
Il eft peu d’animaux auffi ardens que le moineau
mâle ; Aldrovande raporte en avoir vu un qui
jouit vingt fois de fuite de fa femelle, dans un
efpace de temps très - court, & qui fe préparoit
a une nouvelle jouiffance quand la femelle s’envola
; ce befoin preffant met fouyent les moineaux
males aux prifçs les uns avec les autres , & il n’eft
perfonne qui n’ait remarqué leurs combats. Au
printemps on les v o it , fe tenant par le bec ,
former des grouppes de cinq à f ix , quelquefois
davantage ; ces grouppes rouler dans l’air ; les
affaillans fe porter des coups comme fur terre ,
& fe précipiter quelquefois dans des chambres par
les portes ou les lènêtres qui fe trouvent ouvertes.
L a fureur des combattans eft fi grande , qu’ils ne
redoutent ni ne voient aucun danger; ces combats
font accompagnés de piaillemens aigus & toujours
fuivis de la courfe de quelque vainqueur qui s’én-
vole vers la femelle qui en eft l’objet. En général
les moïp.eaux l'ont d’un naturel pétulant ; 'ils font
criards & hardis , & ces difpofitions font exhaltées
dans la faifon & la circonftance qui donnent plus
d’énergie aux fenfations de tous les animaux ; le
moineau d?un naturel hrufque * jouit avec impé-
4 tupfité, parce qu’il eft d’un caraélère pétulant &
qu’il éprouve des defits yiolens ; mais il cônnoît
les préludes qui préparent la: jouiffance ; le mâle
donne à manger à fa femelle ; elle reçoit fes ca-
reftes en baillant les ailes , en les agitant d’un
petit battement précipitée , en relevant la queue ,
enentr’ouvrantlebec &. faifant entendre des accens
qu’elle ne rend pas dans d’autres temps. Ces préludes
font plus courts que ne le font en pareil cas
ceux des oifeaux plus lents dans tous leurs mou-
vemens ordinaires , moins ardens dans leurs defirs ;
mais leur vivacité n’en compenfe-t-elle pas la durée*
& la jouiffance d’un inftant ne peut-elle pas être
égale à celle de plufieurs heures? La nature-a, fans
doute * accordé à tous les animaux un degré de
bonheur dont il ne faut pas juger par une loi
commune pour tous , mais par le raport de leur ,
organifation à leur manière de jouir.
On fera, fans doute, furpris qu’on ne fâche pas
encore quelle eft la durée de la vie. d’un oifeau
auffi commun que le moineau • foit qu’on ait négligé
d’obferver ce fait., peu important peut-être,
ioit qu’il'fû t difficile à cpnftater-, les auteurs ne
s’accordent pas fur ce qui le concerne ; ils conviennent
feulement en général que la vie du
moineau eft fort courte; quelques-uns la rëfttaignent
à deux ans , & les railons qu’ils donnent font que
les moineaux multipliant autant qu’ils, le fo n t , î’ef-
pèceferoit encore beaucoup plus nombreufe qu’ellç
ne l’e ft, fi, la vie des individus n’étoit pas bornée
à une trèsrcourte durée ; mais on doit faire attention
qu’en jouiffant dans les villes dés avantages
de la foçiété, le moineau en fouffre auffi les incon-
véniens. Le nombre des ennemis qu’il a-à craindre
eft plus grand; il eftplus -expofé à leur recherche.;
il eft plus fouvent troublé dans l’éducation dçfes
petits ; ils lui font enlevés plus fréquemment, Si
il a en tout temps des dangers plus nombreux &
plus preffans a craindre ; c’en eft affez pour que
ces defavantages limitent l’èfpèce & en empêchent
la trop grande multiplication. Peut-être font-ce les
memes rifques que le moineau court jfi fouvent qui
1 ont rendu tout-à-la-fois hardi, méfiant & rufé ;
il eft difficile à tromper * & il ne donne que difficilement
dans les pièges ; il s’y précipite plus
rarement dans les villes que dans les villages où
1 abondance n’eft pas fi grande * & dans ces dernières
demeures on prend affez aifément beaucoup
de moineaux lorfque la neige qui couvre la terre
& la gelee ont amené la difette. Lë befoin aveugle
neceflàirement fur le péril & le mal qui eft urgent,
en fait affronter un qui n’eft pas certain. Ainfi
nous jugeons des qualités & même des vertus,
par les faits auxquels il faudroit ajouter les cir-
conftances , pour les apprécier équitablement.
Les raifons qu’on a données fur la courte durée
de la vie des moineaux * ne m’en paroiffent donc
pas une preuve ; & , fans pouvoir décider ce fa it,
il me paroît par l’exemple des moineaux privés,
quon a trop reftreint la 1 durée de la vie de cette
efpece ; en e ffet, il n’eft pas rare de 'voir ceux-ci
vivre fept à huit ans, & rien n’autorife à penfer
que la domefticité prolonge l’exiftence des animaux;
'
Les moineaux pris jeunes deviennent très - familiers
, ils font fufceptibles des apparences de
1 attachement ; on en1 a vu revenir fidellement à
là voix de leur maître , & qui jouiffant de la liberté
qui leur étoit accordée ÿ fans en abufer, revendent
conftamment chaque jour le foir des jardins ou. de
la campagne où ils avoient prisLeurs ébats pendant
la journée.* à l’habitation de ceux qui les avoient
eleves : on peut auffi, avec beaucoup de foin leur
apprendre à prononcer quelques mots * & corriger
leur vo ix naturellement défagréable par celles
d autres oifeaux qu’on leur fait entendre étant
jeunes ; mais ils gâtent plus fouvent celle des
oifeaux près de qui on Jes place, qu’ils ne rectifient
la leur.
Incommodes par leur nombre ,-défagréables par
le fon de Leur vo ix , importuns par leur hardieffe
& leur petulence, les moineaux paffent encore
pour etre nuifibles par le tort qu’ils font aux fruits,
aux ruches, & fur-tout par la confommation du
grain , genre de dommage qui doit être plus con*
fiderable dans la campage où ils ont moins d’autres
reffources ; on ; a évalué à dix livres de blé la
nourriture d’un moineau par an , & cette confommation
, vu le nombre des individus , a paru dans
plufieurs^cantons de l’Europe mériter qu’on mît
leur tete a prix. Il y a quelques années qu’on agita
en Fiance cette queftion dans les journaux; ceux
qui defendoient la caufe des moineaux foutenoient
que par le grand nombre d’infeétes qu’ils détruifent,
ils font plus de bien qu’on a de mal à leur reprocher
de la confommation du grain , des dommages
qu’ils caufent aux fruits, & du nombre des
abeilles qu’ils détruifent; le^rocès eft refté indécis*
& il ne femble pas aifé de faire l’évaluation des
deux équivalens, qui feroit cependant néceffaire
avant de prendre un parti ; mais comme la confommation
d’un moineau n’a été eftimée qu’en le
nourriffant feulement de grain , & qu’il ufe de
beaucoup d’autres alimens , il femble qu’on peut
déjà la réduire de beaucoup , de d’ailleurs, il ne
reliera de moineaux véritablement malfaifans que
ceux qui habitent les villages où leur nombre eft
affez modique ; mais les moineaux renfermés dans les
villesy vivant dans l ’abondance des relies d’alimens
qui s’y perdent, doivent néceffairement confommer
peu de grain ; ainfi leur déprédation ne paroît pas
mériter qu’on les proferive généralement , & la
peine qu’il en couteroit feroit peut-être au-deffus
de l’avantage qui en réfulteroit.
Le plumage des moineaux eft fujet à varier. On
en voit de tout blancs, mais d’un blanc - fale ;
d’autres d’un plumage mêlé de blanc & des couleurs
ordinaires à cette efpèce ; quelquefois de
noirs.
M o in e a u (pe tit). C a t e s b . tom. / * pag. pl.
35. Voyez L ino t t e b r u n e .
M o in e a u a b e c ro u g e du Cap de Bonne-
Efpérance. B r is s . tom, 111, pag. 108..Voyez M o ineau
du Sénégal.
M o in e a u , a b e c ro u g e du Sénégal.B r is s .
tom. 111, pag. 1 10 . Voyez M oin eau du Sénégal.
M o in eau a c o l l ie r , B r is s . tom. III,pag. 85.
Voyez F r iq u e t .
M oineau a l a so u l c ie . B e l . V. S o u l c ie .
M o in eau a têt e ro u s se de Cayenne. PU
enl. 2 0 1 , fig. 2. Voye^ Passe -VERD.
M o in eau au c o l l ie r ja u n e . B e l . Voyez
S o u l c ie .
M o in eau bleu de Cayenne. P l. enl. 203 *
fig. 2 , Voyez_ P asse-b l e u .
Moin eau b ru n . C a t . tom. 1 , pag. & pl. 34.
Voyez B ru n et .
M o in eau de Bahama. C a t . tom. I , pag. &
p l 37. Voyez V e r d in e r e .
Mo in eau de bois. B r is s . tom. I I I , pag. 8 8 ,
Voyez S o u l c ie . ,
Moin eau de buiffon de l’ Amérique. Edw,
tom. 111 3 pag. & pU 12 2 . Voyez' H a b it u n i .
Moineau de campagne. B r is s . Voyez F r i q
u e t .
M o in eau de Canada, P l. enl. 223 , fig. 2.
B rlss. tom. 111, pag. 102. Voyez SoULClET.
M oineau de Cayenne. P l. enl. 18 1 , fig. 1.
Voyez F EL QU et hupp-é .
M o in eau de Cayenne. P l. enl. 224. Voyez
J a c a r ïn i .
^Mo in eau de Guinée. Voyez Pe r r u c h e a
tete ro u ge .
M oin eau de haie. Voyez F au v e t t e d’hiver.
M o ineau de Java,
M O I
| P l. enl. 2,24 , fig. 2« ■ '•
Cet oifeau me paroît être le même que M. Briffon
a décrit, tom. 1 1 1 , pag* 120 , fous le nom-de pere
noir à bec rouge. Il eft beaucoup moins grand que
le moineau d Amérique, auquel on a donné le
nom de pere -n oir. Tout fon plumage eft d’un
noir d’acier poli ; fes yeux font noirs * entourés
d’un cercle blanc fort étroit; fon b e c , fes pieds
font couleur de chair ,. fes ongles noirs ; il y a de
plus fur la planche enluminée un demi-collier b lanc,
étroit, au bas du cou en devant ; M. Briffon ne
parle pas de ce demi-collier ; mais il a fait fa
defeription d’après les auteurs & fans avoir vu
l’oifeau. Genre X X X I I I .
Moineau de la Caroline. P l. enl. 181 ,fig . 2 ,
Voyez F riquet huppé.
Moineau de la côte d’Afrique. P l. enl. 203,
fig. I. Voyez Beau-marquet.
Moineau de l’Ifte de France. P l. enl. 665 ,
n°. 1 , le mâle : 2 , la femelle.
Cet oifeau eft le même qui eft repréfenté pl.
enl. 1 3 4 , fig. 2 , fous le nom de moineau de Ma-
dagafear ; il a été deffiné, pour cette fécondé
planche, fur un individu qui avoit acquis fon
plumage complet, & le premier, fur un individu
dont le plumage tenoit encore beaucoup de celui du
premier âge. Ce font les oifeaux auxquels M. le
comté de Buffon a confervé le nom de foudïs ,
d’après léur dénomination à Madagafcar. K F oudi.
Moineau de Macao. P l. enl. 2 2 4 , fig. 2.
Je ne connois cet oifeau que par la figure enluminée
qui le repréfente.
Il eft-de la groffeur du fènègali ; tout le corps
eft couvert de plumes noires ; il y a cependant
quelques taches blanches -fur le milieu du ventre * -
les ailes, & la queue font variées de noir & de
brun ; la première de ces deux couleurs occupe le
milieu des plumes, & la fécondé lui fert de bordure
; le bec eft d’un rouge foncé ; les pieds font
d’un rouge-clair. Genre X X X I I I .
Moineau de ville. Be l . Voyez Moineau.
MoiNEAU.de Madagafcar. P l. enl. 134 ,7%. 2 ,
Voyez F oudi.
Moineau de montagne. B r is s . tom. I I I 3p. 79.
Voyez F r i QU e t.
‘Moineau de mur ou de muraille. Voyez F r iquet:
; Moineau de neige. Cat, Voyez Ortolan de
neige.
Moineau de noyer. Be l . port. cToif. pag. 93.
Voyez F riquet.
Moineau de Virginie. B r is s . tom. I I I , j§ io i .
Voyez L inotte brune.
Moineau duBréfil. Voyez Perruche a tête
rouge.
Moineau du Bréfil. P l. enl. 291 ,fig . 1 , le
mâle ; 2 , la femelle.
J ’ai vu cet oifeau1 vivant deux ou trois fois
chez nos oifeliers à Paris, & j’ai eu un mâleaufli
vivant pendant environ deux mois ; il eft à-peur