
C R A P A U D COMMUN ( le ) .
Rana Eufo. Lin.
Rana corpore ventricofo verrucofo lurido fufcoque.
-Faun. Suec. 275.
Rana palmis tetradaElilys fijjïs , plantis hexadaEly-
lis palmatïs : pollice breviore. Id. n°. 253.
Rubetafeu Phrynum. Gesn. pifc. 807.
Bufo feu Rubeta. R a J. Quadr. 252.
Cet animal a Tai'peâ fi hideux , qu’il y a peu
de perfonnes qui ne foient effrayées à fa rencontre.
I l eft plus grand que la Grenouille , Si gros à
peu-près comme le poing. Il a la tête un peu plus
grofle à proportion que le refte du corps ; les
yeux Taillants &, pleins de feu ; la gueule allez
grande & munie de gencives raboteufes qui re- j
tiennent fortement c e , qu’elles ont faifi.
Le dos eft large & plat ; le ventre enflé &
ample, parfemé de taches ; la gorge pâle-jaunâtre ;
la peau épaifîe , dure S i très-difficile à percer ,
d’une couleur grife mélangée de brun & de jaunâtre
, hériffée de verrues ou de puftules noirâtres
& livides.
Les pieds de devant font courts, terminés chacun
par une main fendue en quatre doigts à-peu-
près égaux. Ceux de derrière font garnis de fix
doigts, liés enfemble par une membrane intermédiaire.
Le premier & le dernier font plus courts
que les quatre autres.
Pour le peu qu’on touche le Crapaud ,- il s’enflamme
de colère, gonfle fa peau comme un ballon,
S i réfifte aux coups qu’on lui porte. Il marche lentement,
& faute de temps-en- temps , mais à une
très-petite hauteur , parce qu’il a le ventre gros ,
le corps lourd & les pattes courtes : quand il fe
fent prefle, il lance par derrière au vifage de celui
qui le pourfuit, une liqueur limpide qui pafle pour
vénéneufe , Si que l’on prend pour fon urine.
Selon le rapport des voyageurs, les Crapauds
des pays chauds font plus gros & plus venimeux
que ceux des pays froids. On en trouve en Italie ,
qui font gros; comme la tête d’un homme, & qui
portent quelquefois leurs petits fur leur dos.
Quelques auteurs difent qu’il trànfpire de toutes
les parties du corps de ces animaux une humeur
laiteufe, qui, jointe à la bave qu’ils rendent par
la gueule, infeéle les herbes & les fruits fur lef-
quels ils paflent, ce,qui fait qu’il peut être dangereux
de manger des légumes, des fraifes, des
morilles S i des champignons , avant de les. avoir
bien lavés.
Le Crapaud a , comme la Grenouille , la vie
très-dure ; car , percé d’outre - en ■? outre avec un
pieu , il vit encore dans cette fituation pendant
plufieurs jours. Il ne fçauroit fouffrir les- rayons
du foleil ; il habite pour l’ordinaire dans des foffés,
des antres ou des cavernes profondes , des fumiers
ou couches dé jardins, des décombres ; dans les
haies fous des tas de pierre, aux lieux ombrageux ,
' fombres, humides , folitaires Si infe&es. 11’ fe tient
renfermé durant le jo u r , à moins que la pluie ne
l’invite à fortir , & pendant l’hiver, temps auquel
ces animaux fe réunifient par bandes en un
même trou. Au printemps il s’annonce le foir,
vers le coucher du foleil, par fon cri qui eft allez
doux , Si la nuit, il va de côté & d’autre chercher
fa vie. 11 fe nourrit, comme les Grenouilles, d’in-
feéles , de mouches , de moucherons , de vers,
de fcarabées Si de petits limaçons. On dit aufli
qu’il mange de la fauge dont il aime beaucoup
l’ombre, Si qu’il eft fur-tout avide de ciguë, &
c’eft pour cette raifon que quelques-uns ont appelle
la ciguë le perjil de Crapaud. On fçait que le tabac
eft funefte à cet animal, & que fi l’on en répand
en poudre fur fon dos, il tombe bientôt en con-
vulfion S i meurt. ( Matière medïc. contin. de Geoffroy
, tom. 12 , pag. 148 & fu iv .).
M. Demours a obfervé un Crapaud dont il n’a
donné aucune figure ni aucune delcription.
M. Laurenti en a fait une efpèce particulière
fous le nom de Bufo obflreticans ( Spec. mëd. pli 28
6* 228) , c’eft-à-dire, Crapaud accoucheur. Ce n’eft
que par conjeéfure que nous le rapportons au
Crapaud commun, La dénomination S’accoucheur
vient d’une obfervation de M. Demours fur deux
Crapauds de terre , dont l’un , qui étoit mâle,
faifoit l’office d’accoucheurà l’égard de fa femelle.
M. Laurenti dit quelque chofe de femblable du
Crapaud brun. (Voye^ cet article). Mais celui-ci
eft aquatique Si s'accouple dans l’eau même des
marais.
Sur le foir d’un long jour d’été , M. Demours
étant dans le jardin du Roi , apperçiit deux Crapauds
accouplés au bord d’un trou que formoit
en partie une grande pierre qui étoit au-deflus. La
curiofité le fit approcher pour examiner quelle
étoit la caufe des mouvements qu’ils fe donnoient.
Deux faits également nouveaux le furprirenf; le
premier étoit l’extrême difficulté qu’avoit la femelle
à pondre fes oeufs, de manière qu’elle fem-
bloit avoir befoin d’un fecours étranger ; le fécond
étoit l’attitude du m,âle qui travailloit de toute
fa force, à l’aide des pattes de derrière, pour
faire fortir les. oeufs.
M. Demours préfume que la femelle fait d’abord
un effort pour fe procurer la fortie du premier
oeuf, & que c’eft au mâle à faire le re fte, Si à
tirer tous les autres oeufs, qui font, comme l’en
fçait, liés enfemble & avec le premier par un filet
très-fort, enforte qu’ils forment une efpèce de
chapelet, dont les grains font diftans les uns. des
autres d’environ la moitié de leur longueur.
Déjà le mâle avoit tiré le fécond oeuf, lorfque
M. Demours arrêta fur lui fes .regards, S i le-fur-
prit au milieu des efforts qu’il faifoit pour tirer le
troifième. Le premier oeuf étoit engagé entre les
deux doigts du milieu de fa patte droite de-derrière,
parle filet qui l’attachoît au fécond, & c’eft
en allongeant cette patte, qu’il tendoit le cordon
du chapelet, vis-à-vis le fondement de fa femelle,
qui pendant ce temps-là reftoit immobile. l i tâchoit
auffi de fe faifir du cordon avec la; patte
gauche , Si il en vint à bout après plufieurs tentatives.
Cependant la préfence de l’obfervateur pa-
roiffoit l’embarrafler, car tantôt il s’arrêtoit tout
court, S i alors il jettoit fur ce curieux importun
des regards fixes qui marquoient fon inquiétude Si
là crainte ; tantôt il reprenoit fon travail avéc plus
de précipitation qu’auparavant , Si un moment
après il paroiffoit balancer s’il continueroit ou
non. La femelle annonçoit auffi fon embarras , par
des mouvemens qui interrompoient quelquefois
le mâle dans fon opération ; mais enfin , foit que
le filence Si l’immobilité du fpeélateur euffent dif-
fipé leur crainte, foit que le cas fût preffant, le
mâle reprit fon ouvrage avec la même vigueur ,
Si toujours avec de nouveaux fuccès.
La curiofité de M. Demours avoït encore un
autre objet ; il obfervoit attentivement f i , à -me-
fure que le mâle tiroit les oeufs, il ne les fecon-
deroit pas. Mais comme il n’appercevoit rien qui
lui indiquât cette fécondation , Si que l’endroit
où fe trouvoient les Crapauds étoit un peu fombre,
il fe détermina à les mettre fur fa main, où il
les tint un quart d’heure. Cependant le mâle ne
donna pas le moindre figne de ce que l’obferva-
feur s’attendoit à découvrir. | .
forme de main, & ont pareillement cinq doigts.
Les ongles font à peine fenfibles. On trouve çe
Crapaud dans les eaux douces de Surinam ; il hé
cefle de coacer le foir Si pendant toute la nuit , -
çe qui lui a fait donner le nom de muficien.
C RO CO D IL E ( le ) efpèce de lézard.
Lacerta Crocodilus. Lin. Amphib. Lacerta 9
n°. 1.
Lacerta caudâ comprefsâ pedibus triangulatis ,
palmis pentadaàylis, plantis tetradattylis palmatïs,
Lin. Ibid.
Swammerdam avoit remarqué que le male de j
la Grenouille aide auffi à la ponte de la femelle ; 1
mais il paroît que c’eft d’une manière moins fui- 1
v ie , moins décidée Si moins complette que le
Crapaud, telle eh fin qu’on ne voit pas clairement
que ce fecours y foit abfolument nécelfaire. Le
mâle fe borne peut-être à ferrer dans ce moment
les côtés de la femelle ; car celle-ci accouche fort
vite de tous fes oeufs, S i , comme dit le même
naturalifte. (S w a m m e r d a m , tom: I l , pag. 809. ).
U no impetu omnia ejaculatür. E lle les lance tous
-d’un feul jet {Mémoires'de VAcadémie des Sciences ,
année 17 4 1 3tom. I , pag. 39. ).
C R A PAU D IN E . On a donné aux dents pétrifiées
du poiflbn appellé Loup marin, le nom de
Crapaudines, parce qu’on a cru qu’elles venoient \
des Crapauds ; c’eft pourquoi on les a auffi appel-
lées Bufonites & pierres de Crapaud. On les a
encore nommées yeux de Serpent. Mais il eft bien
certain qu’elles n’ont aucun rapport avec les Crapauds
ni avec les Serpens.
C R IA R D ( le Crapaud ).
Rana mufica. L in ..
Rana humeris gïbbis puntfatis. L in . Amphib.
Rana 2.
Ce Crapaud eft un des plus gros de ce genre. Sa
peau eft mouchetée de livide & de brun, Si par-
femée de verrues. La paupière fupérieure eft ridee,
avec de légères âfpérités. Chaque épaule eft relevée
en bofle de figure ovale , Si . comme criblée par
une multitude dé petites cavités. Les épaules ,
ainfi que l’abdomen , font couvertes de points
faillans. Les pieds de devant,font fendus en cinq
doigts 3 ceux de derrière s’étendent un peu en
Aman. Acad. Lacerta eadem.
Gron. Muf. pag. 7 4 , n °. 47. Crocodilus.
R ai. Quadr. 26 1. Lacer tus maximus.
M e r i a n . Sur. 4 9 , fig. 69. Crocodil.
Lé Crocodile a la tête' oblongue , applatie &
marquée de deux futures qui s’étendent en-arrière
en partant des yeux. On obferve auffi derrière ces
mêmes organes un petit os de forme quarrée Si un
peu applatie, Si fur le devant font des rides très-
marquées qui rempliffent l’efpace d’un oeil à l’autre.
Le deffous de la tête eft lifte Si remarquable par
d’autres rides difpofées en refeau Si par des taches
quadrangulaires. L’occiput eft garni de tubercules
calleux, aigus longitudinalement, S i fitués fur
deux lignes tranfverlales.
Les narines font élevées, 8i ont leurs troncs
courbés en forme de croiffant, dont les cornes
font tournées en-arrière. ■ j . r
Les dents font inégalés & dijpofées fur un feul
rang vers le bord de chaque mâchoire.
Les paupières fupérieures font élevées Si très-
ridées, ce qui donne à l’animal un regard menaçant;
leur bord eft aminci Si ftrié tranfverfale-
ment.
La partie fupérieure du cou eft couverte de
quatre ou cinq paires de tubercules : fa partie
inférieure eft divifée en huit fegmens.-
Le corps eft couvert de vingt fegmens, qui
s’étendent depuis les tubercules du cou fur toute
la furface du dos. Chacun de ces fegmens eft com-
pofé d’articulations quarrées, dont celles qui font
vers le dos forment des arrêtes moins Taillantes
que celles qui fe trouvent vers les flancs.
L’abdomen eft blanc S i formé de vingt-quatre
fegmens. ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ' ■ ■
L ’anus eft faillant Si percé d’une fente longitudinale
toute couverte de rides.
La partie antérieure de la queue eft compofée
de dix fegmens &. légèrement applatie , ce qui
provient des arrêtes qui partent du dos des écailles
latérales ; elle a les côtés relevés en forme de carène.
La partie poftérieure eft comprimée & a fon
bord fupérieur aigu, & l’inférieur arrondi. La queue
eft terminée par vingt-deux fegmens : les fommets
de ces fegmens font tournés en-arrière, excepté
céux des trois derniers fegmens.
Selon Gronovius , la queue a une longueur
égale à celle du corps, &. eft compofée dans fa
totalité, de quarante-deux fegmens. Ceux qui fe