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22 H i s t o ir e E c c l e s ia s t iq u e .
À n. dSo. Après le concile de Rome feint Vilfrid partitpour
IXé retourner en Angleterre par ordre du Concile, dont
vitf'à°ur de S' ^ deyoit montrer le jugement à l’archevêque Theo-
vit4per Mi. dore, & au roi Egfrid. Il obtint aufli un privilège
4+. du pape Agathon en faveur de ion monaftere de
Ripon. Pour la confolation des églifes d’Angleterre
, il emporta quantité de reliques, écrivant
les noms des Saints dont chacune étoit i & quan-
[. tité d’autres meubles pour l’ornement des églifes.
Ayant paflé les plaines de Lombardie, & les montagnes
des Alpes, il entra fur les terres des François,
où il apprit que ion ami le roi Dagobert venoit d’être
tué en trahifon , par la confpiration des ducs Sç
r. Mabiii. vr&f. du confentement des évêques. C ’eft à dire par le par-
i*,1.1. te, t- d’Ebro'in,quî avoit alors toute l’autorité en Neuitrie,
fous le nom du roi Theodoric, & qui avoit
établi mêrfte en Auftrafie plufieurs faux évêques en
la place des légitimés , comme Vaimer à Troyes ,
& Pharamond à Maftriél : car en général l’égliiè
de France tomba depuis ce temsen une grande de-
folation. Le roi Dagobert 11. fut enterré à Stenay,
& y eft honoré comme martyr depuis plufieurs fie-
cles : fuivant l’ufege du tems où l’on donnoit ce titre
à tous ceux qui aiant bien vécu avoient été tuez
injuftement. Plufieurs dans les derniers tems l’ont
confondu avec Dagobert I. ion ayeul plus connu
que lui : à qui ils ont attribué la fondation des égliiès
, & des monafteres fondez par le lècond , principalement
en Alfece.
Le roi Theodoric qui regnoit déjà en Neuftrie
& en Bourgogne commença alors à regner aufli
V. Abr.hifi. srd.
S» B.to, 1 .
L i v r e q . u à r a n t i e ’ me. 23
en Auftrafie, & réünit toute la puiftànce des François.
Ainfi fut accomplie la prophétie de iàint Eloy ;
car du vivant du roi Clovis fécond, il eut de nuit
une vifion qu’il raconta de cette forte : Je voyois le
foleil brillant avec un grand éclat vers la troifiéme
heure du jour diiparoître tout d’un coup. Comme
je regardois attentivement ce prodige , je voyois
comme une lune en quartier le lever environnée en
rond de trqis étoiles, &fiiivre le cours ordinaire du
foleil. La lune s’évanoüit, & les étoiles demeurerentr
elles avancèrent jufques vers le midi, fe frappèrent
l’une & l’autre de leurs rayons, & la plus belle dif-
parut fubitement. Les deux autres fembloient iè:
joindre , mais en un moment l’une s’obfcurcit, &
dilparut, la derniere continua à iuivre le cours du
foleil augmentant toujours en lumière r en forte
que quand elle arriva au couchant elle fembloit
plus éclatante que le foleil même. Telle fut la vifion
de faint Eloy. Saint Oüen qui la rapporte, ne
la voyoit encore accomplie qu’en partie, car il écri-
voit du vivant de Chilperic. En voici l’explication
entiere. Le foleil étoit le roi Clovis fécond, qui regnoit
feul en France, & mourut peu de tems après-
La lune étoit la reine feinte Batilde, les trois étoiles
fes trois fils Clotaire, Childeric & Theodoric, avec
leiquels elle régna quelque tems. Après fe retraite ils
fe firent la guerre , & Clotaire mourut bien-tôt.
Childeric fut tué quelque tems après ; 8c Theodoric
demeura enfin feul roi des François, comme
avoit été fon pere.
Saint Vilfrid arrivant en France, un des évêques
A n. 680.
VitaS. Elig. lib.
iitc. 31.
P& fe r EdUi, f.
31.