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termes grecs, dont ce mot eft compofé, il lignifie
littéralement difcours fur les oiféaux. .. ' .
Pour- que Y ornithologie - fut portée à Ton degré
de perfection , il faudroit, i ° . que les auteurs nous
indiquaflent des caraûères extérieurs-/ invariables.,
faciles à faifir , au moyen defquels on diftinguât
& on reconnût facilement & lurement toutes les
efpèces d’oifeaux ; a 0, qu’ils nous appriffent quelles
font leurs ^habitudes, & qu’ils ne nous laiffaffent
rien ignorer de ce qui concerne leur manière de
vivre ; 30. qu’ils nous appriflent quels avantages
chaque efpèce nous procure ; quels dommages elle
«tous caufe , & qu’ils nous indiquaflent en même-
temps les moyens de profiter des uns & d’éviter
ies autres. Mais , maigre les foins qu’on a donnés
depuis quelque temps à l’étude des oifeaux , la
fcience qui en traite fera long-temps imparfaite ;
i ° . parce que les oifeaux étant très-multipliés / il
oit très-difficile d’aiügner des. caraétères clairs,
faciles à faifir, au moyen defquels on puifle dif-
tinguer toutes les efpèces; 2.0 parce que les oi-
leaux vivans loin de nous & fe dérobant aifément J
a notre v u e , l’obfervation en ce genre eft très- !
difficile & ne peut fe faire en quelque forte que
de loin. La meilleure hiftoire des oifeaux, ou la
moins imparfaite, eft donc celle qui nous fournit
les moyens les plus faciles de les re con n o ître&
qui nous apprend le plus de faits relatifs à leur
manière de vivre conftatés par des obfervations
bien aflurées. -
Les objets dans lefquels Yornithologie a en général
befoin d’être perfectionnée > font :
1 °. La différence du plumage des jeunes & des
adultes, des_ mâles & des femelles, des mêmes
individus, fuivant leur âge : obfervation impor-
tante’ ^ur_tout Par raport aux oifeaux de proie.
L a même obfervation de la différence du plumage
des mêmes efpèces , félon les climats qu’elles habitent,
ou rinfiuehce des climats, de la nourriture,
&c. fur le plumage & la grandeur des individus. :
2. . Il y a beaucoup à ajouter fur ce qu’on fçait
de la manière dont les oifeaux conftruifent leur
nid ; fur les matières qu’ils y emploient ; fur la
quantité de pontes, qu’ils font chaque année ; fur
le nombre , la forme ," la couleur de leurs oeufs ;
le temps que dure l’incubation ; la manière dont
les pères & mères nourriffent & feignent leurs
petits ; fur.les premiers alimens de ceux-ci ; fur
ceux dont les différens oifeaux adultes fe noun-
riffent en général ; fur le temps où ils commencent
& ceflent d’être féconds.
3°* Sur le nombre des femelles qui chantent ;
fur la différence de leur chant d’avec celui de leur
mâle ; fur le temps où ceux-ci commencent &
ceflent de chanter chaque année ; fur la différence
de leur chaift dans leurs différens âges & dans les
différentes faifons.
4 °. L ’hiftoire des oifeaux de paflage n’eft que
très-incomplettement connue : on. ignore d’où la
plupart arrivent & où ils fe retirent,
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5*. Il y a un très-grand nombre d’efpèces. qui
ont de grands raports à d’immenfes diftances , mais
fous des parallèles qui fe correfpondent. ll feroit
très-important de déterminer fl ces èfpèces font
les mêmes & fl elles ne diffèrent que par'des variétés
: c’eft ce qu’on ne peut guère apprendre ,
qu’en tranfportant ces efpèces vivantes d’un climat
à un autre , & obfervant fl les générations deviennent
fous le nouveau .climat , parfaitement
fèmblables à celles qui l’habitent anciennement.
Mais-fl ces efpèces , nouvellement apportées s’ac-
couploient avec les ' anciennes , s’il en naiffoit un
'produit fécond , on auroit en peu de temps la
preuve de leur identité.
6 °. Enfin, les habitudes de la plupart des oifeaux
nous font peu connues : j’éntends par ce mot,
leur manière de vivre habituelle- ; le genre de leur
nourriture particulière ; leur manière de la chercher ;
leur façon de fe . conduire vis-à-vis de ceiix de
leur efpèce, ou vis-à-vis des àutres oifeaux , de
vivre feuls ou de fe réunir en troupes ; leur manière
de fe rechercher , les mâles & les femelles ,
au temps de la ponte. , de. s’aparier ou de contracter
une forte de mariage ; les carefles qu’ils
• fe font avant de jouir ; la durée de leur vie ; le
bien ou le mal qu’ils nous font , Tels font
les principaux faits qui nous manquent fur l’hifl
toire d’un grand nombre d’oifeaux , même de ceux
qui habitent nos contrées & en général par raport
à prefque tous les oifeaux étrangers. C’eft donc
à compléter ces faits, autant qu’il eft poflible ,
qu’on doit inviter les voyageurs, & je les 'dois
avertir aufli, qu’en faifant des envois de peaux
d’oifeaux, auxquelles ils n’ajoutent , ni èbferva-
tions ni deferiptions , ils ne doivent pas omettre
d’indiquer la couleur des yeux , des pieds & des
parties dégarnies de plumes ; car ce n’eft que fur
l’animal yivant, ou fraîchement tué, qu’on peut
prendre une idée jufte de ces objets.
O R TO LAN .
P L enl. 24 7 ,fig . 1 .
B r is s . tom. 111, pag. 269 , genre X X X V .
U ortolan eft un peu plus gros, qu’un ferin ; fa
longueur eft de fix pouces trois lignes / il a neuf
pouces de vol ; fes ailés pliées atteignent au tiers
de la queue; il a la tête & le cou d’un olivâtre-
cendré ; le. tour des yeux d’un jaune-pâle ; la
gorge de cette même couleur & bordée de chaque
côté-par une ligne cendrée; le dos & les plumes
fcapulaires variés de marron-obfcur & noirâtre ;
le croupion & les couvertures du defîus de la
queue d’un brun tirant fur le marron ; la poitrine
& tout le deffou/du corps d’un jaune-roufleâtre,
qui s’éclaircit à proportion qu’on approche des
couvertures du deffous de la queue ; celles dm
deffous des ailes d’un jaune de foufre ; les petites
I du deffus brunes ; les moyennes d’un brun foncé',
terminées de roufleâtre, & les plus éloignées du
corps , aufli brunes , bordées extérieurement &
I terminées de gris ; les pennes des ailes brunes &
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bordées du côté extérieur, les grandes de g^satre ,
les moyennes de roufleâtre ; les pennes de l^queue
d’un brun-foncé; bordées de roufleâtre; le bec,'
les pieds. & les ongles jaunâtres : la penne la plus
externe de la queue de chaque côté eft bordée
de blanchâtre, extérieurement dans plufieurs individus.
•
La tête & le cou de la femelle font d’un cendre
plus foncé & variés de petites lignes, npirâtres , •
longitudinales.,
L'ortolan eft un oifeau propre aux parties méridionales,
de l’Europe où l’on en trouve^en tout
temps , mais tous les individus n’y demeurent
pas conftamment toute l’année ; une partie quitte
ces beaux pays au printemps , pour paffer dans
des climats moins chauds & même dans des climats
froids , puifqu’on trouve Y ortolan jufqu’en
Suède ; mais ces ortolans, voyageurs /.ne s’arrêtent
pas indifféremment dans .tous les pays intermédiaires
entre les contrées du midi & celles, du
nord; ils nichent en Lorraine , en Allemagne &
dans fort peu de cantons de la France , excepté
les provinces méridionales : ils font aufli leur nid
dans la Bourgogne & fur-tout dans les cantons les
plus chauds de cette province. Ils font deux pontes
par an -, & ils placent leur n id , fuivant les commodités
qu’ils trouvent dans les lieux où ils fe
font fixés. Ainfi en Bourgogne , par exemple ,
ils nichent fur les ceps , & dans les pays froids,
à. terre', au milieu des terres enfemencées.
Les ortolans arrivent à-peu-près avec les cailles
dans les pays où ils fe fixent, & ils en partent
vers le mois de féptembre. On croit que les jeunes
s’en vont les premiers &. que les vieux ne partent
qu’au commencement d’oftobre : ils fe retirent
les uns & les autres, dans les contrées'méridionales
, & leur manière de. voyager eft caufe qu’il
y a deux paffages de ces oifeaux, par année, dans
les pays intermédiaires où ils ne s’arrêtent pas. v
On prend lès ortolans aux gluaux & à la nappe ,
dans le temps de leur paflage. Us ont alors peu
de graiffe, mais ils en acquièrent beaucoup en fort
peu de temps, au moyen du millet, dont on les
nourrit. Plufieurs auteurs conseillent de les mettre
dans une chambre, fur le pla.ncher de laquelle on
a répandu du millet & dont on a bouché les fenêtres,
de façon que le jour n’y ait aucun accès ;
on l’éclaire à la lueur d’une lanterne : les ortolans
ne ceflent prefque pas de.manger à cette fombre
clarté & deviennent furchargés de graiffe en peu de
temps ; ils en périroient même affez promptement,
fl on ne leur ôtoit la vie quand on les , juge au
meilleur point où ils puiffent,parvenir. Cette méthode
peut être bonne : j’en ai vu pratiquer une
plus Ample aux gens qui font à Paris le métier
de prendre des oifeaux au filet. Si ces gens m’ont-
dit la vérité , leur redevance pour la permiflion
qui leur eft accordée , de tendre aux petits oifeaux,
fur un canton limité &. déterminé, eft fixée
a un certain nombre & ortolans qu’ils doivent fournir
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en automne a l’Officier dès chaffes dont ils'ont
obtenu une permiflion. Ces mêmes oifeléurs engrainent
les ortoLam en les nourriflant de millet
dans des cages couvertes , & où il n’y a guère
que l’auget à la graine qui foit. éclairé. Us m’ont
dit qu’il ne falloit pas plus de huit jours pour
qu’un ortolan fût au point convenable ; ils vendent
le furplus de leur redevance , & le prix d’ua
ortolan étoit de 3 liv. , il y a vingt-cinq ans
lorique je m’informai de ce fait. J ’accompagnai un
jour un de ces oifeleurs à la chaffe des ortolans ;
il les prenait avec deux nappes, au milieu def-
quelles il y avoit quelques petits oifeaux, & les
ortolans., les premiers pris , attachés par des ficelles
,- à des piquets, & du millet répandu à terre.
L ’oifeleur diftinguoit les. ortolans au vol ; ils paf-
foient par petites bandes de quatre ou cinq , à une
affez grande hauteur ; ils voloient par faccades &
à l’oppofé du vent qui. étoit nord : Foifeleur m’af-
fura qu’il ne paffoient jamais que par ce même
vent. Toutes les petites troupes ne s’abattoient pas,
mais cela arriyoit affez fouvent : elles ne fe fuc-
cédoient pas non plus très-fréquemment ; enforte
que la chaffe eft très-bonne quand on a pris huit,
dix ou douze ortolans dans, une journée , & le
temps du paffagé ne dure guère qu’une quinzaine
de,jours. Je parle des environs dë Paris, & d'après'
un oifele.ur qui n’avoit. pas-d’intérêt à me tromper.
Tout.le monde cônnoit l'ortolan comme un mets-
recherché & le gibier prefque par excellence. On
s'accorde .cependant à dire- que fa chair , toute
penetree de graiffe & qui n’en eft prefque qu’orne
peiotte , eft plus délicate que fapidë, & . f i raffa-
fiante qu’on n’en peut pas manger beaucoup, Mais'
ce qu’on fçait plus, rarement de cet oifeau, è’eft
qu’il a un chant affez agréable , & que dans les
pays où il eft abondant , on le nourrit en cage
par raport à fon ramage : il chante. , à ce qu’on
affure , aufli fouvent la nuit que le jour.
Le plumage.de l’ortolan eft fujet à.varier. Les
auteurs ont décrit, d’après Aldrovande :
- t°- nortolan jaune : c’eft la couleur de tout fort
plumage,.excepté le bord de l ’aile & l’extrémité
de fes pennes qui font blancs; il a le bec & les
pieds rouges. „ ’
.. z°. L ’ortolan blanc: il eft entièrement de cette
couleur & a pieds & bec rouges.
. 3°. L ’ortolan à queue blanche , dont la dénomination
indique fa différence d’avec les ortolans
ordinaires.
4°- L ’ortolan noir, dont la tète & le cou font
verdâtres ; il a le refte du plumage noir ; le bec
.rougè , les pieds cendrés'.
50. M. de Montbeillard a obfervé un ortolan
qui avoit la gorge jaune mêlée .de gris; la poitrine
grife & le ventre roux.
O r t o l a n , ( par les colons de l’Amérique. )
Voyt^ G o c o t z i n . . ■
O r t o l a n a v e n t r e j a u n e du Cap de Bonne-
Efpérance,