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N a c k t e r g a k l en Suédois ;
N i g t h i g a l e ^ en Anglois ;
Suivant Salerne, r o j f i g n o l ou r o u j f i g n e a u en Provence
; r o j f i g n c l e t t e la femelle ; r o j f i g n o l e t le jeune.
Le rojfignol eft un peu plus gros que la fauvette.;
fa longueur eft de fix pouces deux lignes du bout
du bec à celui de la queue : il a neuf pouces quatre
lignes de v o l , & fes ailes pliées s’étendent environ
à la moitié de la longueur de fa queue ; le deflus J
de la tê te , le derrière du cou , le dos « le croupion
, les plumes fcapulaires & les couvertures du
deflus des ailes font d’un gris - brun tirant fur le
roux ; les couvertures du deflus do la queue font
d ’un brun-roux; la gorge, le devant du cou, la
poitrine , le ventre font d’un gris-blanc ; les côtés
font g ris , ainfi que les jambes; les couvertures
du deflous de la queue font d’un blanc-roufleâtre" ;
les pennes des ailes font, du côté extérieur, d’un
gris - brun tirant fur le ro u x , du côté intérieur,
-d’un cendré-brun bordé de roufleâtre ; les deux
pennes du milieu de la queue font d’un brun-
ro ux ; les cinq latérales, de chaque côté , font de
cette même couleur du côté extérieur , mais du côté
intérieur, elles font d’un rouge-bai; le demi-bec
fupérieur- eft d’un brun-foncé , l’inférieur eft d’un
gris-brun 8c fa bafe tire fur le couleur de chair ;
les pieds 8c les ongles font de cette dernière,
conleur.
Le r o j f i g n o l eft le plus renommé de tous les
oifoaux pour la beauté de fon chant, qui plaît, fur-
tout , par fa variété , par fes inflexions, par fon
étendue. Les autres oifeaux n’ont, pour ainfi dire,
qu’une game qu’ils répètent à chaque reprife ; le
r o j f i g n o l varie à chaque inftant fes airs, le plus
fouvent très-différens les uns des autres ; ceux qui
fe reflemblent le plus offrent des variétés ; il pa-
roît ne pas chanter de mémoire, mais par un art
toujours nouveau qui fe développe & qui crée à
chaque inftant. Làiffons aux muficiens à apprécier
l’harmonie , les grâces & tous les genres de mérite
du chant du r o j f i g n o l : il faut, pour les bien fentir
& en parler, pofféder l’art qui eft en lui un don
de la nature ; le lefteur curieux du développement
de cet objet le trouvera dans l’hiftoire du r o j f i g n o l
par“ M. de Montbcillard au commencement de
l’article qui concerne cetoifeau.
La force de la voix du r o j f i g n o l n’eft pas moins
étonnante que fa variété : M. Bàrrington s’eft af-
iuré que la fphère que remplit la voix d’un r o j f i -
g u o l n’a pas moins d’un mille de diamètre, ce
qui égale la portée de la vo ix humaine, & , fui-
vant M. Hunter , les mufcles du larynx font plus
forts, à proportion dans cet oifeau que dans tcut
autre, & même plus forts dans le mâle que dans
la femelle , qui n’a pas de chant.
Les rojfignols chantent la nuit aufli-bien que le
jo u r , & même avec encore plus d’ardeur & plus
fréquemment; ou peut-être leur chant paroit-il.
plus animé au milieu du calme 8c du ftlence ; per-
fonçe n’ignore qu’ils ne chantent qu’au printemps,
R O S
depuis les premiers- jours d’avril jufque vers la
fin du mois de mai ; on dit communément, ëc
c’eft un.adage populaire, qu’ils ne chantent plus
quand leurs petits font éclos ; il eft vrai que , dif-
traits par les foins de leur chercher de la nourriture
& de leur en apporter, ils chantent moins
fréquemment, mais ils chantent encore, au lieu
qu’ils ne chantent plus après la fécondé ponte,
ou plutôt ils n’ont plus ce ramage qui.les mettoit
au-defl'us de tous les autres chantres des bois &
qui nous charmoit ;.à ces chants fl variés , fl mélodieux,
-fuccède une voix rauque, monotone &
qui eft moins un chant qu’une forte de çroaffe-
ment ; car il n’eft point vrai que les rojfignols
ceffent de chanter pendant le cours de l’été, mais
c’eft parce que leur voix changée n’eft plus recon-
noiflable , qu’on a cru qu’ils ne chantoient plus ;
ce n’eft qu’en voyant les rojfignols pouffer de leur
gofier une voix rauque qu’on peut être convaincu
qu’elle part du même organe d’où fortoient ces fons
flutés & fi mélodieux qui célébroientle printemps. 11
n’en eft pas de même des rojfignols qu’on nourrit
en cage, ceux-ci confervent leur voix dans toute
fa fraîcheur neuf à dix mois de l’année, 8c leur
chant ne change pas.
N’eft-il pas très-probable que la beauté du chant
du. rojfignol dépend au commencement du printemps
de l’état où fe trouvent alors les parties de
la génération & du raport qu’il y a entre ces parties
& les organes de la voix ? N’eft-ce pas parce
que ces parties font épuifées après la fécondé ponte,
qu’elles ne communiquent plus à tout l’individu
cette force 8c cette .activité qui l’animoient, &
en particulier aux organes de la v o ix , cette,fen-
I fibilité, cette irritabilité, ce ton' peut-être qui les
rendoient fi vibratiles & fl flexibles ? N’eft-ce pas
par ces raifons que la voix du rojfignol perd fes
grâces , fa fo u p le ffe fa mélodie & fe change en
un fon rauque monotone ? C ’eft parce que ceux
qui vivent en captivité ne font pas les mêmes pertes
qu’ils confervent la beauté de leur voix , 8c c’eft
fans doute la même caufe pour laquelle c’eft au
Commencement du printemps que tous les oifeaux
chantent & plus fouvent, 8c qu’ils ont un. chant
plus agréable, 8c qu’épuifés par les foins de la
reproduction, la plupart ceffent de chanter , ou
chantent beaucoup moins fouvent & d’un ton
moins fo rt, moins agréable, après la faifon de la
ponte 8c des différentes couvées.
Le roffignol paroît être fenfible aux charmes de
l’harmonie, puifque le fon des inftrumens 8c celui
de la voix humaine l’attirent, au lieu que les
autres oifeaux ne s’approchent qu’au bruit d’une
voix femblable à la leur ; le roffignol écoute des
fons différens des fiens ; il y eft attentif ; il prélude
8c prend le ton qu’on lui donne , mais il
femble vouloir dominer 8c fe faire entendre au-
deflùs des voix ou des inftrumens ; on prétend
en avoir vus dans ce cas périr de l’excès de leurs
efforts,
C ependaot
Cependant tous les rojfignols ne chantent pas
également bien, 8 c , félon les curieux en ce genre >
non-feulement il y a des individus fuperieurs aux
autres ; mais tous les rojfignols de certains cantons
ont dans la voix une foupleffe & des agrémens
qui manquent aux rojfignols qui fe trouvent en
d’autres endroits.’ M i . , 1
Le rojfignol s’accoutume à l ’etat de domelticite ,
& l’on jouit du plaifir de l’y entendre chanter ;
mais il faut acheter cet agrément par les foins
qu’on prend de l ’oifeau qui le procure fa cage
doit être couverte d’une toile pour qu il ne le
bleffe pas ; les côtés en doivent être garriis pour
qu’il ne reçoive qu’un jour foible 8c qu’il ne foit
pas diftrait ; il eft bon que le fond foit couvert
de fable 8c d’étendre deflus une couche de moufle ;
on ne laiffe de découvert que le devant de la ;
cage qui fournit àffez de jo u r; la nourriture eft
du pain de pavot râpé 8c du coeur de boeuf hache
très-menu , mêlés enfèmble dans la proportion de
moitié dé l’un 8c de l’antre à-peu^près ; on ajouté
à cétte nourriture, de temps en temps, quelquuns
de ces vers qu’on trouve dans la farine ; avec ces
précautions on petit confervet affez long-temps,
foit de vieux rojfignols pris an file t, foit des jeunes
qu’on a élevés en leur donnant pour patee le pain
de pavot râpé 8c le coeur de boeuf hache. Les
premiers ne chantent gnèfe que dans -deux fai-
fons , au printemps 8c aiï mois de décembre ; mais
fi on en a un certain nombre , que fucceflivement
on les faffe paffer dans des pièces plus echauffées, on
peut , en leur faifant éprouver artificiellement là
température du printemps ,.en avoir qui chantent
prefque tous les mois de l’année ; les jeunes quon
a élevés chantent à l’automne fiiivant, 8c , fi on
les tient dans une température douce, fi on ne
leur procure pas trop de jour, iis ne ceffent guère
de chanter que dans le temps de la mue.
Le rojfignol, indépendamment de, fa v o ix , ale
talent d’apprendre à parler, à imiter le chant des
autres oifeaux 8c le fon de plufieurs inftrumens ;
mais ces agrémens acquis ne valent pas ceux
qui lui font naturels, auxquels on a coutume de
fe borner 8c pour lefquels ôn le recherche.
Les rojfignols font des oifeaux de paflage : ils
arrivent en avril 8c ils s’en retournent en fep- J
tembre ; ils voyagent feuls 8c vivent egalement
ifolés dans les lieux où ils fe fixent , ou ils fe
tiennent au moins à quelque diftance les uns des
autres ; ils fe nourriflent d’infeétês 8c fe cachent
dans les taillis les plus fourés ; ce font des oifeaux
fauvages 8c timides ; iis s’apparient à leur arrivée
8c chaque couplp travaille à la conftruétion du
nid vers la fin d’avril. Il eft conftruit de bourre
ou de poils en-dedans, de fibres de plantes sèches,
de joncs , de petites racines en - dehors ; il eft
placé fort bas ou fur une touffe d’herbe, ou fur
les plus baffes branches de quelqu’arbufte, tourné
.au levant 8c communément placé près de quelque
courant ou de quelque pièce d’eau ; la ponte
Hijloire Naturelle. Tome I I •
de quatre, fouvent de cinq oeufs dun brun-verdâtre
; l’incubation eft de dix-huit a dix-neuf jours ;
. la femelle ne quitte guère fon nid qu’une fois par
jour , fur le fo ir , pour chercher de la nourriture £
il haït beaucoup plus de mâles dans cette efpece
que de femelles, 8c quelques obfervâteiirs prétendent
que cela va au double ; la femelle 8c le
mâle prennent un é g al. foin des petits 8c les nourriflent
èn leur dégorgeant les alimens ; les petits
n’ont guère befoin que de trois fèmaines pour etra
en état de fe foffir, 8c c’eft par cette ràifon qu’il
y a toujours deux pontes 8c quelquefois trois.
On ne trouve plus de rojfignols en hiver datis
aucune partie de l’Europe, pas même dans les
contrées les plus méridionales, 8c comme on ne
les a point' rencontrés en Afrique , on a prèfume
qu’ils fe retiroient en Afie. Ce fentiment a paru
d’autant plus fondé que les voyageurs nous parlent
de rojfignols qui fe trouvent en Perfe , a là
Chine , 8cc. ; mais ces rojfignols font-ils les memes
que les nôtres ? Ne faut-il pas mièux avouer que
nous ignorons où les rojfignols fe retirent en au-
; tomne 8c d’où ils arrivent au printemps ; ils fe
répandent dans cette faifon jufques dans les contrées
les plus reculées du nord de l’Europe ; on
les çônnoît en Sibérie ; mais il ÿ a des provinces
qui ne leur conviennent pas , 8c où ils ne fe fixent
jamais dans les pays intermédiaires, telle eft une
partie du Bugey en France ; telles font certaines
provinces de la Hollande , celles du nord de
l’Angleterre ; on n’en a pas encore trouve eu
Amérique, car les oife aux au quels on y àonne
le nom de rojfignols, font tres-differens du notre et
même de genres tout-à-fait differens. .
On prend aifément les rotfignols &c preiqu'avec
toutes lés efpèc'es de pièges, à la nappé, à la pipee,
aux gluaux , au trébuchet, Sec. Leur chair^ paflb
pour être très-bonne, 8c pour être aufli délicate
que celle des ortolans. ■
Ori diftingüë deux variétés dans l’efpêce dû
rojfignol ; le. grand rojfignol. B r i s s . tom. 111 ,
pag. 400 ; le rojfignol blatte. B r 1 S JS. tenu. 111,
pag. 4 0 1 . _ '
Le premier diffère de l’ordinaire en ce qu il eft
plus grand 8c que fon plumage eft cendré , marqué
d’un peu de roux;il paffe pour excèller du côté du
chant ; il n’habite que le's plaines : nous ne le coïi-
noiflbiis pas : il fe trouve en Siléfiê. # _
Le rojfignol blanc eft une de ces variétés individuelles
dont 'oïi voit deî> exemples dans toutes les
efpèces : cette Variété eft très-rare.
Nous avons remarqué au commencement de
cet article que les rojfignols ne ceffent pas de chanter
après la naiffance de leurs petits , mais que leur
voix n’eft plus ce chaut varié 8c fluté qui nous
■ charmoit, qu’à cette voix fi agréable fuccède uft
cri ou chant rauque femblable au ero afie ment des
reptiles , 8c qui continue jufqu’ à l’automne. _____
R o s s i g n o l ( grand ). Voyc^ R o s s i g n o l , f in
4f l'article*
G & &