très-improprement le nom d’oeufs ,en vermiffeaux &
autres petits infeéfe? ; par la fuite en différentes
petites graines, Ôc particulièrement en celle du
mouron. Tous les jeunes ont un plumage uniforme
, g ris, & qui a beaucoup plus de rapport avec
celui de la femelle qu’avec le plumage du mâle ;
mais, à la première mue , c’eft-à-dire dès le mois
de feptembre, les jeunes faifans de notre pays
commencent à prendre le plumage des adultes, &
l ’on peut, dès le mois d’oéfobre, diftinguer les
mâles d’avec les femelles; il n’en eft pas de même
de plufieurs efpèces de faifans étrangers, dans lef-
quelles les jeunes ne prennent le plumage des
adultes qu’à la fécondé année.
En général les faifans font d’un naturel fauvage
& farouche ; ils ont un amour violent de la liberté
& de l’indépendance; la captivité leur eft odieufe
6c infupportable ; ils s’y font moins que la plupart
des autres oifeaux ; ils ne ceffent que très-difficilement
d’être inquiets, agités & de chercher les
moyens d’échapper. Cet amour de l’indépendance
eft plus v if encore dans notre jfaifan que dans
plufieurs de ceux qu’on nous a apportés des pays
étrangers ; ils fe plient .plus aifément à la captivité
ÔC s’éloignent moins de la main qui les nourrit.
Cependant, par une efpèce de contrariété, le faifan
plus agrefte, d’un caraélère plus fauvage que beaucoup
d’autres oifeaux i s’accouple Ôc multiplie en
domefticit'é ; tandis que des oifeaux d’un cara&ère
moins dur & qui ne paroiffent pas éprouver des
befoins moins violens, refufent de propager. Soit
que cette différence vienne d’un foin plus grand
qu’on a pris du faifan 9 foit qu’elle foit l’effet d’une
contradiction dans fon caractère , l’homme en a
profité pour multiplier l’efpèce. Sans nos foins elle
n’exifteroit que dans ün petit nombre de nos provinces
les plus heureùfèment fituées , Ôc ne feroit
nombreufe nulle part-. - - ; '
L a pefanteur du faifan f fon vo l court ôc pénible
, fa ftupidité qui le fait tomber dans tous les
pièges qu’on lui tend, les oifeaux de proie qui font
avides de fa chair , l’éclat de fes couleurs qui le
■ trahiffent, fa voix hautes aigue & défagréable qui ■
le décèle, font autant de eaufes de fa dëftru&ion
& qui ont forcé l’homme , qui a! voulu conferver
l’efpèce , d e là prendreféiislàproteâion.
L ’art de tonftruire lesfaifanderies, d’y élever les
oifeaux auxquels elles font deftinées, appartenant
à l’ceconomie ruftique Ôc tenant très-peu à l’hiftoire
naturelle du fa ifan, je n’entrerai pas à cet égard dans
de longs détails; je me bornerai aux faits principaux
qui ont quelque relation avec lê naturel de 1
ï’oifeau.
Suivant Frifch, 1e faifan libre- n’a qu’une femelle ; j
on en a donné jufqu’à lept à un mâle dans l’état de
captivité , Ôc il leur a fuffi ; mais ordinairement on
compte deux femelles pour un mâle. On les enferme
dans des parquets çbnftruits en plein air,
dans lefqüels cependant lés faifans puiffent trouver
un abri contre la pluie ôc l’ardeur du foie il ; on les
y retient, foit en leur coupant le fouet de l'aile,’
foit en couvrant les parquets d’un filet ; cette dernière
méthode eft la meilleure , parce qu’elle met
à l’abri de l’oifeau de proie. Les faifans ne doivent
ni pouvoir fe communiquer , ni fe voir ; dans le
premier cas les mâles s’ épuiferoient en combats
qu’ils fe livreroient, & dans le fécond, leur vue
réciproque leur cauferoit une agitation qui les
détourneroit. L’étendue des parquets doit être
de cinq à fix toifes en carré ; les mâles de l’année
, précédente ou de deux ans font les meilleurs , ÔC
les poules ne doivent pas avoir plus de trois ans.
Le fond de leur nourriture eft du froment ; on y
ajoute des légumes ôc principalement des laitues ôc
des panais ; on leur donne auffi des oeufs ou chryfa—
Hdes de fourmis, ôc ils s’accommodent en général de
toutes fortes de grains ôc d’herbages : mais quelque
nourriture qu’on leur donne, il faut la leur me—
furer ; les mâles trop gras ont moins d’ardeur ;
les femelles engraiffées font moins fécondes ôc.
fujettes à produire des oeufs à coquille molle &
facile à écrafer ; elles aiment à arranger elles-mêmes
leur nid & le défont, quand on l’a préparé pour
le refaire à leur goût : elles ne pondënt que tous
les deux ou trois jours, Ôc le plus communément
douze à quinze oeufs ; on a pourtant quelquefois
obfervé que le nombre en étoit beaucoup pins
grand ; on eft dans l’ufage de les lever ôc de les-
faire couver par des poules ; les petits naiffent du
•vingt-quatre au vingt-cinquième jo u r ; les jeunes
faifans fuivent leur mère dès le lendemain de leur
naiffance, comme les jeunes poulets ; la manière-
de les élever eft à-peu-près la même, c’eft pourquoi
je renvoie à ce que j’ai dit fur cet objet relativement
aux pouffins dans l’article du coq,. Voye^Ç OQ-
Cependant je remarquerai' que la nourriture des
jeunes fa ifans, • dans les premiers’temps , doit être
de la mie de pain-j des. jaunes d’cfcùfs durcis , des
feuilles de laitue hachées , le tout réduit en pulpe
très-fine 6c mêlé enfemble ; on ne leur donne
point à boire ; on a foin de leur fournir à mangèr
de grand matin, de leur en donner peu â la fois
6c louvent dans la journée ; on ajoute à la fin-de
chaque ration des oeufs de fourmis ; de pins on les
tient enfermés avec la côûveufe dans une 'boëte
féparée en deux compartimens par des barreaux ;
l’un eft deftiné à contenir'là couvèufë , l’autre à
fervir de lieu de fpaciement aux faifandeaux qui r
en paffant à travers les barreaux , fortent de la
café où eft la mèreÔc y rentrent quand ils veulent ;
on porte la couvée dans fa boëte,.à l’air 6c à un
Toleil doüx dans lés heures 6c les jours favorables ;
c a r , il faut éviter la roféé 6c l'a pluie qui font
très-préjudiciables.
Les foins dont je viens de rendre compte , ne
font pas fi indifpenfables qu’on n’ÿ puiffe changer
quelque chofe. J ’ai fait élever deux fois- par des
poules des jeunes faifans d’une efpèce de la Chine
dont je parlerai bientôt 6c que je ne crois qu’une
- fimple variété du nôtre» N’ayant pas d’oeufs de
fourmis à leur donner, j ’y ai fubftitué un aliment
auquel les oifeleurs donnent , le nom à’afticot. Ce
font, les vers de la mouche bleue qui dépofe fes
oeufs fur la viande : avant de les donner aux fa ifandeaux
on les jette dans de l’eau chaude fans
être bouillante ôc qui en eft encore éloignée ; on les
y laiffe quelque temps, on les retire vivans 6c on
les donne à la couvée qui en eft très-friande ;on
mêloit en outre à la mie de pain 6c au jaune d’oeuf
d u rc i, de la viande de boeuf maigre , bouillie ,
hachée très - menu , le tout par tiers ; on donnoit
cette nourriture à- difcrétion le matin pour toute
la journée , mais on diftribuoit Yajlicot quatre à
.cinq fois par jour; quelquefois on donnoit un peu
d’herbage : comme la nourriture étoit sèche, on ne
refufoit pas à boire : on donnoit à difcrétion une
décoélion d’ortie grièche : les jeune« faifans fe font
très-bien élevés. L’ufage de Yajlicot 6c de la. viande
maigre de boeuf , pour remplacer les oeufs de
fourmis, eft connu des oifeleurs 6c des faifandiers ;.
il avoit été indiqué par un . des derniers à la per-
fonne qui me l’avoit enfeigné, ôc qui le pratique
depuis plufieurs années pour une éducation auez
en grand de faifans dorés 6t de faifans argentés de
la Chine.
Le fécond mois, on peut commencer à accoutumer
les faifandeaux à la nourriture du grain :
on leur donne d’abord du millet ; mais on leur
continue les oeufs de fourmis ; il faut alors les mettre
a portée de pouvoir fe rouler dans le fable ou la
pouffière , moyen qui les délivre de la vermine ; :
il faut auffi avoir grande attention à ce que l’eau
qu’on leur donne pour boiffon, ôc. qu’on ne refufe
que dans les premiers temps , foit très-pure. A la
nn du troifième mois les faifandeaux muent ; c’eft
un temps critique, dans lequel les oeufs de four- 1
mis, dont l ’ufage étoit interrompu depuis quelques
femaines , devient utile. Cette époque paflée ,
les jeunes faifans ont échappé à-peu-près à toutes
les maladies qui les menaçoient, 6c qui reviennent
à celles des poujjîns : il eft temps de les lâcher dans
les bois qu’on en veut peupler ; mais accoutumés
à être nourris 6c à un genre d’aliment particulier , ils .
ne fçauroient pas d’abord découvrir celui qui leur
convient,ni en trouver la quantité fuffilante ; on a
donc foin de porter dans les bois la boëte ou ils ont
été élevés ; on leur laiffe la liberté d’en fortir pendant
le jo u r , 6c celle d’y rentrer pour prendre de la
nourriture qu’ils y trouvent ôc qui les y rappelle ;
on en diminue la quantité de jour en jour ; on
change la boëte de place pour les accoutumer à
connoître le terrein ôc à fuffire à leurs befoins ;
parvenus à ce terme , ils s’éloignent d’eux-mêmes
6c s’enfoncent dans le bois oii leur naturel fauvage
fe développe 6c leur fait bientôt oublier les foins
que l’homme en a pris , puifqu’en peu de temps
ils font auffi ombrageux ôc auffi farouche? que les
faifans nés en liberté : ces oifeaux vivent de fix à
fept ans.
Un. fait de leur hiftoire, connu des chaffeurs &•
dont je ne fçache pas que les naturaliftes aient
parlé , mérite cependant de n’être pas omis : les
femelles qui vieiliiffent 6c qui ont probablement
atteint cinq à fix ans, non-feulement ceffent d’être
fécondes , ou ne le font plus que très-peu , ce qui
eft dans le cours ordinaire des chofes, mais elles
prennent un plumage qui tient de celui du mâle
ôc qui en approche d’autant plus quelles font plus
vieilles , enforta qu’elles reffemblent à un mâle
dont le plumage feroit terne ôc décoloré. M. le
comte d’Angiviller m’ayant parlé , il y a douze à
quinze ans de ces coqs faifans à plumage terne Ôc
décoloré, je le priai de m’en procurer ; il voulut
bien m’en énvoyer un que je difféquai 6c dans
lequel je trouvai un ovaire. Je l’en informai ÔC
l’affurai que c’étoit une femelle ; depuis M. V iq -
d’Azyr a difféqué plufieurs de ces mêmes faifans
6c n’a trouvé que des femelles dontl'oviduttus lui
a fait reconnoître le fexe , 6c dans lefquelles
Y ovaire étoit fi oblitéré qu’il n’a pu le découvrir :
ayant été envoyé avec lui ôc deux autres de nos
confrères dans la forêt de Saint-Germain, en 17 7 6 ,
pour des objets fur lefqüels Sa Majefté avoit jugé
à propos de faire confulter la fociété royale de
médecine, nous parlâmes à M. Antoine, infpeéfeur
des chaffes de cette fo rê t, des faifans-coquars, car
c’eft le nom que les chaffeurs donnent à ces oifeaux ;
M. Antoine étoit inftruit du fait que je viens de
rapporter ; il nous dit que les coquards étoient
de vieilles poules qui ne pondoient plus ou que
très-peu, ÔC qui prenoient un plumage approchant
de celui du mâle. Ce fait a fans doute échappé
dans les faifanderies, parce qu’on n’y conferve que
de jeunes femelles, 6c on l’a depuis vérifié par
rapport à la femelle du fa ifan doré de la Chine ,
parce qu’on conferve ces animaux rares tout le
temps de la durée de leur vie.
Il y a des faifans mâles ôc femelles à plumage
entièrement b lanc, foit que cette variété foit naturelle
à l’efpèce , foit qu’elle foit un effet de la do-
.mefticité : accouplés avec des faifans communs, ils
j produifent des faifans variés ou à plumage mêlé
de blanc 6c des couleurs du faifan commun ; M.
Briffon leur donne le nom de faifan panaché; tom•
ƒ, pag. 267.
F aisan bâ ta rd .
Br is s . tom. 1, pag. 268.
C’eft le produit d’un faifan mâle Ôc d’une poule ;
ce métis eft un peu plus petit que le faifan ; il
tient beaucoup plus du mâle que de la poule ; il
a des papilles charnues, d’un rouge fort v if autour
des yeux , mais elles ne forment pas un cercle
auffi étendu que dans le faifan ; il n*a pas npn plus
la queue fi longue, ni raffemblée de même en un
faifeeau, mais elle eft étalée, un peu relevée dans
fon milieu, 6c les plumes vont en diminuant con-
fidérablement du milieu fur les côtés ; quant aux
couleurs, ce font principalement celles du faifan ,
mais fondues en un brun uniforme 6c brouillées
, eniemble ,• plus ou moins ÔC diversement altérées