
par les couleurs de la poule fuivant fon plumage.
11 faudroit par conféquent autant de defcriptions
que d’individus. Il y a des faifans bâtards mâles &
d’autres qui font femelles, mais ils ne produifent pas
enfemble ; le mâle eft ftérile décidément, & l’on prétend
quela femelle accouplée avec 1 e faifan produit
une race qui rentre dans l’ordre de la première fou-
che, c’eft-à-dire, du faifan. L’accouplement du faifan
commun avec la poule réuffit difficilement, parce
que, quoique le faifan faffe les avances, la poule
s’y refufe. Pour réuffir dans l’entreprife d’avoir des
métis , il faut refferrer la poule avec le faifan
mâle & qu’elle n’ait pas la liberté de fe fouftraire
à fes pourfuites. Frifch nous apprend qu’on élève
beaucoup de faifans bâtards en Allemagne : leur
chair palfe pour un manger très-délicat, mais c’eft
un morceau très-cher & fort rare en France. Feu
A L le Marquis de Courtanvault faifoit accoupler
tous les ans, dans une de fes terres, des
faifans avec des poules, & je tiens de lui que fur
trois cens oeufs qu’on avoit coutume de mettre
fous les poules chaque année , il ne s’en trouvoit
pas plus de'huit ou dix qui fuffent fécondés &
dont il fortît des métis ; tout le refte étoit des
oeufs clairs.
Faisan belles- couleurs de la Chine. E dw .
Voyei Faisan doré.
F aisan b lan c . Vbyeç F aisan , fin de l’article.
F aisan blanc de la Chine. B riss. Voye£
F aisan noir et blanc de la Chine.
F aisan bruyant. Voyeç T étras.
F aisan commun de la Chine.
I l y a à la Chine un faifan qui reffemble beaucoup
au nôtre, & qui probablement n’en eft
qu’une variété ; on l’a apporté en Angleterre où
il a multiplié , mais il eft encore peu connu en
France, & les auteurs n’en ont pas parlé : il y a
fept à huit ans que je reçus de Londres une paire de
ces faifans. M. Poivre , qui a fait plufieurs voyages
à la Chine, qui y a demeuré affez long-temps,
vit mes nouveaux fa ifan s , les reconnut, & c’eft
à lui que je dois de fçavoir qu’ils font l’efpèce
de faifans la plus commune à la Chine ; qu’on
en élève un grand nombre, & qu’on en fert fou-
vent fûr les tables. M. Sonnerat, dans le dernier
voyage qu’il a fait aux Indes, a féjourné à la
Chine, & il en a apporté 1 e faifan qui eft le fujet
de cet article. Il eft un peu plus petit que le
nôtre, fon plumage eft le même, à quelques différences
près ; mais il lui reffemble par fon caractère
dur, fauvage & prefque indomptable. Ce
qui prouve encore bien plus furement l’identité
de fon efpèce avec celle de notre fa ifa n , c’eft
qu’il multiplie avec la femelle du nôtre, & qu’il
produit une race féconde. Il a fur la tête deux
pinceaux de plumes en forme de cornes ou d’oreilles,
comme notre faifan en a ; les yeux font
de même entourés d’une membrane rouge , qui
fe colore & s’étend félon les circonftances ; les
plumes qui couvrenfle deffus de la tête & le
haut du cou font d’un verd à reflets violets &
bleuâtres ; mais vers le tiers du cou il y a un
collier de plumes d’un blanc éclatant ; il eft plus
large fur les côtés que fur le devant & qu’en
arrière ; les plumes qui font au-deffous font de
la même couleur que le haut du cou. Le dos &
les plumes fcapulaires font colorés comme dans
notre faifan ; mais le fond de la couleur fur ces
parties , & fur toutes en général, eft d’une nuance
moins foncée & plus éclatante ; i l y a fur le dos
des taches plus larges que fur celui de notre fa ifa
n ; elles font plus régulières , & vues de loin
elles ont l’apparence de ces taches à cercles concentriques
, auxquelles on donne le nom d’yeux.
Un oileleur, qui avoit fait commerce long-temps
d’oifeaux étrangers, M. Chateau le père , vit mes
fa ifan s , & me dit qu’il y en avoit eu anciennement
une paire à Paris , qu’on les nommoit faifan-
paon. Ce nom étoit fans doute relatif aux taches
en forme d’yeux dont cet oifeau paroît couvert
quand on le regarde de loin ; car de près ces
taches n’offrent plus la même apparence ; le bas
du dos & le croupion font couverts de plumes d’un,
verd tendre , pâle , glacé de blanc & chatoyant.
Le deffous du corps eft coloré , comme dans notre
faifan ; mais le rouge âtre-vineüx qui fait le fond
de la couleur eft beaucoup plus clair & plus
éclatant, les taches d’un violet-pourpré & noirâtre
qui tranchent fur ce fond , font plus petites que
dans notre faifan ; elles ne coupent pas de
même le fond en-travers, mais elles font ofc-
longues & fituées à l’extrémité des plumes dans
la direction de la tige. Les ailes &. la queue
font colorées & variées , à - peu - près comme
dans notre faifan ; la queue eft un peu moins
longue. L e bec & les pieds font de la même
couleur que dans le faifan d’Europe. La femelle
eft un peu plus petite que le mâîe , & fi fem-
blable à celle de notre faifan commun, qu’il
eft difficile de trouver en quoi elles peuvent
différer.
La paire de faifans dontje viens de faire la défi-
cription fut placée à l’automne dans une maifon
de campagne où il y avoit des parquets propres à
la recevoir , & où on étoit dans l’ufage d’élever
des faifans : la femelle mourut dans l’hiver : au
printemps on donna au mâle une femelle de faifan
noir & blanc de la Chine ; ces deux oifeaux,
quoique d’une groffeur qui n’étoit pas affortie,
s’accouplèrent & produifirent une racedont je parlerai
à la fin de cet article , & qui,-jufqu’à préfent,
eft demeurée ftérile. Il y a trois ans que je rapportai
à Paris le faifan mâle de l’efpè ce commune
à la Chine ; jëiui donnai, au printemps de 1 7 8 1 ,
deux femelles du faifan de notre pays : il les fer-
vit avec l’ardeur la plus vive. Cet oifeau, qu’aucun
traitement n’avoit pu adoucir, qui n’avoit pu
s’habituer à la vue des perfonnes 'qui paffoient
fréquemment à fa portée, s’approchoit, dans]es
cmportemens de fon amour, de l’une des femelles,
lors même qu’on étoit près de la grille de fon
parquet, & l’oeil en fe u , les pinceaux de fa tête
relevés, la membrane qui couvroit fes joues écarlate
, marchant de côté , la queue épanouie , il
faififfoit fa femelle avec violence & jouiffoit avec
des mouvemens brufques & impétueux qui repon-
doient à fon naturel dur &. fauvage. Cependant
les femelles , foit que ce fût un vice individuel,
foit que c’en foit un de l’efpèce quand elle eft
enfermée trop à l’étroit, arrachoient beaucoup de
plumes au mâle & les avaloient ; il y paroiffoit 1
infenfible & ne' faifoit rien pour fe fouftraire à ce
traitement, qu’il ne paroiffoit pas même chercher
à éviter : je craignis qu’il n’en fouffrît, & je retirai
les femelles : elles avoient pondu douze oeufs
pendant leur cohabitation avec le mâle ; ils avoient
été mis à part; elles en pondirent après leur fépa-
ration encore dix-huit. Les douze premiers furent
mis fous une poule , & les dix-huit autres fous une
fécondé poule. Il fortit, au vingt-quatrième jour,
dix faifandeaux des douze premiers oeufs ; &
vo yant, après un délai fuffifant, qu’il n’en fortoit
pas des oeufs pondus depuis la féparation des
- femelles avec le mâle , je les caffai : il n’y en
avoit qu’un qui eût été fécondé & dans lequel le
petit étoit mort. Tous les autres étoient clairs. Je
ne cite cette obfervation que parce qu’elle prouve
qu’il n’en eft pas du fa ifa n , au moins de celui dont
je parle dans cet article , comme du coq dont une
feule approche féconde la poule pour long-temps,
& qu’au contraire, pour que les oeufs dans cette
efpèce foient féconds, il eft néceffaire. que l’accouplement
foit renouvellé pendant tout le temps
de la ponte.
Les dix faifandeaux qui étoient nés des douze
premiers oeufs furent élevés avec les foins nécefi
faires ; mais différens accidens en ayant fait périr
le plus grand nombre ; trois feulement font parvenus
au terme de leur grandeur & vivent encore
, un mâle & deux femelles. Le mâle prit les
couleurs de fon père dans l’automne qui fuivitfa
naiffance. Je ne l’ai pas confervé & je n’en fuivrai
pas l’hiftoire. Quant aux deux femelles, je les ai
mifes au printemps fuivant avec le mâle qui leur
avoit donné naifiance ; mais comme elles avoient
le même vice que leur mère , celui d’arracher les
plumes du mâle pour les avaler , je ne les ai
laiffées avec lui que peu de temps ; les oeufs pondus
pendant cet intervalle ont été mis fous une
poule , & de quinze qui y ont été p la c é s il eft né
huit faifandeaux, dont cinq fe font très-bien élevés
, fçavoir deux mâles & trois femelles.
Le faifan comihun de la Chine peut donc produire
avec la femelle du nôtre, & la race qui en
provient eft féconde, au moins de la part des
femelles rendues au premier mâle. Je n’ai pas
vérifié encore fi cette efpèce produit en n’accouplant
enfemble que des mâles & des femelles iffus de
même race. J ’ai quelques raifons de préfumer que
noli, parce qu’une perfonne à qui j’ai donné le
premier de mes jeunes mâles l’a accouplé avec
deux femelles de notre faifan dont les oeufs n’ont
pas été fécondés ; mais, comme j ’ignore fi l’expérience
a été faite comme elle devoit l’être,
qu’on ne m’en a rendu qu’un détail très-fuper-
ficiel , & qui m’a été rapporté par un tiers, je
la regarde comme infuffifante.
La reffemblance du faifan commun de la Chine
avec le nôtre, relativement au plumage , au naturel
dur & fauvage, fa faculté d’engendrer avec
les femelles de celui de notre pays ; & de produire
une race féconde , au moins de la part des
femelles, l’anecdote de la part des jeunes mâles
qui proviennent de fon accouplement, ou avec
les femelles de notre fa ifa n , ou avec celles qu’il a
produites, de prendre fon beau plumage dès la
première année, font autant de raifons de regarder
le faifan commun de la Chine comme une variété
du nôtre , & ce fait ne fouffrira plus aucun
doute fi les mâles & les femelles de cette race
font féconds entre eux. Il eft vrai que le faifan
doré de la Chine a auffi produit avec la femelle
de notre fa ifa n , mais on n’a pu vérifier fi les
femelles provenues de cet accouplement étoient
fécondes d’aucune manière ; d’ailleurs, puifqu’il y
a à la Chine un faifan qui a beaucoup plus de
rapport avec le nôtre que n’en a le faifan doré,
il n’eft guère probable que celui - ci foit une variété
du nôtre , comme un très - habile & très-
célèbre naturalifte l’a conjeéturé ; c ar, comment
l’influence du même climat auroit - elle agi différemment
fur deux races dans le même p ay s , &
produit dans le même efpace, fous le même ciel,
fur la même terre, deux variétés fi différentes
l’une de l’autre ? Je ne crois donc pas que , ni le
faifan doré , ni le faifan noir & blanc de la Chine,
foient des variétés du nôtre. Cependant j ’ai dit au
commencement de cet article , que le faifan commun
de la Chine, qui me paroît être une variété
du nôtre , avoit. produit , accouplé avec une
femelle du faifan noir & blanc. Ce fait eft favorable
à l’opinion que je n’admets pas, '& femble
rapprocher le faifan noir & blanc du nôtre , en
prouvant fon rapport avec l’efpèce que j’en crois
une variété ; mais j’ai dit en même-temps que le
produit s’eft trouvé ftérile jufqu’à préfent ; cette
preuve n’a pas toute la force dont elle feroit fût-
ceptible, parce que la femelle n’a été ni rendue
au mâle dont elle eft née, ni à un mâle de notre
p ay s , & qu’elle n’a été mife qu’avec un mâle de
fa race ; on ne pourra rien obtenir d’abfolument
déd fif,que la race provenue du faifan commun
de la Chine & du nôtre n’ait été accouplée avec
des individus de même race feulement ; car fi
ces individus font féconds, tandis que ceux provenus
du faifan commun &. du faifan noir de la
Chine rie le font pas, il fera évident que les premiers
ne font que des variétés , tandis que les
féconds conftituent deux efpèces féparées.