
Le marée h’eft pas tout-à-fait auffi gros que le canard
domestique ; il a le deffus de la tête d’un gris-rouf-
feâtre ; le derrière du cou , le dos, le croupion & les
plumes fcapulaires d’un brun-rouffeâtre ; les joues ,
la gorge & le devant du cou blancs ; le deffous
du corps tacheté de noirâtre fur gris-rouffeâtre ;
les couvertures du deflus des ailes d’un brun-obfcur ;
trois bandes tranfverfales fur les ailes, une verte
allez large, entre une jaunâtre & une noire ; les
pennes des ailes d’un brun-obfcur, les moyennes
jaunâtres ; la queue grife ; le bec de couleur de
plomb , a v e c , fur chacun de fes côtés & vers
fon origine, une tache triangulaire orangée ; la
partie nue des jambes, les pieds , les doigts 9 leurs
membranes couleur de plomb.
Catesby parle de ce canard comme l’ayant vu
aux illes de Bahama ; mais il ne s’y trouve que
très-rarement, au lieu qu’il eft commun au Bréfil.
Le mareca eft de la; même taille que le marée ;
il a la partie fupérieure de la tê te , du cou & le
deflus du corps d’un brun-foncé ; de chaque côté
de la tê te , entre le bec & l’oeil une tache ronde
d’un blanc-jaunâtre) la gorge blanche ; le defîous
du corps d’un gris-obfcur tirant fur le jaune; les
couvertures du deflus des ailes d'un brun brillant,
avec un léger reflet verdâtre ; cependant les
grandes couvertures intermédiaires font , du côté
extérieur, d’un verd brillant, terminé de noir ,
ce qui forme deux bandes tranfverfales fur les ailes ,
dont les pennes font brunes terminées de blanc ;
la queue eft noire ; le bec eft de cette dernière
couleur; la partie nue des jambes, les pieds,
les doigts , leurs membranes font' d’un rouge
fort vif. '
M A R EN G E . B e l . -V o y e z M é s a n g e b l e u ,
M A R G O T . Nom qu’on donne vulgairement à
la pie. Voye^ P i e .
MARIPOSA- Foyei B en g a l i .
M A RO U E T T E .
P I. enl. 7 5 1 .
Petit râle d'eau ou marouette. B r is s . tom. V ,
pag. 15 ),/ ? / . X I I I , fig. 1 , genre LX X IV .
Cocuan dans quelques-unes des provinces de
France.
Giradine en Picardie.
C ’eft la plus petite des trois efpèces de râles
qu’on trouve en Europe ; la marouette eft de la
groffeur d’un cailleteau 3 mais elle eft plus haute
fur jambe & d’une forme plus alongée ; fa longueur
eft de huit pouces onze lignes du bout du bec a
celui des pieds ; elle a douze pouces fix lignes de vol ;
tout le fond de fon plumage eft un brun-olivâtre,
tacheté de blanchâtre , plus ou moins rembruni
fur différentes parties ; la gorge eft cendrée, &
cette couleur s’étend fur le devant du cou , le
haut du ventre & les jambes ; le bord de l’aile eft
blanc vers le pli qui répond à celui du poignet ;
le bec & les ongles font d’un jaune-olivâtre ; la
partie nue des jambes & les pieds font d’u n brun
teint de jaunâtre.
La marouette eft, comme les autres râles, un oifeau
de paffage ; elle arrive de très-bonne heure, dès
la fin de février ou le commencement de mars ;
elle habite les prairies baffes & humides fur le bord
des eaux & des rivières ou près des étangs; elle
y fait fon nid parmi les rofeaux ; elle lé compofe
de joncs entrelaffés , & elle lui donne une forme
oyalé ; elle l’attache à quelque tige de rofeau ,
de manière qu’il peut être foulevé par l’eau qui
vient à croître , fe hauffer & b.aiffer avec elle :
la femelle pond de fix à huit oeufs ; auffi-tôt que
les petits font nés, ils courrent, entrent dans l’eau >
nagent, plongent & cherchent leur pâture ; ils ne
demeurent attachés à leur mère que très-peu de
temps, & fe féparent même les uns des autres
fort promptement.
La marouette eft un oifeau fi folitaire que le mâle
& la femelle ne fe recherchent que dans le temps
de la ponte ; à proprement parler ils ne s’apparient
pas , puifqu’ils ne forment point de fociété
enfemhle, & que leur accouplement n’eft qu’une
rencontre ; mais l’éducation des petits, comme on
vient de le v o ir , coûte peu de foins , & il n’étoit
pas befoin d’une fociété plus intime entre ces
oifeaux, la femelle feule pouvant aifément prendre
foin de la couvée. Malgré le peu d’attrait
réciproque des’ marouettes les unes pour les autres 3
elles font dans l’habitude de fe rappeller par un
cri aigu , auquel elles ne manquent pas de répondre
auffi-tôt qu’elles l’entendent ; mais c’eft tout le
commerce qu’elles ont enfemble. Ces oifeaux fo-
litaires, toujours cachés parmi les joncs & les
rqfeaux, font extrêmement farouches , & l’on ne
peut réuffir à les apprivoifer ; dans l’état de liberté ,
ils font de longues cQurfes dans les prairies & le long
des rivages ; ils entrent auffi dans l’eau, & , quoiqu’ils
aient les doigts féparés , ils nagent & ils plongent
très-facilement. On ne peut guère les découvrir
qu’à l’aide d’un chien , devant lequel ils tiennent
fi obftinément qu’on peut quelquefois les prendre
a la main, & fouvent les tuer d’un coup de baguette
; ils s’enlèvent rarement ; ils volent beaucoup
moins qu’ils ne marchent, & c’eft de la dernière
manière, que des plages maritimes, ils pénétrent
très-avant au printemps dans les pays du
nord, qu’ils en reviennent aux mois de feptembre
& d’oéiobre, qu’ils retournent fur les bords de la
Méditerranée , dont, malgré le peu d’étendue
de leurs ailes, ils franchiflent l ’efpace d’jles en
île s, à la faveur d’un vent favorable.
J ’ai reçu de Cayenne & de la Louifiane deux
Taies qui me paroiffent de la même efpèce que la
marouette, & qui n’en diffèrent pi par lés couleurs ,
ni la difpofition des taches, non plus que par les
dimenfions.
MÀRTELET. Voyez Martinet noir.
M A R T IN .
Merle des Philippines. P L enl. 2.19.
Idem. B r i s s . tom. 11, pag. 278 , pl. X X V I i
fig. 1 , genre X X I I ,
C e t o ife au e ft u n p eu p lu s g ro s q u e n o t re merle ;
i l en a le s c a r a â è r e s g én é r iq u e s ; i l fe n o u r r it d’in-
fe é fe s & fp é c ia lem ên t d e fau te re lle s : fa lo n g u e u r
e f t d e n e u f p o u c e s & d em i du b o u t d u b e c à
c e lu i d e la q u eu e ; fo n v o l d e q u a to rz e p o u c e s
q u e lq ue s lig n e s , & fe s a ile s p lié e s ab o u tiffen t au x
d e u x tie r s d e la lo n g u eu r d e la q u e u e ; le s p lum e s
q u i c o u v r e n t la p a r tie fu p é r ie u re d e la tê te fo n t
d ’un n o ir lu ftré , lo n g u e s & é tro ite s ; la g o rg e ,
le co u & le haut d e la p o it r in e fo n t d ’un n o ir
q u i t ire fu r le g r is ; i l y a d e r r iè re l’oe i l , d e
ch aq u e c ô t é , u n e fp a c e n u & c o u v e r t d’u n e p e au
jau n â tre ; le b a s de la p o i t r in e , le d o s , le c ro u p
io n 3 le s p lum e s fc a p u la ir e s , le s c o u v e r tu re s du
d e flu s & du d e ffo u s des a ile s & c e lle s d u d e flu s
d e la qu eu e , le s j am b e s , fo n t d ’un b ru n q u i tire
fu r le m a r ro n ; le v e n t r e , le s c ô té s & le d e ffou s
d e la q u eu e fo n t b lan c s ; le s g ran d e s p en n e s d es
a ile s fo n t b la n c h e s , d e le u r o r ig in e à la m o itié de
le u r lo n g u e u r , n o irâ tre s dans le r e f t e ; le s m o y e n n e s
fo n t b ru n e s ; la q u e u e e f t d ’un b ru n f o n c é , te r m
in é e d e b la n c à la p o in te d e s p e n n e s , e x c e p té
le s d e u x du m i l ie u , q u i fo n t en tiè rem en t b ru n e s ;
le b e c & le s p ie d s fo n t jau n e s .
Il y a un peu plus de vingt ans qu’On tranf-
porta plufieurs paires de ces oifeaux des Philippines
à l’île de Bourbon, défolée alors par les ravages
que les fauterelles y caufoient : MM. Desforges-
Boucher, gouverneur, & Poivre, intendant, crurent
que ces oifeaux, en fe multipliant dans l’île , la délivreraient
des infe&es qui en étoient le fléau ; l’évènement
répondoit déjà à cette efpérance , lorfqu’on fe
plaignit que les merles , auxquels on avoit donné
le nom de martins, bouleverloient les terres nouvellement
enfemencées ; on répondit à ces reproches
qu’ils ne fôuilloient la terre que pour y
chercher les oeufs des fauterelles, dont le produit fe-
roit plus funefte aux plantes que le défordre que les
martins pourroient caufer dans les femences :
ces raifons, quoique bonnes, ne fauvèrent point
les martins , qui furent proferits, &. très-promptement
détruits; on ne tarda pas à s’en repentir ;
les fauterelles, dont le nombre avoit commencé
a diminuer, exercèrent de nouveau les rayages
auxquels on avoit eu l’intention d’oppofer les
oifeaux qui en vivoient : on fit de nouveau apporter
des martins, qu’on tira des Philippines ; on
les mit fous la fauvegarde des loix & fous celle
du préjugé , qui, fi fouvent nuifible, eft quelquefois
utile. Les médecins déclarèrent la chair
des martins malfaifante , & abufant de la crédulité
des colons, ils les trompèrent pour leur avantage :
genre de fervice que la foibleffe de l’humanité
exige fouvent du médecin.
; Les oileaux deftru&eurs des fauterelles, protégés
par les lo ix d o n t on attendoit le bien général
fans efpoir d’avantage particulier à leur ruine, multiplièrent
abondamment en peu d’années ; onfe plaint
aujourd’hui que, devenus trop nombreux, ayant
détruit les fauterelles, ils fe rabattent fur les fruits
même fur les femences nouvçllement confiées à la
terre. Leurs dégâts, dit-on, font équivalens de ceux
que caufoient les infeÂes auxquels on les a op-
pofés ; mais on a fans doute oublié les premiers
dommages, & la perte préfente groffit le tort des
martins ; s’ils font cependant nuifiblés , qui peut
empêcher d’en diminuer le nombre ? Seroit-ce la
reffource qu’ils ont de fe retirer dans les bois ? Mais
apparemment ils n’y trouventpas a v ivre, puifqu’ils
fe jettent fur les lieux cultivés, où on peut leur
dreffer des pièges & en tuer un grand nombre. D ’ailleurs
, comment auroit-on p u , une première fois, exterminer
mal-à-propos la race , encore peu nom-
breufe , & arriveroit-il qu’on ne pourroit aujourd’hui
la reftreindre à de juftes bornes ? Ce calcul
paroît plüs aifé & d’une exécution plus facile
que par-tout ailleurs', dans une île , dont l’étendue
eft affez bornée ; & ce fera fans doute le plan
que fuivront les colons félon que leur intérêt le
j leur fuggérera.
Les martins font deux couvées par an , de
quatre oeufs chacune ; ils placent leur nid fort fouvent
fur le palmier latanier , & dans les greniers
, toutes les fois qu’ils y trouvent accès ; ils
ont pour leurs petits un attachement affez v if pour
les défendre à coup , de bec contre ceux qui les
enlèyent, & fi on les place dans un endroit à
leur portée , ils continuent de les élever à travers
la cage dans laquelle oh les a enfermés ; les jeunes
s’apprivoifent très-aifément, apprennent en peu de
temps à parler , & contrefont le cri des oifeaux ou
des animaux aomeftiques qu’ils font à portée d’entendre
; ils font gefticulateurs , & ils accompagnent
leurs cris de differens mouvemens qui ne déplaifent
pas.
L ’exemple des martins, qui ont détruit à l’île
de Bourbon les fauterelles dont cette colonie étoit
défolée , ne pourroit-il pas être appliqué au cas
dans lequel fe trouvent plufieurs des Antille s,&
particulièrement la Martinique ?
On fçait qu’il y a dans la partie méridionale
de l’Amérique deux quadrupèdes qui ne vivent
que de fourmis, qui, par leur organifation , ne
fçauroient prendre d’autre nourriture , ni caufer
aucun dégât aux plantations»
De ces deux quadrupèdes, auxquels on donne ,
d’après leur manière de vivre ,, le nom de fourmi-
liers y & d’après la dénomination dont les fauvages
ufent à leur égard, celui de tamanoirs , l’un eft à-
peu - près de la groffeur d’un furet , l’autre ,
beaucoup plus grand , l’eft autant que le chien de
la plus forte race.
, Le premier, s’il étoit très-multiplié, pourroit
détruire un grand nombre de fourmis ; on auroif
un avantage bien plus décidé à attendre du fécond ,
a caufe de fa taille & du nombre prodigieux «de
fourmis qu’il eft néçeffairement obligé de facrifier
à fon appétit.
. Mais feroit-il auffi aifé de tranfporter de la
Guiaue aux Antilles les fourmiliers qu’on trouve
&