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dans la maifon de'Toton , où ils élurent pape
7^7» Conftantin fon frere encore laïque. Enfuite revêtus
de cuiraiTes & les armes à la main , ils le menèrent
au palais patriarcal de Latran , &c le firent monter à
l’appartement du vidame. Auffi-tôt ils firent venir
George évêque de Prenefte pour lui donner la ton-
fure cléricale. L’évêque n’en vouloit rien faire ; &c
fe profternant à terre aux pieds de Conftantin, il le
conjuroit par tous les divins myfteres, de quitter
cette entreprife, & de ne pas introduire dansl’égli-
ie une nouveauté fi inoiiie. Mais plufieurs de ces Séditieux
s’élevèrent contre lui, & lui firent de fi terribles
menaces, que faifi de crainte il céda & fit les
prières de la clericature fur Conftantin, qui demeura
en poiTeffion du palais de Latran. Le lendemain
lundi vingt - deuxième de Juin , le mêtne évêque
l ’ordonna foudiacre, contre les canons, dans l’oratoire
de faint Laurent du même palais. Le dimanche
fuivant, Conftantin accompagné d’une multitude
de gens arme?, alla à faint Pierre , où le même
évêque George le confacra évêque de Rome :
affilié d’Euftrafe évêque d’Albane & de Citonat
é vêque de Porto : & il demeura pendant treize mois
en poiTeffion du faint fiege. C ’eft le premier exemple
à Rome d’une pareille intrufion. George évêque
de Prenefte , confecrateur de Conftantin, fut
faifi peu de jours après d’une maladie qui lui ôta le
mouvement : en forte que jamais depuis il ne célébra
la meife. Car fa main droite étoit tellement retirée,
qu’il ne la pouvoir porter à fa bouche. Il
' mourut ainft tremblant & languiflant. i
Saint
L i v r e q u a r a n t e . t r o i s i e ’m e . 441
Saint Etienne étoit toujours dans fa prifon à C . P . ------------ -
Des qu’il y entra, il prédit que:ce i croit fa dernicre N • 7 ^ 7 •
demeure, & il eut la conColationd’y trouver trois * LV,
. i l * r Prilon de iaint
cens quarante-deux moines de divers païs. Les uns Etienac.
avoient le nezcoupé, d’autres les yeux crevez, ou rit* t■ s sodés
mains coupées,pour, n’avoir pas voulufoufcrire
contre les ffaintes, images. Quelques-uns avoient
perdu les-oreilles.; d-’autres montroient des marques
des coups de fouets, qui les avoient déchirez ; d’au,-
tres.leurs têtes rafées parles Iconoelaftes ; laplûpart
avoient la barbe poifiée & brûlée. Etienne voïant
les traces dediverfes fouffrances de ces faints con-
feffeurs, rendoit grâces à Dieu qui leur avoir donné
la patience ; & s’affligeoit de n’avoir encore
fouffert rien de femblable. Pour eux , ils le regar-
doient comme leur pafteur & leur maître : écou-
toient fes inftruétions, & lui découvroient leur in-
rerieùr. La prifon du prétoire devint un monafte-
re, où tout l ’office fe faifoit régulièrement, Les
gardes, & tous ceux qui avoient oiii parler du faint
l ’admiroient, .& le regardoient comme un ange fur
la terre.
Un des guichetiers dit à fa femme : Ma mie , cet- m ®«*
te folie de l’empereur nous fera périr ; car Etienne
d’Auxerice qui eft maintenant.dans la prifon,,m’a
paru, comme un dieu. La femme lui fit queftions
fur queftions ,& tira de lui toute la maniéré de,vie
du faipt homme : puis à fon infçû elle entra dans la
prifon, fe jetta aux pieds du faint, & lui dit.tbie
me rejettez pas,, moiji.pere, toute indigne que je
fuis i fouffrezque je vous apporte ce qui vous eft
Tome IX . K k k