
£3 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
fortoit quelquefois , pour aller dans les lieux écartez
ou innacceffibles inftruire les païiàns, que tous
les autres ecclefiaftiques riegligeoiènt, à caufe de
leur pauvreté & de leur ruilicitéj & quelquefois il
demeuroit avec eux jufques à trois femàines ou un
mois ; & baptifoit ceux qui n’étoient pas encore
Chrétiens. Il faifoit quantité de miracles. Son abbé
l’ayant ehfuite envoyé au monailere de Lindisfarne,
il y trouva des moines déréglez, qu’il ramena par là
douceur & là patience. Il vérfoit des larmes lorfi-
qu’il célebroit la me (Te, & qu’il entendait descon-
feffions des pecheurs. Après avoir été dôuze ans
prieur de Lindisfarne, il fe retira dans fille deFarne
pour y vivre en Iblitude. Il y fubfiiloït du travail de
les mains, & négligeoit tellement fon corps, qu’il
ne fe déchaulïbit pendant plufieurs années que le
jeudi-faint pour laver lès pieds. Il fit encore là plufieurs
miracles.
Saint Cutbert avoit paiïe plufieurs années dans
cette folitude , quand S. Théodore de Cantorberi
tint un concile en préfence du roi Ecfrid l’an 684.
où il fut élu toutd’une voix évêque de Lindisfarne.
O n lui envoya plufieurs couriers lâns pouvoir le
tirêr de fon monailere : il fallut que le roi y allât
lui-même avec faint Trumuin évêque de Picles,&
•plufieurs përformes confiderables : encore eut-on
Lien de la peine à le perfuadër. Son ordination
fut différée à l’année fuivante , & célébrée à Yorc
én prefence du roi le jour de Pâques vingt-fixiéme
de Mars 68 f . Sept évêques y ailiilerent, & à leur
tête Iàint Théodore. S. Cutbert étant évêque con-
L l V R E QUÀRANTIE’ME. pt]
dnua de garder les oblèrvances monailiqu’es : s’appliquant
toutefois avec un grand loin à l’inilruc-
I don de fon peuple. Ilvifitoit tout Ion diocefe,jufi
. ques au moindres villages; pour donner des avis là-
I lutaires, & impolèr les mains au nouveaux bapti-
I fez , afin qu’ils reçulTent la grâce du Iàint Efprit,
I ,c’efl-à-dire, donner la confirmation. Il fit encore
■ plufieurs miracles pendant fonépiicopat,principa-
I îement pour la guerilbn des malades. Mais ilmou-
■ rut au bout de deux ans, l’an 68~J. le mercredy
I vingtième de Mars; jour auquel l’églife honore fa
I mémoire.
Cependant iàint Théodore de Cantorberi âgé
■ de plus de quatre-vingt ans, & attaqué de fre-
I quentes maladies, voulut iè reconcilier avec iàint
I Vilfrid. Il le pria de le venir trouver à Londres,
I avec Ercomhalde ou Archambaud évêque du lieu ;
I ôc leur fit une confeflion de toute ià vie, dans laquel-
I Je adreflànt la parole à iàint Vilfrid, il dit : Le plus
I grand remords qûe je iènte eil le conièntement que
I j’ai donné à la volonté des rois, pour vous dépoüil-
I 1er de vos biens, & vous envoyer en exil, iàns au-
I cune faute de votre part. Je m’en confeiTe à Dieu
I & à faint Pierre; & je vous prends tous deux à té-
I moins que je ferai mon poifible, en réparation de
I ce péché, pour vous reconcilier avec tous les rois ôc
I les ièigneurs mes amis. Dieu m’a révélé que ma vie
I doit finir avant cette année : c’eil pourquoi je VQuS
I conjure de conientir, que je vous établiiTe de mon
I vivant archevêque dans mon fiege. Car je fçai que
ypus êtes le mieux inftruit de votre nation, dans
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