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' 7° 3 » Eniuitc il leur reprocha fortement leur obftina-
non, & leur demanda de quel front ils oloient préférer
aux décrets des papes Agathon , Benoît &
Sergius, ceux que Théodore avoir faits pendant la
difeorde. Ils ne lui repondirent rien de raifbnnable :
mais un des fèrviteurs du roi qui l’avoit nourri dès
l’enfance forcit de fa tente fecretement , & vint
trouver faint Yilfrid. Car ce concile iè tenoit dans
une plaine où ils campoienr. Cet homme avertit
le faint évêque qu’on vouloit le furprendre en exigeant
de lui une fbufèription, dont il ne pût iè dédire
, afin de le dépoüiller de ce qu;il avoir, tant en
Northumbre, que dans le pays des Merciens. On
le prefla en effet de le: faire » & l’archevêque & le
roi l’avoient ainfi décidé : mais iès ennemis*même
trouvèrent que c’étoit trop maltraiter un homme fi
célébré , que de le priver de tous fes biens , fans
qu’il fut coupable d’aucun crime j & conclurent de
lé réduire à fbn monaftere de Ripon , à la charge
qu’il promit par écrit d’y demeurer en repos , de
n’en point for tir fans permiffion du roi,& de n’exercer
aucunefonétion épifcopale. Saint Yilfrid élevant
fa voix leur répondit hardiment r Pourquoi
me voulez-vous r.eduireà cette extrémité'? que je
me condamne moi-même-. Nefcandalifèrai-je pas
fans fu jet ceux qui fçavent que depuis près de quarante
ans je porte,-tout indigne que je fuis, le nom
d’évêque ? Après la mort des grands hommes en-
voyez-.par faint Grégoire , j’ai déraciné le premier
l’erreur des Ecoifois, en ramenant toute la nation.
detNofthumbriens à l’oblèrvationde la. vraie pair
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que & de la tonfure en forme de couronne. Je leur ^ N* 7° 3*»
ai appris les répons & les chants alternatifs ; & j’y ai
établi la vie monaftique félon la réglé de faint Benoît,
que perionne n’y avoit encore aportée. Quant
à cette nouvelle queftion que vous formez contre
moi : j’en- appelle hardiment au iiege apoftolique,&
j’invite quiconque d’entre vous me veut dépofer, à
venir aujourd’hui avec moi y recevoir le jugement.
L ’archevêque & le roi dirent : il fe rend dès-là digne
d’être condamné-, en préférant le jugement dès Romains
au nôtre. Le roi offroit de.le contraindre à
main armée, mais les évêques le firent reffouvenir
de la fureté qu’il lui avoit promife. Ainfi le concile
fe fèpara, & faine Yilfrid retourna librement chez
Ethelrede roi des Merciens. Ses ennemisdeclarerent
les moines de Ripon excommuniez : enforte que fi c- -tr-
quelqu’ un du peuple leur avoitfait benirdes viandes r. 4f.
par le figne de la croix, on les jettoit comme fi elles
euffent été offertes aux idoles.
Cependant faint Vilfrid pafïâ la mer avec quel- rx,
ques-un des fiens, & alla à Rome où ils fe prefèn- f Romét)Dfl,fifc
terent au pape Jean VI. & lui demandèrent à genoux
de recevoir leur mémoire, déclarant qu’ils ne
venoient accufer perfonne , mais feulement fe défendre
contre ceux qui pourraient les acculer. Le
pape & le clergé de Rome les reçûrent charitablement
; tandis qu’ils attendoient la réponfè du S.
fiege, il arriva des dcpurezde la-part de Berthuald*
archevêque de Gantorberi, chargez d’une accuià-
tion par écrit contre fàint Vilfrid. Le pape afïèmbla;
a u concile, de glufieurs évêques avec fbn clerge«-
S.iif