
ÏShirondelle de fenêtre eft plus petite que celle
oe cheminee : elle en diffère auiîï par une partie
«lu plumage , par la queue qui eft moins étagée,
par le duvet dont fes pieds font couverts & par
plufieurs de fes habitudes; elle a cinq pouces cinq
J ignés du bouj: du be:ç à celui de la queue • le
croupion , 1 ^ gorge & tout le deffous dn co’rps
d un beau blanc ; le deffus de Ja tête & du cou ■
je, dos, les couvertures du defl'us de la. queue &
tes plumes fcapulaires font noirs, glacés de bleuâtre,
«cependant toutes les plumes, excepté les fcapu-
laires font cendrées, à leur origine & blanches
dans leur partie moyenne, mais lorfqu’elles font'
couchée^, le noir bleuâtre eft la feule couleur ap-
parente ; les pennes des ailes font brunes avec
es reflets, verdâtres du côté extérieur ; les trois
Piqs, près du corps font terminées de blanc : un
duvet de la même couleur couvre les pieds iufqu’à
loriginp des ongles qui font grisâtres ; le bec eft
noir. Cette couleur eft moins foncée fur le- dIu-
mage de la femelle ; le blanc eft moins pur &
Tmm MK fur M croupion. Les jeunes ont la
tete brune avec une. teinte de la même couleur
qui. s «tend tous l.e cou; les reflets du plumage
font moins , brdlans & plutôt verdâtres que bleus .
cependant les p.ennes des ailes font, au contraire ,
teintes plus fortement.
M hirondelle de fenêtre arrive quelques jours plus
tard que celle de cheminée ; elle pafle les premiers
jour? aux environs des eaux où elle donne la
cnaUe aux infectes; mais vers le quinze «Taroti-
dans nos clinjats , elle commence à .s’approcher
■ lieux habites & à conltruire fon nid qu’elle
attache aux entablemens , aux corniches & à l’em-
?^n;Urej S *enêtres îfcependant elle préfère les
lailhes de quelque rocher ou les parois de quelque
caserne , quand il y. en a dans le voifinage, qui
lui offrent- les mêmes commodités^ Il ne faut, ce
rne lemble , ni l’en accufer d’avoir le naturel moins
jocial que l’hirondelle de cheminée’., ni rapporter
dans celle-ci fa coutume plus confiante d’établir
Ion nid près de nos habitations, comme quelques
perfonnès lui en font un mérite , à un attachement
plus fidele pour nous. Hommes & hirondelles
tout etre vivant, cherche avant tout fes commodités
, & le plus fage n’efl pas celui qui penfe les
trouver dans la fociété la plus nombreufe*
V hirondelle de fenêtre pétrit fon nid de terre,
& Par préférence de celle que les vers rendent
après en avoir extrait les fucs & à laquelle ils
communiquent une certaine vifeofité ; c’eft probablement
l’abondance plus ou moins grande de
cette terre, qui neft jamais fi facile à rencontrer
que dans les temps pluvieux, qui eft caufe que
les hirondelles ne mettent- quelquefois que cinq à
fix jours à conftruire leur nid , & que'd’autrefois ,
elles y en emploient dix à douze ; elles détrempent
la terre avec leur bec : elles s’en fervent pour la
tranfporter & l’appliquer ; leurs pieds font auffi
dans ces occafions des inftrumens dont elles fçavent
tirer parti; on en voit fouvent plufieurs travailler
avec un empreffement égal au même nid, qui ne
doit cependant fervir qu’à une feule couple ; mais
quelquefois , par un de ces renverfemens, dont
dans le dérangement de l’orga-
mlation inviduelle, plutôt que dans nos vices
quon a trop imputés aux animaux I tandis que
le travail eft poufié en commun avec ardeur par
plufieurs hirondelles , il y en a qui détruifent ,
autant qu’elles peuvent , ce que les autres ont
conllruit.
employée à la fabrique des nids ,
-/r* 66 krins de paille entremêlés dans
1 épaifleur des parois , la couche la plus intérieure
eit garnie d une grande quantité de plumes prifes
dans le mortier.
Parmi les infeétes de différentes efpèces, qui tourmentent
fouvent dans ces nids la couveùfe & les
petits, on trouve fréquemment la mouche-araignée
HU1 s attache fur les petits , les ftïcce , & q u i, à
juger par fa grandeur , par le fuçoir dont elle eft
armee , femble un ennemi difprôportionné à la
taille de ces jeunes animaux.
Les nids achevés, appliqués a Une furface plus
oü moins applatie par une portion de leurs côtés ,
ont arrondis dans le rëfte $ fermés par le bas ,
vont en s’alongeant & fe rétrécilTant par le haut,
ou il ne refte qu’une ouverture étroite qui eft
lentree de la cavité intérieure ; ils fervent plufieurs
années de fuite aux hirondelles qui nichent près
de nos hâbitations , tandis qu’on prétend avoir
obferve que celles qui appliquent eur nid à
quelque faillie de rocher ou de caverne, en conf-
truifent de nouveaux tous les ans ; cette différence,
dont on ne fent pas la raifon , mériteroit d’être
examinée & obfervée de nouveau ; il ne paroît
pas que les hirondelles préfèrent une expofition
a une autre : mais elles aiment à fe placer dans
des lieux qui donnent ftir des prairies, fur des
terreins humides & qui foient voiftns de quelque
courant ou de qüelqu’amas d’eau : ces lieux font
plus abondans en infe&es qui leur conviennent,
üiles iont deux , quelquefois trois pontes par an :
ia première de cinq, la fécondé de trois ou quatre,
oc la troifième de deux ou trois oeufs : ils font
blancs & entourés vers le gros bout d’un difque
un peu rembruni. Le père s’écarte peu de la
femélle pendant la couvée ; il défend avec chaleur
& audace l’approche de fori nid, dont il écarte
les oifeaux qui volent à l’entour, & fouvent il
fond fur eux à coups de bec ; il entre fréquemment
dans le nid avec la femelle , où ils gazouillent
tous deux quelquefois pendant très-long-temps
oc fans interruption , dans les nuits où l’air eft le
plus ferein ; 1 un & l’autre font également attentifs
aux befoins de leurs petits lorfqu’ils font nés , &
lis^les leur continuent long - temps encofe après
<lu " s ont Pris leur eftbr : cependant fi on les leur
enlève , ils 'ceffent de leur apporter à manger ,
quoiqu on les ait placés à leur vue & a leur
portée : ils volent avec inquiétude vers le lieu
d’où le nid a été détaché , comme fi le local
faifoit feul impreftion fur eu x , & il femble qu’il
fuffife de déplacer leurs petits pour qu’ils ceffent de
les connoître : les bornes de leur inftinét, a cét
égard, fe font manifeftées fous les yeux de M. de
Montbeillard, dans une occafion où "des moineaux- f
francs continuèrent d’alimenter leurs petits pofes fur
la tablette d’une fenêtre à côté dé ceux d’une couple j
d 'hirondelle qui abandonnèrent les leurs expofés à ‘
leur vue.
Il n’eft pas rare que des moineaux pondent dans
les nids d’hirondelles de fenêtre , comme ils profitent
des vafes qu’on attache aux bâtimens dans
ce deffein : il y a alors de rudes combats entre
ces oifeaux : mais e’eft une erreur ancienne, démentie
par l’obfervation, que les hirondelles maftiquent
fubitement l’ouverture du nid en accourant en foule
& qu’elles y enferment l’ufurpatëur; Il n’eft pas
vrai non plus , comme quelques écrivains l’ont
avancé, que les hirondelles de fenêtre foient d’un
naturel fi fauvage , qu’on ne puiffe les former à
la domefticité : oh élève très-bien leurs petits en
leur donnant une nourriture convenable,, & l’on
en a vu devenir trèsTamiliers.
Lorfque la faifôn de la ponte _ eft paffée , les
hirondelles à croupion blanc, fe réunifient le foir
en grand nombre , près les unes des autres, fur
les rofeaux dans les lieux marécageux, ou fur les
corniches, Jes entablemens ou les toits des ba-
timens, y forment une forte de long cordon &
y paffent la nuit : elles fe ■ raffemblent de même
au temps du départ , en grand nombre , fur le
comble de quelqu’édifice très-haüt : elles ont alors
un cri particulier : la troupe eft dans une vive
agitation , & elles partent toutes enfêmble en
s’élévant fi haut qu’elles fe perdent pour nous
dans les nues : o n n’a pas fur les lieux où ces
hirondelles vont paffer l’hive r, les memes connoif-
fances que fur celles de cheminée , &. Ton né fçait
pas non plus , aufli-bien, quels font les différens
pays où on les trouve : on fçait feulement qu’elles
font en général fort répandues en Europe pendant
l ’été. 1
Je ne dois pas omettre line obfervation de
M. de Montbeill'ard. Le poids de trois petits pefés
enfemble , répartis entr’eux , étoit pour chacun de
trois cens quarante-cinq grains , celui du pere
& de la mère, départi de même entr’eu x , étoit
pour chacun de deux cens quatre-vingt-huit grains ;
ce qui fait une difproportion de cinquante - fept
grains , différence énorme : il paroît cependant
qu’elle étoit en partie le produit de la malle
alimentaire ; de plus les petits n’avoient encore
que du duvet ; les plumes des pères & mères ,
leur fubftance même , remplies d’air qui s’infinue
en fi grande quantité dans toutés les parties des
oifeaux &. beaucoup plus probablement dans ceux
qui fe font déjà exercés au v o l, celui qui étoit
interpofé entre leurs plumes , la couche, que couvroit
leur queue & celle ,fur laquelle ils pefoierrt
par une plus grande furface«, étoient autant de
caufq qui pouvoient diminuer leur poids*-& le
rendre moindre en apparence. Cependant cette obfervation
curieufe mériteroit bien que quelqu’un
la répétât en prenant toutes les précautions nécel-
fairés pour la réduire à fa jufte valeur , & il-feroit
curieux , peut - être utile , de vérifier fi propor-
tionnément les jeunes animaux ferreftres né
pefent pas moins fous un volume égal que les
adultes & les vieux , & fi ce n’eft pas le contraire
dans les oifeaux & les poiffons;
Hirondel le a ventre blanc , d e C a y e n n e .'
PL enl. 546, fig. i .
C ’eft peut- être de toutes les hirondelles celle
dont le plumage eft le plus varié & dont les
couleurs ont le plus d’ éclat. Tout le deffous du
corps & le croupion * font .d’un blanc brillant Sc
luftré; le deffus de la tê te , le derrière dui cou,
le .d o s , lès pennes des ailes & d e ’la queue font
d’un noir^ glacé de verd-olivâtre , & ces deux
nuances , comme fondues enfemble , ont dé l’éclat
& du luftre ; un blanc femblable à celui qui
couvre les parties inférieures, termine quelques-unes
des petites couvertures fupérieures des ailes, &
-borde plufieurs des moyennes & des grandes; il
y a à cet égard variété entre les individus dont
les uns ont plus de blanc fur les ailes que les autres
n’en ont; le bec eft noir & les pieds font d’un
brun rougeâtre. Tous les individus ne font pas non
plus de la même grandeur, & la longùeurtotale
varie de quatre pouces trois lignes à cinq pouces.
C’eft une efpèce allez commune' à la Guiane ;
elle vit fur les favànes-noyées où elle ràfe la terre
en voltigeant;
On trouve dans le même climat une hirondelle
, qu’on a aufti repréfentée dans la planche enluminée
5 4 6, n°. 2 , fous le nom d’hirondelle tachetée de
Cayenne : elle eft plus grande ; toutes les parties
fupérieures, des ailes & la queue font d’un noir
brun, terne & fans reflets ; le deffous du corps
eft d’un blanc-gris varié dë taches d’un brun-noir ,
oblongues, preffées & ferrées fur les parties antérieures,
plus larges, plus difperféés & plus rares
fur le ventre & en approchant de la queue ; de
bec eft noir , les pieds font d’un brun-rougeâtre. •
M. de Montbeillard eftime que 'c’eft une variété
de l’hirondelle à ventre blanc. Cependantquoiqu’il
y ait des individus plus colorés les uns que les
autres, dans les deux variétés, cëiix qui fe rapprochent
le plus , me paroiftënt trop‘différer pour
les rapporter à-la même efpèce. Que'toutes les
fois que l’homme, qui change fans cefle, influe
fur les productions , il leur communique quelque
chofe de fon- inhabilité, rien de plus fa c ile ‘ à
comprendre ; mais rien de plus pénible à concevoir
qu’il, échappe - des mains de la nature ,' toujours
réglée * toujours uniforme, qu’il échappe, dis-je ,
de les mains , fous la même température, dans
le même lieu, dans les mêmes circonftances, dès
p i j