
dans la première de ces régions, que de transporter
des Philippines à l’île de Bourbon les oifeaux
qui y ont détruit les Sauterelles ?
Il y a entre les martins & les fourmiliers la
parite que les uns &. les autres fe nourriffent d’a-
limens qu’il étoit fort difficile &. même impoffible
de leur fournir en route , fur-tout aux martins ;
car comment ramaffer des oeufs de Sauterelles
pour les en nourrir ? Cependant -on a remédié à
cet obftacle, & on l’a Surmonté -, - fans doute en
fubftituant un aliment qui pût remplacer le s oeufs
de Sauterelles : feroit - il impoffible de fubftituer
de même une nourriture qui pût remplacer les*
fourmis pendant la route des fourmiliers ? Mais
pourquoi chercheroit-on à remplacer les fourmis ?
fi dans nos campagnes ©n apporte , des bois dans
les faifanderies , des oeufs de fourmis j fi l’on en
fait dans des facs , des provifions qu’on conferve fort
long-temps-, ne pourroit-on pas de même faire,
pour les fourmiliers, des provifions à’oeufs , ou
plutôt de chryfalidèS' de fourmis ? Car pour les.
infe&es même, ils percêroient peut-être les facs S
& l’on auroit beaucoup de peine aies contenir. C ’eft
cependant ce qu’il fàüdroit* encore vérifier, &
qui mériter oitqu’on en fit Fëffai.. Eft-ïl bien fûr
que des fourmis entaffées parvinffent à percer des
facs de cuir ?
Il y auroit fans doute de grandes difficultés à
tranfporter les fourmiliersy-mais on pourroit peut-
être vaincre les obftacles en faifant à la Guiane
des tentatives pour y nourrir des fourmiliers qu’on
tiendroit enfermés autant de temps qu’il en faut
pour la navigation de cette partie de l’Amérique
à la Martinique. C’eft après de pareilles tentatives,
commencées d’abord par raport à la petite elpèce
de fourmiliers-, qu’on poürroit, fi l’on avoit trouvé
un moyen dont on eût du fuctès à atfendre:, tenter
de tranfpoîter des fourmiliers aux îles, dans lesquelles
ils pourroient être fi utiles. Il y auroit encore
des foins à prendre pour les conferver & fa-
vorifer leur multiplication dans ees îles. Il n’y a
que les perfonnes à portée de connoître le local
qui puiffent juger fainement deces précautions &
en parler, & comme je ne fuis pas -dans ce cas,
je n’en dirai rien» Mais l’utilité qui pourroit ré-
fulter du tranfport des fourmiliers, à l’exemple du
tranfport des martins , m’a engagé dans cette di-
greflion, & les avantages de ce tranfport, s’il
pouvoit êtr=é réalifé , fi \es fourmiliers multiplioient,
femblent -pouvoir1 devenir fi grands , qu’il ne
paroît pas"qu’on les* achetât trop cher par les tentatives
les plus pénibles.
On objectera que: lès fourmis ne font peut-être
pas moins nombreufes fur ie continent où vivent
les fourmiliers 9 qu’aux Antilles , où il n’y a point
de- ces quadrupèdes.
Je répondrai d’abord que la chofe ne paroît pas
fe paffer ainfi, puifque , quoiqu’on fe plaigne, des
fourmis fur le continent , on ne" peint pas, il sen
faut de beaucoup, les ravages'qu’elles f 'font
comme auffi grands que ceux qu’elles exercent
dans les îles.
En fécond lieu ,: on doit remarquer que les
fourmiliers, protégés par l’homme, dans des;îles
où ils n’âuroient pas à craindre, comme fur le
continent, de la part d’animaux carnâciers qui
leur font la guerre, pourroient en proportion de
l’efpace devenir beaucoup plus abondans , plus
communs * que fur un immenfe continent ; tandis
qu’au contraire on verroit infiniment diminuer la
propagation des fourmis pourfuivies & détruites,fur
un terrein limité , par un ennemi nombreux contenu
dans un efpace circonfcrit.
Les deux quadrupèdes dont je viens de parler
ne font pas les feüls ennemis qu’bri pourroit peut-
être oppofer aux fourmis ; mais de même que dès
oifeaux du genre desmerles, les .martins, ont arrêté
à l’île de Bourbon les ravages & la deftruclion des
plantations dévaftées par les fauterelles-, des oifeaux
auffi du même genre, fuivantfordre méthodique
, ceux que M. le comte de Bùffon a nommés
fourmiliers 1 d’après leur manière dè vivre , pourroient
peut-être auffi arrêter, bu au moins diminuer
les ravages des fourmis aux Antilles.-^ -
' Ces oifeaux , 'du genre du merle, ainfi que le
martin., vivent d’infeéles , & fpécialement; de
foûrmis\ com'mé lés premiers feriourriffentaux dépens
des fauterelles; ils font fort communs à la
Guiane ; on en connoît de fix a fept efpèces différentes.
Voyei F o u rm il ie r , R o i des fo u rm i l
ie r s , C a RILLONNEUR , GRAND & PETIT
Be f r o i .
Il feroit fans contredit plus facile de tranfporter
les oifeaux fourmiliers que les quadrupèdes du
même nom , &. la chofé ne paroît pas pouvoir
être plus difficile-à le.ür égard que par raport aux
| martins ; il y à lieu de croiré qu’on parviendfoit
également à les multiplier , en les nourriffant dans
des volières allez fp a c ieu fé sa v an t de donner
l’effor a l’efpèceV *
Les fourmiliers quadrupèdes détruiroient par individus
une beaucoup plus grande qua'ntité de
fourmis; mais les-oifeaux du même nom compen-
feroient probablement-, par le nombre , ce qu’il
y aùroit à gagner, de moins de. la part de chaque
individu. Enfin fi des oifeaux ont pu délivrer File
de Bourbon des fauterelles !, f l’analogie porte à
croire que des oifeaux qui font du meme genre ,
qui fe nourriffent de fourmis, comme les fauterelles
font la pâture des premiers , pourroient également
ou arrêter les ravages des-fourmis aux Antilles ,
bu au moins les diminuer beaucoup. Les fourmis
forment fans doute d’innombrablés peuplades; mais
des oifeaux du genre de ceux que je propofe de
leur oppofer, tranquilles , à l’abri' de tout ennemi
dans une île , ou n’en ayant que peu à craindre,
largement nourrispourroient, en peu d’années,
compofer dès légions oppofées à celles des fourmis.
Ce feroit donc par le tranfport dés oifeaux fourmiliers
, & eoninië plus facile , & comme ayant
f
lïeti de croîré cjh'ils multiplieroient plus fûrement,
qu’il conviendroit peut-être de- commencer les
tentatives que je pçopofe. Si quelqu’un les trouve
dénuées de fondement, qu’il m’explique comment
des oifeaux ont pu détruire les fauterelles dans .une
î le , parce qu’ils s’en nourriffoient, & pourquoi
des oifeaux qui font leur pâture des fourmis ne
détruiroient pas ces dernières, ou n’en diminueraient
pas beaucoup le nombre dans d’antres îles ?
Martin brame. Voyag. aux lnd. & à la Ch.
tpm. ll,p £ g . 189.
C ’eft un oifeau du même genre que le merle, un
peu plus gros que le moineau-franc : là tête eft
revêtue de plumes longues, étroites, noires, que
l’oifeau relève à volonté ; celles qui couvrent la
gorge, le' cou, la poitrine & le ventre ont la même
forme; mais elles font roùffeâtres & marquées
dans leur milieu d’une tache longitudinale blanche ;
le dos, le croupion & le haut des ailes font gris ;
les pennes de l’aile & celles de la queue font noires ; :
le bec eft de cette même couleur à fa bafe, &
enfuite il eft jaune, ainfi que les pieds & les
ongles.
Ce merle fe trouve à la côte Malabar & à celle
de Coromandel : il fe tient fur les tours des pagodes,
ce qui Fa fait nommer martin brame. Genre JO '11.
Martin (pe tit) de Gingi. Voyag.aux lnd. b* à
la Çh. tom. I l» pag. 194.
Sa groffeur eft à-peu-près ia même que celle de
la grive commune : il a la tête couverte de plumes
longues ; étroites, noires, qui lui forment uïie
forte de huppe; une bande jau n e, dénuée de.
plumes, naît de l’angle fupérieur du bec & fe prolonge
un peu au-delà de l’oeil ; le cou , le dos &
le ventre font gris ; le haut de l’aile eft verdâtre
; fes grandes pennes font d’un roux-clair dans
leur première moitié & noires dans la fécondé :
la queue eft noire, terminée de roux; l’iris eft
rouge ; le bec & les pieds font d’un jaune.1 d’or pin.
On le trouve à la côte de Coromandel, Genre
X X I I ,
Ma rtin v ie il l a r d de la côte de Malabar.
Voy. aux lnd. & à la Ch. tom. I l » pag. 195.
Il n’eft pas tout-à-fait fi grand que le merle
huppé de Surate : les plumes de la tête & du cou
font d’un gris-cendré, longues, étroites & marquées
d’une raie longitudinale blanche dans leur
milieu ; le dos, le croupion , le haut des ailes ô£ la
queue font d’un gris-cendré ; les grandes pennes
des ailes font noires ; le deffous du corps eft d’un
brun-rouffeâtre ; le bec eft noir, lavé de jaune à
fon extrémité ; l’iris & les pieds font jaunes. Genre
X X I I .
M A R T IN E T . B r is s . tom. I l , pag. 5 12 .Voye^
Martinet noir »
Ma rt in et ( grand ). P L enl. 5421 fig. 1. Voyeç
Martinet no ir .
Martinet (grand). Edw. toni. 1 »pag. X X V 11, pl. 27. F o y e i Martinet (grand) a ventre
blanc.
Mifloire Naturelle. Tome I I , -
M a r t i n e t , petit M a r t i n e t . B e l . port, d ’oïf.
pag. 100. ’
Martinet■ , efpece d*hirondelle ; B e l . hift. naù
des oif. pag. 380 . HIRONDELLE A CROUPION
BLANC.
M a r t i n e t ( p e t i t ) . P l . e n l . ^42,^ f i g . 2 . F o y a ^
H i r o n d e l l e a c r o u p i o n b l a n c .
M a r t i n e t ( g r a n d ) a v e n t r e b l a n c .
Grande hirondelle d’ETpagne. B r i s s . tom. I I J
pag. 5 0 4 , genre X X X .
Grand martinet ou hirondelle. E dw. tom. I , pagl
& pl. 27.
Il eft plus du double plus gros que le martinet noir :*
la tê te , le deffus du cou & de tout le corps font
d’un brun fombre, qui s’éclaircit cependant fur le
dos & le croupion ; la gorge , le devant du c ou ,
la poitrine Sc la portion antérieure du ventre font
blancs ; les côtés le font auffi, & de plus ils font
tachetés de brun ; il y a entre la poitrine & le cow
une bande ou zone brune, variée de quelques*,
taches noires ; le ventre, les jambes & les couvertures
du deffous de la queue font d’un blanc-*
fale teint de brunâtre; les ailes font en-deffus d’ut»
brun plus foncé fur les grandes pennes , plus claie':,
fur les moyennes ; les ailes font en-deffous d’un?
cendré-brun : la queue n’eft: que très-peu four-*
chue, d’un brun fombre en-deffus & d’un brun-
cendré en-deffous : le bec eft jio ir ; les pieds font
couverts d’un duvet gris-brun; les doigts & le«-,
ongles font noirs.
M. Edwars a décrit ce martinet d’après un individu
qui lui avoit été envoyé de Gibraltar, ce-
qui a engagé M. Briffon à lui donner lé nom d’/ii-
rondelle d ’Efpagne ; mais il eft connu dans plufieurs'
autres pays, & en particulier en Savoie : il ne
.fréquente que les terres élevées & les pays de
montagne ; il arrive en Savoie au commencement
d’avril ; il vole d’abord & pendant quinze jours ou
trois femaines au-deffus des rivières & des marais ,
puis il gagne les hautes montagnes : il fe tient en
volant à une hauteur encore plus grande que le
martinet noir. L ’inftant du départ de- ces oifeaux
eft avancé ou retardé fuivant que la chaleur eft
plus longue ou que le froid fe fait- fentir plutôt.
L’efpèce n’en eft pas nombreufe dans les endroits-
où en Fa obfervée, & c’eft au peu que j’ai
rapporté que fe- réduit, ce qu’on fait fur fou
hiftoire.
M a r t i n e t a c o l l i e r b l a n c .
Martinet à collier de Cayenne, P L enlutn. 72^ ;
f s - 2-
, Il eft à-peu-près de la-groffeur de Vhirondelle
de fenêtre : tout. fon plumage eft d’un noir de
velours-liïr-le corps & d’un noir-foncé , mais fan i
luftre, fur les ailes .& la queue j il y a un très-
petit trait blanc'de chaque côté de la tête au-
deffus de l ’origine du bec ; la gorge & le devant
du cou font d’un beau blanc : cette couleur gagne
■ fur le bas des joues & s’étendant en -a rriè re ,
forme fur le haut du cou un collier étroit ; il y a
A ï