
ca-raâères feront ceux de l’efpèce. M. Bajon ,
d’après les obfervations duquel je vais donner
lhiftoire de Vhyacou 8c du marail , écrit le nom
de ce dernier oile.au Maraye. Cette ortographe
rend mieux j a ce qu’il dit , le nom donné par
les fauvages, à l’oifeau qu’il défigne. J ’adopterois
cette dénomination d’après une raifon auffi bonne ,
s’il ne falloit pas mieux encore ne rien changer à
une dénomination reçue : liberté que trop de per-
fonnes ont prife , 8c qui rend l’étude des noms
plus difficile que celle des objets mêmes, qui lie
un travail rebutant à une occupation douce 8c fa-
trsfaifante ÔC rabaiffe l'homme, qui réfléchit, au
trifte métier de compilateur , fans aucun mérité
de la part de l’innovateur & fans aucun avantage
pour lu i, au détriment de la fcience & de ceux
qfci s’y appliquent.
Le marail , comme je l’ai déjà indiqué , a le
bec 8c les pieds des gallinacés ; leurs ailes courtes,
leur vol pefant, la queue longue, ample 8c pendante
^es h°ccos ? des plumes alongées fur la tête ,
qu’il tient ordinairement couchées, mais qu’il relève
& qu’il hériffe quand il eft agité ; une membrane
rouge, nue, couverte de quelques poils noirs en
petit nombre , pendante fous la gorge , peu apparente
dans l’état de repos , mais qui fe diftend ,
s alonge , fe tuméfie 8c devient d’un rouge très-
v il quand l’oifeau eft animé ; elle perd au contraire
fa couleur j fe retire 8c s’efface prefqu’en-
tièrement après la mort du marail , qui femble
n’avoir eu fur la gorge qu’une efpace noirâtre^
dénué de plumes | fans veftige de la membrane ,
dont on trouve à peine la trace quand on a fçu
qu’elle a exifté.
Le marail eft de la groffeur d’une poule ; il a
près de deux pieds du bout du bec à celui de la
queue , qui a dix pouces de long, 8c dont les
ailes pliées dépaffent la naiffance d’un peu plus de
deux pouces; le pied n’en a pas tout-à-fait trois 8c
le doigt du milieu , y compris l’ergot, en a deux ;
le bec eft long d’un pouce 8c quoiqu’il ait beaucoup
de raport avec celui des gallinacés, il eft plus droit
& moins courbé : tout ie plumage eft d’un verd-
d’olive-noirâtre à reflets rougeâtres; les plumes qui
couvrent la partie antérieure du deffus de la tête,
celles qui couvrent le devant du cou , la poitrine
& le haut du ventre ont chacunes deux traits
blancs longitudinal , dans le ,fens de leur tuyau ,
un de chaque côté ; le vent^fe , les jambes &
le deflous de la queue font mêlés cîe quelques
lignes grisâtres qui traverfent les plumes ; celles
du bas-ventre 8c du deflous de la queue font à •
barbes défunies & femblables ,à du duvet : les
grandes pennes des ailes ont une nuance brunâtre ;
celles de la queue font en-deffus du même verd-
©live que le dos ôc en-deffous d’un verd-brun-pâle
& décoloré ; le bec eft noirâtre & le s pieds font
d’un beau rçuge , fuivant la defcription de M.
Bajon ; car celle qu’on vient de lire a été faite fur I
la peau d’un marail que cet obfervateur m’a lui- |
meme envoyée, & les pieds ont tellement perdu
leur couleur, qu’ils ne paroifîènt que grisâtres ; les
ongles font noirs ; mais cette différence n’eft pas
la feule que je remarque entre la peau que j’ai
fous les yeux 8c la defcription imprimée dans
l’ouvrage de M. Bajon ; il ne parle relativement
a la gorge, que de la peau pendante qui y eft
attachée, à laquelle il ne donne que fix lignes
d etendue dans 1 état de repos , & qui fe tuméfie ,
setend & devient d’un rouge, très - v if lorfque
loifeau eft irrité. Je ne trouve aucun veftige de
cette peau ou membrane pendante dans l’animal
vivant , fur celui que j’examine ; il y a au-deffus
du bec, dans le vuide qui eft compris entre fes deux
branches un trait longitudinal, compofé de petites
plumes grisâtres , au milieu de deux autres traits
plus étroits , rougeâtres 8c dénués de plumes ;
plus bas , fur une étendue de deux pouces de
long j la gorge & le haut du cou font dégarnis de
plumes, couverts feulement de quelques poils noirs;
& cette peau , qui eft brunâtre quand elle eft
defsèchée, a été peinte en rouge , d’après l’indication
de M. Bajon. Se roit-ç e que dans l’oifeau
vivant , la peau contra&ée & retirée fur elle-
meme , fornjeroit une duplicature 8c une portion
pendante ; qu’ayant perdu ion ton , après la mort,,
diftendue par les; parties adhérentes qui fe retirent
en fe defféchant, elle ne formeroit qu’une plaque
aplatie, au lieu d’une protubérance ? Après avoir
donné la defcription du marail, à l’extérieur, M*
Bajon entre dans l’examen des parties internes :
je ne le fuiyrai pas dans ce détail, qui n’eft pas
de mon fujet. Je remarquerai feulement, que la
trachée-artere , avant de fe plonger dans la poi-
trin.o , paflè d’un côté à l’autre du fternum ÔC
revient du cote dont elle s’étoit d’abord écartée s.
pour entrer dans, la cavité thorachique ^ ce tte
difpofition eft la même dans les marails mâles 8c
femelles , au lieu que la trachée ne fait une, longue
circonvolution externe que dans le paraqua mâle
& fuit fon cours ordinaire dans la femelle.
Les. marails habitent les grands bois , à quelque
diftance de la mer ; ils préfèrent les lieux fecs &
élevés auxterreins bas & humides; ils vont par
| bandes de fix a huit , hors du temps de leur
ponte ; car alors ils font appariés 8c on n’en
trouve pas plus de deux enfemble. Ils couvent
deux fois par an , au commencement & à la. fin
de la faifon des pluies, c’eft-à-dire en décembre
ou janvier , mai. ou juin; ils placent leur nid fur
les arbres les plus touffus près du tronc & pondent
de quatre a fix oeufs. M. Bajon dit que les petits
ne defcendent du nid qu’à l’âge de douze à quinze
jours & que la mère les nourrit jufqu’à cette époque :
il auroit du obferver & nous apprendre comment
elle les nourrit; car les petits des gallinacés ont
coutume de chercher leur pâture euxrmêmes. Il
eft vrai que M. Bajon .ajoute que les petits, lorf-
rçu’jfe font defcendus, vivent de baies , de vers
& d’infeétes,. forte d’aliment dont il eft poffible
que la mère les approvifionne ; ils la fuivent ,
lorfqu’ils ont une fois quitté le nid , à la manière
des pouflins ; elle les réclame ôc les réchauffe de
même de temps en temps fous fes ailes, ôc grate
la terre , comme la poule, pour découvrir , en fa-?
veur de fes petits, des v e r s , des oeufs d’infeûes
ÔC des grains. r -
Ce n’eft que lorfque les marails conduifent leur
couvée, qu’on les voit à terre ; le refte de l’année
ils fe tiennent perchés fur des arbres touftus &
principalement fur ceux dont les baies, les fruits
ou les femences leur fervent; de nourriture ; le
matin 8c le foir ils s’approchent des fommités des
branches d’où pendent les fruits , 8c pendant la
chaleur du milieu du jour , ils fe ferrent à l’ombre'
près du tronc , fur les branches les plus touffues ;-
ils ont dans leur état naturel un cri qui n’eft ni
aigu, ni fo rt, mais qui devient l’un Ôc l’autre ,
lorfqu’ils font effrayés ou bleffés. Leur chair n’eft
pas un manger recherché, elle eft dure, & celle des
jeunes même n’eft pas fort bonne. Ils s’appri-
voifent aifément quand on les prend petits Ôc la
femelle pond dans l’état de domefticité , mais fans
conftruire de nid 6c prendre aucun foin de les
oeufs. M. Bajon nous apprend à leur fujet, qu’il
en eft de même lur cet article des hoccos ,
oifeaux qu’il feroit avantageux de rendre do-
meftiques, à caufe de la bonté de leur chair 6c
de leur groffeur : ce fait eft une raifon de plus
pour en taire la tentative , puifqu’il feroit aifé de
faire couver les oeufs des hoccos par les poules ,
comme on le pratique pour les faifans. Quant à
l’hiftoire de ces oifeaux , la faculté de pondre dans
l’état de domefticité , avec l’incurie pour le produit
de la ponte , font un raport de plus entre les.
les hoecos, les marails 8c les faifans.
M. de Sonini, qui, comme M. Bajon , a demeuré
à la Guiane , a auffi donné l’hiftoire du
marail dans le journal de phyfique , avril 17 75.
Ces deux voyageurs ne font pas d’accord fur tous
les faits. J ’ai préféré de fuivre le récit de M. Bajon ,
parce qu’il a paffé à la Guiane beaucoup plus de
temps 6c que dans les courts intervalles que M. de
Sonini y a féjourné, il a recueilli des obfervations
fi nombreufes, fou vent fi différentes de la manière
d’être ordinaire aux oifeaux , qu’il eft à craindre
qu’il n’ait pas donné à chacune toute l’attention
néceffaire , 6c qu’il a fallu abfolument qu’il ait
fouvent conclu d’une feule bbfervation pour le
general des efpèces dont il a parlé! Mais on fçait
combien on fe trompe fréquemment, fi l’on conclut
fans que des obfervations poftérieures Ôc répétées
plufieürs fois aient confirmé celles qu’on a faites
les premières!
r Lyacou ne paroit pas différer du marail à l’ex—.
térieur ; il a les mêmes cara&ères, le même plumage.
M. Bajon dit qu’il eft un peu plus gros,
qu’il a plus de blanc fur le devant du cou , que
ies yeux font entourés d’une peau bleue , dont
la couleur s’étend jufques fur la moitié du bec 6c
I que l’autre moitié eft noirâtre ; que les pieds font
rouges ; qu’il y a fous la' gorge une peau nue ,
pendante, comme le marail en a une ; que cette
peau eft noire ôc qu’elle ne change pas de couleur,
fuivant les affefiions de l’oifeau : à l’intérieur ïyacou
6c le marail n’bnt rien de différent, fi ce n’eft que
la trachée ne, fait point de circonvolutions dans
Yyacou avant de pénétrer dans la poitrine. Quant
aux habitudes de ces deux oifeaux, foit en liberté ,
foiten domefticité, elles font abfolument les mêmes ;
mais Vyacou eft beaucoup plus rare à Cayenne
que le marail 6c on n’y voit cet oifeau que quand il
y eft apporté des bords de l’Amazone ou de ceux
de l’Oyapoc. M. Bajon penfe que ces oifeaux
diffèrent affez pour qu’on doive les regarder comme
deux efpèces ; cependant la feule différence notable
confifte dans la difpofition de la trachée-artère.
L ’éloignement des lieux où fe trouvent les deux
oifeaux ne peut pas être mis, comme le fait M.
Bajon , au nombre, des différences qui les féparent,
c’e ft , au contraire , parce que cette diftance des
lieux produit néceffairement quelques nuances dif-
férentés entre ces deux oifeaux, qui ont beaucoup
de reffemblance 6c peu de traits différens, qu’ils
doivent être regardés comme une variété de la
même efpèce , ainfi que M. le comte de Buffon
l’avoit prévu , avant que leur hiftoire fût développée.
Cependant l'yacou n’eft pas toujours exactement
tel que M. Bajon nous le repréfente. J ’en
conferve un qui n’eft pas plus gros que. le marail ;
les plumes qui couvrent la tête 6c le haut du cou
en arrière font blanches ; le devant 6c le haut de
l’aile , vers le p li , jufqu’au tiers de fa longueur,
eft auffi mêlé de beaucoup de blanc ; il n’y a
pas fur le devant du cou un large efpàce nu ,
comme dans- le marail, mais j’y retrouve les reftes
de la peau pendante fous le bas de la gorge , dont
le haut eft couvert de petites plumés grisâtres :
d’ailleurs la defcription de M. Bajon me paroît
exaéle. J ’ai omis dans l’hiftoire de ces oifeaux ,
qu’ils redreffent tous deux les plumes longues qui
couvrent la tête , qu’ils relèvent auffi 6c qu’ils
epanouiffent les plumes de leur queue : mouvemens
plus ordinaires à Vyacou qu’au marail.
M A R CH AN D . Voyez Ur u b u .
M A R C H E T T E ( chajf. ).
Petit morceau de bois dont on fe fert pour tenir
en état certains pièges à prendre des oifeaux. Le
piège eft difpofé de façon que la marchette eft le
J feul endroit où l’oifeau puiffe fe pofer ; en la
touchant il la fait tomber 6c fa chute permet l’aélion
du piège dans lequel l’oifeau fe trouve pris.
M A R E C 8c M A R E C A .
Ge font deux efpèces - de canards, indiqués par
Marcgrave, qui tous deux fe trouvent au Bréfil’,
6c qui ont beaucoup de raports l’un avec l’autre.
M. Briffon décrit le marée fous le nom de cainard
de Bahdma , tofn. VI » pag. 358 , genre C V I l,
6c le marée a -fous le nom de canard du Bréfil ,
tom. V if pag. 360.