
I paume de la main, au-deffus de laquelle le haut