
4 i i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j e .
der juiques à ce que l'empereur eut réfolu ce qu’il en
feroit. La cellule de faint Etienne étoit un trou dans
le Commet de la roche, d’environ une coudée & demie
de large & de deux de haut. A l’Orient il
avoit creuié une petite niche , pour faire fa priere ,
mais il baife qu’il n’y pouvoir tenir que courbé : le
?.• 4j5- refte de la grotte étoit découvert. C ’étoit plûtôtun
tombeau qu’une cellule. Ses difciples lui aïant demandé
pourquoi il s’étoit mis fi à l'étroit : C ’e f t ,
u a tth . v u . i4 . dit-il , que la voie qui mené à la vie eft étroite. Il
'If | demeurait donc là, expofé aux ardeurs de l’efté &
aux rigueurs de l’hyver. Son habit n’étoit qu’une
tunique de peau, Si il portoit pardeifus une chaîne
de fer en croix depuis les épaules jufques aux
reins, où elle étoit clouée à une ceinture dè fer &
à une autre fous les ailfelles.
t-419- Les foldats étant arrivez à cette cellule, en tirèrent
le faint homme , Si furent obligez à le porter.
Car à force d’être dans ce trou , fes jambes
étoient pliées, Si il ne pouvoir ni les dreffer ni les
remuer : joint la foiblelfe caufée par fon extrême
abftinence. Les foldats furpris de ce fpeélacle , Si
touchez de compaffion, le prirent à d’eux, lui fai-
fant mettre les mains fur leurs épaules Si lui tenant
les genoux. Ils le portèrent au cimetiere de faint
Auxence : 011 ils l’enfermerent avec fes moines, Si
s’étant affis à la porte, ils attendoient l’ordre de
l’empereur. Cependant . faint Etienne chantoit
avec fes moines une priere qui commence : Nous
adorons, Seigneur, votre fainte image ; Si enfuite
une autre qui dit : J’ai rencontré les voleurs de
L i v r e q u a r a n t e - t r o i s i è m e . 4*3
mes penfées qui m’ont dépouillé. Il vouloit mar- —-----------
quer qu’on l’a voit tiré de fa retraite Si de fa con- A n . 7 (Tj.
templation. Mais les foldats qui l’entendoient bran-
loient la tête , Si fe difoient l’un à l’autre : Helas ,
ces moines que l’on maltraite ainfi fans fuje t, ont
bien raifon de nous appeller des: voleurs. S. Etienne
Si ceux qui l’accompagnoient demeurèrent ainfi
enfermez fans manger pendant fix jours, le feptié-
me l’empereur envoïa un autre officier, qui remit
le faint homme dans fa cellule. Car il étoit obligé
de partir pour la guerre contre les Scythes, c’eft-
à- dire les Bulgares, qui attaquèrent les Romains au
mois de Juin de la vingt-deuxième année de Con-
ftantin, indiction première, c’eft-à-dire l’an 763. Theoph.p. ¡e^.
Les foldats avant que de partir fe recommandèrent
aux prières de faint Etienne.
Mais le patrice Callifte aïant tiré a part un de fes xxxm.
moines nommé Sergius, lui donna de l’argent, 6e lui Annc calomnlc®'
en promit davantage pour 1 acculer. Sergius aïant
cherché inutilement les moïens de lui nuire en fe-
cret, fortit du monaftere, & s’adreffa à Aulicalame
intendant des tributs du golfe de Nicomedie , avec
lequel, il compûfa un libelle d’accufation à l’empereur,
où il difoit : Premièrement il vous a anathe-
matifé comme heretique -, ôc vous dit des injures.
Et après d’autres accufations frivoles,il ajoutoit : il
a féduit une femme noble , qu’il tient dans le monaftere
d’en bas, d’où elle monte la nuit à fa cellule,
pour leur infâme commerce. C ’étoit une veuve,qui
n’aïant point d’enfans vendit tous fes biens & quitta
fon païs & fa famille, par le confeil du faint abbé,
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