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Zacarie pape.
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2gS H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Le monaftere de Lorban ne payera rien , dit l’auteur
de la feuve-garde,parce que iis moines me montrent
de bonne foi legibier & reçoivent bien les Mufulmans.
Ils poflèderont leurs biens en paix, viendront
à Conimbre en toute liberté; &ne payeront
rien de ce qu’ils achèteront ou vendront, à la charge
de ne point fbrtir de nos terres fans congé. Le monaftere
de Lorban fubfifte encore , & eft à prefent
à l’ordre de Cifteaux. Cette piece peut faire juger de
la maniéré dont les Chrétiens vivoientfous la puif-
fence des Arabes dans lereftede PEfpagne.
A Rome le iucceiTeur du pape Grégoire III. fut
Zacarie grec de nation,fils de Polycrone, ordonné
le vingt-buit de Novembre 74 1 . qui tint le feint
fiiege dix ans trois mois ôc treize jours. Il étoit rempli
de douceur & de bonté, & fi éloigné de la vengeance
, qu’il chargea de biens ôc d’honneurs ceux qui
l’avoienr periècuté avant ion pontificat. Il aima le
clergé & le peuple Romain jufques à expoièr fe vie
dans le trouble où étoit alors l’Italie par la révolté
des ducs de Spolete ôc de Benevent contre le roi
Luitprand.
Zacarie lui envoya une légation, & fit tant par
les exhortations qu’il en tira promellè de rendre les
quatre villes qu’il avoitprifes de la duché de Rome.
D’un autre côté le roi s’étant mis en campagne
l’an 742. indiéHon dixième , pour prendre Tra-
fimond duc de Spolete, le pape perfuada aux Romains
d’envoyqf leurs troupes au fecours du roi
contre ce duc qui leur avoit manqué de parole. Ain-
fi Tranlimond iè voyant abandonné fe rendit au roi
L i v r e q u a r à n t e -d e ü x i e ’ m e . 2g g
qui l’obligea à entrer dans le clergé. Enfuite corn- An, 742
me le roi differoit d’accomplir fe promeife pour la
reftitution des quatre villes, le pape Zacarie iortit ti.
de Rome accompagné d’évêques ôc de clercs ôc l’alla V' * S7'
trouver à Interamna aujourd’hui T e rn i, à douze
milles de Spolete. Le roi lui fit de grands honneurs
&ils s’afTemblerent dans l’églife de feint Yalentin,
évêque de Terni ôc martyr, qui eft honoré le quatorzième
de Février. Le pape exhorta le roi à épar- Mxn)r' R-r*
gner le feng ôc chercher la paix ; & le toucha telle- ^
ment qu’il obtint la reftitution des quatre villes. Le
roi en fit un aéte de donnation, & rendit encore à
feint Pierre le patrimoine de Sabine pris depuis environ
trente ans : ceux de Narni, d’Offimo d’Anco-
ne ôc quelques autres, & confirma la paix pour
vingt ans avec la duché de Rome. Il rendit auiïi
tous les captifs qu’il retenoit de différentes provinces
des Romains, avec ceux de Ravenne. Il y avoit
donc deux parties en ce traité, l’intérêt public de la
duché de^Rome toujours dépendante de l’empire;
ôc 1 intérêt particulier de l’églife Romaine pour fes
patrimoines.
Le lendemain qui étoit dimanche, le pape à la
pnere du roi ordonna un évêque dans l’églife de
feint Valentin ; & il accompagna cette ceremonie
™ te^e que plufieurs des Lombards qui y
alùftoient avec le roi lui voyant prononcer les
prieresen furent touchez jufqu’aux larmes. Après
la meffeil invita le roi à dîner ■, & le traita fi bien
qu il difoit n’avoir jamais fait fi bonne chere. Le
lundi le roi reprit congé du pape, lui donnant Agi-
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