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peur qu’il ne vous arrive pis ; & donnez-vous de
garde des autres parens, Si il les fit conduire en sûreté.
Après le martyre de S. Boniface, Grégoire prêcha
en Frife par la permiifion du pape Etienne II.
v . m m u . obf p. du roi Pépin, Si gouverna le diocefe d’Utreét,
,l,‘ quoiqu’il ne fût que prêtre & abbé de la communauté
qu’il avoit dans cette ville. Il étoit aidé dans
ce travail par Alubert chorévêque, Angloisde naif-
fance. Car il avoit plufieurs difciples de diverfes
nations: de la fienne, c’eft-à-dire des François,
des A n g lo is , des Frifons Si des Saxons nouvellement
convertis, des Bavarois Si des Sueves. Il leur
donnoit la nourriture corporelle & la fpirituelle ; Sc
il n’y avoit gueresde jour qu’il'nes’afsît dès le matin
pour les écouter & fatisfaire à leurs queftions. Plufieurs
de fes difciples devinrent évêques : entr’au-
tres S. Ludger qui a écrit fa vie.
S. Grégoire d’Utreét n’affeétoit aucune fingula-
rité touchant les habits Si la nourriture ; fa vie étoit
commune, mais très fimple, Sc il recommandoit
fort à fes difciples la fobrieté. Il ne faifoic pas fern-
blant d’entendre le mal qu’on difoit de lu i , Si il
traitoit fes calomniateurs comme fes meilleurs amis.
Il déteftoit fur tout l’avarice. Si-tôt qu’il avoit de
l ’argent il le diftribuoit aux pauvres, ne gardant
que les vafes facrez de l’églife. Etant âgé de près de
foixante Si dix an s , il fut attaqué d’une paraiyfie
du côté gauche , Si vécut ainfi encore plus de deux
ans : continuant. fes exercices ordinaires, entr’au-
tres l’inftruétion de fes difciples, à qui il donna
L i v r e q u a r a n t e - q j j a t r i e ’ m e . 4 8 7
plufieurs livres, & en particulier à S. Ludger l’En-
chiridion de faint Auguftin. Trois ou quatre jours
avant fa mort arriva fon neveu Alberic , qui étoit
en Italie pour le fervice du ro i, & que l’on regar-
doit comme celui qui devoir prendre le foin de fa
communauté. Le faint homme n’en etoit point en
peine , Si aifuroit qu’il ne mourroit point qu’Al-
beric ne fût venu. Il l’entretint pendant ce qui
lui refta de vie de toutes les affaires de la communauté
: fçachant que fon dernier'jour étoit venu, il
fe fit porter à l’oratoire de S. Sauveur, Si y aïant
fait fa priere , Si reçu le corps Si le fang de N. S. il
mourut les yeux arrêtez fur l’autel. C etoit vers l’an
776, le vingt-cinquième d’A o û t , jour auquel l’églife
honore fa mémoire. Alberic lui fucceda dans
le gouvernement de l’églife de Frife, Si fut facré
évêque d’Utreét.
Entre les difciples de S. Grégoire d’Utreéf, on
compte faint Lebvin , ou plûtôt Liefuvyn , Anglois
, qui aïant été ordonné prêtre , paffa la mer,
Coint. an. y f 6. ri* 2-7- Mab ill. ad
v itam S . Ludg. toi
5. A . 2 3 .» .
Martyr. R. ï j ; .
Aug.
vint à Utreét trouver S. Grégoire, Si s’offrir â lui :
difant qu’il avoit reçûordre de Dieu d’aller prêcher
fur l’ifele , qui étoit la frontière des François Si des
Saxons. Comme ce lieu étoit du diocefe d’Utreél ,
S. Grégoire l’y envoïa volontiers, lui donnant pour
compagnon Marchelme auffi Anglois, fon difci-
ple. Ils logèrent quelque temps chez une veuve ,
Si aïant converti plufieurs infidèles, ils bâtirent
un oratoire au lieu nommé Vilpa fur l’ifele au
couchant. Enfuite le nombre des fidèles cro it
fan t, ils en bâtirent un autre plus grand au delà
XL
S. Lebvin.'
V i t a ap. Sur. f z i No verni?*
V it a fancl. Ludg•
to. y, adt. R. p. 2*2.