
4 4 ^ H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
*— |— neceifaire, n’aïez pas horreur de mes pechez : j’ef-
A n . 767. pere que Dieu me récompenfera de ce petit fervice.
?■ i«!- Saint Etienne pria pour elle ; mais il refufa de rien
recevoir; & comme elle le preffoit, il déclara qu’il
n’avoit jamais communiqué avec les heretiques ;
Moi- car il la croïoit Iconoclafte. Alors elle fe jetta par
terre Si s’écria : Dieu me garde, mon pere, de jamais
deshonorer l’image de Jefus-Chrift, de fa mere
, ou des faints. Je fçai quelle fera la punition de
ceux qui ofent le faire. Notre faint pere Germain
les mettoit au rang de ceux qui crierent-.Crucifiez le.
Je vous demande feulement de ne me point découvrir
à mon mari Si aux autres gardes. Aïant ainfi
parlé, elle retourna en fa chambre, ouvrit un coffre
fermé à clef, où elle cachoit trois images de la Vierge
tenant fon fils entre fes bras, de faint Pierre Si
de faint Paul ; Si les aïant adorées en prefence de
faint Etienne, les lui donna, en difant : Mettez les
devant vous, mon pere, pendant vos prières, afin
que vous vous y fouveniez de cette pauvre peche-
reife. Il cònfentitalorsàfa demande ; Si depuis,elle
lui apporta tous les famedis Si les dimanches, environ
fix onces de pain, & trois caraffes d’eau ; car
ce fut toute fa nourriture pendant les onze mois
qu’il paifa dans le prétoire.
x l v i . U n jour comme il étoit affis avec les autres moi-
Autresmartyrs. vint à parler des cruautez exercées pendant
cette perfécution ; Si Antoine de Crete racQnta le
martyre de l’abbé»Paul, en ces termes : Il fut pris par
le gouverneur de l’ifle, Theophane furnommé Lar-
dotvre, quiavoit fait mettre à terre, d’un côté l’ima- , ? X *
L I V R E Q J J A R A N T E - T R O I S î E M E . 443
ge de J. C . en croix , de l’autre l’inilrument de fup- J
plice que l’on nomme catapelte, Alors il lui dit :
Paul, tu as à choifir des deux , ou de marcher fur
l’image,ou d’aller au fupplice. Paul répondu: A Dieu
ne plaife , Seigneur Jefus, que je marche fur,votre
image; & fe penchant à terre, il l’adora. Le gouver-
neur en colerelefit dépoüiller, Si étendre fur la catapelte
: où les bourreaux l’aïant ferré entre les deux
ais, depuis le cou jufqu’aux talons, Si attaché par
tous les membres avec des clous de f e r , le pendirent
la tête en bas, Si allumèrent autour un grand
feu dont il fut confumé.
A ce récit tous les peres fondoient en larmes; mais
à peine Antoine eut fini, quand le vieillard Theof-
teriéteprêtre du monaftere de Pelieite,qui avoir le
nez coupé & la barbe brûlée avec la poix & la naf-
te , s’avança Si dit : On ne peut rapporter fans gémir
la cruauté du gouverneur d’A fie , que 1 on nomme
Lachanodracon.'Saint Etienne lui dit : Parlez ,
mon pere , vous nous encouragerez , fi Dieu veut
que nous fouffrions auffi. Theofteriéte reprit ainfi :
Le foir du jeudi-iaint, comme on celebroit les
divins myfteres, ce gouverneur entra par ordre
de l’ejnpereur avec une multitude de foldats;,fit
ceffer l’office, prit trente-huit moines choifis, qu il
attacha à des pièces de bois par le c o u , Si par les
mains : quant aux autres, il en fit déchirer a coups
de foüet, il en fit brûler , il en renvoïa, après leur
avoir fait poiifer Si brûler la barbe, Si couper le
nez ;dont je fuis du nombre. Non content de cela ,
il brûla le monaftere depuis l’écurie jufqu’aux egli-
K k k ij