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K A K K A K.
K a k a t o è s .
Les kakatoès font des perroquets de l’ancien
co'ntinent; on les nomme auffi eacatous & catacuas;
ces dénominations font imitatives du cri de ces
oifeaux : ils appartiennent aux parties méridionales
de l’Afie , foit du continent, foit des îles :
on n’a pas trouvé ailleurs’ de kakatoès j ufqu’à préfent :
cette l'eâion contient les plus grandes efpèces de
perroquets de l’ancien continent.
Les kakatoès ont le bée plus arrondi , plus fort à
proportion & plus gros que les autres perroquets :
ils ont ordinairement le plumage blanc; mais ce
qui les caraéiérife fpécialement, c’eft une couronne
de plumes longues, couchées en - arrière
dans l’état de repos, que l’oifeau relève à volonté
& dont il fe forihe une forte de panache ou de
diadème qui lui donne beaucoup de phyfionomie
& ajoute à fa beauté : les plumes , dont ce panache
eft compofé , font rangées fur une double
file , & difpofées de façon que quand le kakatoès
les relève elles forment fur fa tête une couronne
ovale, arrondie en-devant, élargie fur les côtés
& ouverte en-arrière.
Les kakatoès apprennent très^ difficilement à
parler : ils retiennent fort peu de mots & les articulent
toujours mal ; mais ils font eh général doux ,
carefïans & intelligens : on les eftimè a caufe de ces
qualités & de leur beauté fils ont contre eux d’être
criards & deftruéieurs : on diroit qu’un befoin interne
, une agitation fëêrete les portent à faire ufage
de leur bec & à s’en fervir pour rompre & dépecer :
comme il eft extrêmement fo rt, il n’y a point de
meubles qui puiffent y réfifter , & il eft impoffible
à ces oifeaux de ne pas détruire : 1 e meilleur
moyen de les en empêcher, quand on les laiffe
en liberté, & d’obvier en tout temps à leurs cris ,
eft de leur donner quelques morceaux de bois
qu’ils réduifent en bûchettes : cet exercice fuffit
au befoin qui les tourmente , & rarement ils abandonnent
le morceau de bois qji’on leur a livré
pour attaquer les meubles & mal faire : fi on les
contient par une chaîne ou en les enfermant, &
qu’ils n’aient rien à dépecer , "ils font fujèts à
rompre leurs plumes & à fe les arracher , tant le
befoin de faire ufage de leur bec' lè>- agite : ils
ïe iit moins pefans que la plupart des autres perroquets
& ils courent affez vite par petits fàuts,
•s’aidant fouvent de leurs ailes : ils font auffi d’un
naturel plus g a i, d’un caractère plus remuant, &.
ils s’exercent par des attitudes, des geftes 6l des
mouvemens mimes.
Les kakatoès font du LUI* genre ,'de la méthode
de M. Briffon : il en fait une feçtion à part dont
les caractères font leur grandeur & la blancheur de
leur plumage ,* il les nomme cacatuce en latin*
K akatoès ( le ) . B r is s. tom. ÏV , pag. 204.
Voye^ K akatoès ( l e ) a huppe blanche.
K akatoès ( le petit). Briss. tom. I V , pag.
2i2. Voyeç K akatoès (petit) a bec couleur
DE CH A IR .
K akatoès a ailes et queue rouges.
B riss. tom. IV , pag. 2 14 , genre LUI.
Ce perroquet eft de la grolTeur du kakatoès a
huppe blanche : il a le bas du dos, les ailes , la
queue & fes couvertures , tant en-deffus qu’en-
deffous, d’un beau rouge ; tout le refte de fon
plumage eft d’un blanc - cendré ; le bec & les
ongles font d’un noir-foncé ; les pieds d’un noir
plus clair.
Il n’eft pas certain que ce foit un kakatoès %
puifqu’Aldrovande , d’après lequel les auteurs parlent
de ce perroquet, 11e dit pas qu’il foit huppé.
Kakatoès ( petit) a bec et couleur de
cha ir .
Petit kakatoès des Philippines. P l. enl. 19 1.
Petit, kakatoès. Briss. tom. IV , pag. 212 pi.
X X I I , fig. 1 , genre LU I.
C’eft le plus petit des kakatoès ; il n’eft pas
auffi-gros que le jaco ; fa huppe eft à proportion
beaucoup plus courte & moins fournie que celle
des autres „perroquets de fa feélion : les plumes
fituées fur le devant du front ont une teinte d’un
jaune de foufre, font terminées de blanc, & leur
longueur eft de dix-huit lignes les autres plumes
de la huppe font d’une couleur orangée - pâle ;
tout le refte du plumage eft blanc, excepté une
teinte d’un rouge-foible fur les côtés de la tête,
aux couvertures du deffous dç la queue & une
nuance de jaune de foufre en-deffous d~s pennes
des ailes & de la queue ; le bec eft d’un çendré-
clair à fon origine , & dans le refte de fa longueur
d’un blanc animé d’une teinte de couleur de chair.
On trouve ce kakatoès aux Philippines.
K a k a t o è s ( l e ) a h u p p e b l a n c h e .
Kakatoès Br is s . tom. IV , pag. 204, pl. X X I ,
genre L 11I.
Kakatoès des Moluques. P l. enl. 263.
Il eft à-peu-près de la groffeur d’une poule : fa
longueur totale eft de dix-huit pouces ; fon bec
a quinze lignes de long & deux pouces d’épaiffeur ;
fes ailes s’étendent aux deux tiers de la longueur
de fa queue ; toutes fes plumes font d’un blanc
éclatant, excepté quelqu’unes des couvertures du
deffous de la queue qui font d’un jaune-clair ou
couleur de foufre : on retrouve la même teinte,
fur le deffous des ailes & de la queue, excepté
aux deux pennes intermédiaires de la queue qui
font entièrement blanches : les plumes qui entourent
K A K
toureilt lé fommet de la tête , lequel n’eft couvert
que d’un duvet, font grandes, fortes ; les plus
longues ont cinq pouces , elles font rangées fur
une double file , & forment une fuperbe huppe
quand l’oifeau les redreflë : il relève en même-
temps une partie des plumes du cou ; quand au
contraire la huppe eft baillée , il ramène par-
deffus les plumes des côtés de la tête, & il fait
revenir celles des joues fur la bafe du demi-bec
inférieur. Les yeux font noirs , entourés d’une
peau d’un blanc éclatant;le b e c , les pieds & les
oflgles font noirs ; la bafe du demi-bec fupérieur
eft entourée d’une peau noire dans laquelle l’ouverture
des narines eft placée.
K a k a t o è s a h u p p e j a u n e . Pl. enl. 14.
Briss. tom. IV , pag. 206 , genre LUI.
Il y a deux races dans cette efpece ; l’une eft
plus forte que le ja c o , &. l’autre à-peu-près de la
groffeur de ce perroquet. La première eft la plus
rare : l’un & l’autre kakatoès ont le plumage blanc ,
.excepté une nuance fort légère de couleur de foufre
fur le deffous du corps, fous les ailes & la queue
& une tache de la même teinte un peu plus vive I
fur chaque joue ; les plumes de la huppe font molles,
douces, effilées, longues de trois à quatre pouces,
d’un jaune - citron , courbées vers leur extrémité
en-arrière & réfléchies en-devant à leur pointe ;
l’oei-I eft entouré d’une peau blanche ; l’iris eft
rougeâtre, le b e c , les pieds & les ongles font
noirs; dans l’état de repos l’oifeau tient là huppe
baillée, il ramène pardeffus les plumes latérales &
fait revenir fur la partie inférieure du bec les
plumes qui en entourent la bafe ; il dreffe fa huppe
& il foulève en même-temps les plumes du derrière
du cou toutes les fois qu’il eft a ffe é ié n ’importe
de quelle fenfation. Ce kakatoès n’apprend
pas à parler plus facilement que les autres perroquets
de fa fe â ion, mais ce défaut paroît dépendre
dans ces animaux beaucoup plus des organes
que de l’intelligence , & celui-ci eft peut-être le plus
aimable des kakatoès, par fa docilité, fon caractère
careffant, fa vivacité & la gentilleffe de fes
mouvemens pleins de grâce : il eft fufceptible
d’attachement ; il diftingue la voix de fon maître,
il y obéit, il le prévient, il aime à en être flatté,
& il rend carénés pour careffés : c’étoient deux
perroquets de cette efpèce , tous deux de la petite
race, l’un mâle, l’autre femelle, qu’on montra à
Paris à la foire Saint-Germain en 17 7 5 . Je les v is;
leur maître les prenoit un fur chaque main ; ils
redreffoient leur huppe, abaiffoient & relevoient
la tete a plufieurs reprifes ; ce premier gefte ,
accompagne des propos du bateleur, étoit le fai ut
des |kakatoès a l’affemblée ; il leur faifoit enfuite
différentes queftions auxquelles ils ne répondoient
que par un feul gefte, qui étoit cenfé être affir-
^matif , & qui confiftoit à bailler la tê te ; leur
ailence ou plutôt leur immobilité étoit réputée une
feponfe négative. Le maître leur montroit, par
Histoire Naturelle, Tome IL
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e x em p l e , un écu de fix francs & leur demandoit
s’ils connoiffoient ce que c’étoit ; à cette queftion.
le ligne affirmatif ; il nommoit enfuite différentes
contrées de l’Europe, en demandant fi cette mon-
noie étoit de chaque, état dont il prononçoit le
npm, les perroquets ne faifoient aucun gefte ; le
tour de la France venoit & les deux oifeaux
baiffoientla tête ; ris démontroient, de la même
manière , fçavoir combien l’écu de'fix francs con-
tenoit de différentes pièces de mônnoie ; chaque
fauffe fuppofition du maître n’étoit fuivie d’aucurt
mouvement, la propofition vraie l’étoit toujours
du gefte d’affentiment. Le principe fur lequel ce
jeu étoit établi n’étoit pas, difficile à pénétrer, le
maître ne le cachoit qu’à qui ne vouîoit pas le
voir ; lui - même n’accompagnoit d’aucun gefte
toutes fes fauffes fuppofitions , mais à chaque
propofition vraie il baiffoit un peu la tête , & le
talent des perroquets confiftoit à être attentifs à
ce gefte, à l’imiter, fans jamais le répéter malà
propos ; c’étoit beaucoup d’avoir accoutumé deux
oifeaux à ce dégré d’attention, contre lequel je
ne les vis pas manquer une feule fois pendant
plus d’une demi - heure que dura leur exercice.
Ce jeu me parut expliquer celui de • tous les
animaux inftruits- dans le même genre, fçavans
en des chofës qui font évidemment au-deffus de
leur portée, & dont les geftes du maître déterminent
tous les mouvemens : fon art & fa patience
confiftent à rendre les animaux attentifs à fes
geftes, à les accoutumer aux mouvemens qui
doivent les fuivre de leur part ; le mérite des
animaux eonfifte à reconnoître les geftes & à fe
rappeller les mouvemens que le maître indique :
ainfi tout cet appareil n’eft l’effet que de quelques
fignaux convenus. Mais j’ai été témoin d’un fait
qui paroît prouver plus de réflexion & plus de
combinaifon de la part de la même efpèce de
kakatoès. Il y en avoit un dans une maifon oh.
j’ai demeuré long-temps ; un chat angola, fort
doux, y avoit été élévé depuis qu’on y avoit
fait acquifition du kakatoès ,* celui-ci avoit pris le
chat en affeâion & il paroiffoit en général aimer
les jeunes chats ; il les careflbit, lès baifoit & les
lêchoit ; il ne pouvoit , au contraire , fouffrir
l’approche d’un chien commençai du même logis ;
il ne cherchoit pas à lui faire de mal , mais il
paroiffoit en avoir peur &. il le fuyoit ; à force
d’avoir ejitendu répéter un nom qu’on avoit donné
au chat fon am i, il l’avoit retenu & accoutumé
à le voir s’approcher de ceux qui prononçoient
ce nom, il le répétoit avec une intention bien
marquée de témoigner fes aifeéfions à fon compagnon
;lorfque celui-ci étant endormi, le kakatoès
vouloit l'éveiller & le provoquer à un jeu de
courfes auquel tous deux s’exerçoient fouvent,
le kakatoès tournoit autour du chat en articulant
I fon nom , d’abord d’un ton affez b a s , hauffant
enfuite la ve ix & l’élevant enfin auffi haut qu’il
le pouyoit ; la preuve qu’il n’avoit pas pour but