
A N. 785. Taraife & leur racontèrent fes bonnes difpofitions,
& celles de 1’imperatrice. Les deux moines cachèrent
foigneufement les légats , pour la crainte des
Mufulmans, qui les auraient pû prendre pour des
efpions de l’empereur de C . P. ils n’oferent les
laifler voir à perfonne , ni leur permettre d’execu-
ter leur delfein, qui étoit d’aller trouver les patriarches
d’Orient. Après les avoir mis en sûreté, ils fe
dérobèrent d’eux , & allèrent en diligence trouver
les moines de Pale (line, qu’ils affemblérent fans
bruit ; & d’abord leur firent promettre,fous de terribles
fermens, de tenir fecret ce qu’ils alloient leur
dire : ainfi après avoir bien pris leurs sùretez , ¡ils
leur découvrirent toute l’affaire. Ceux.ci fur pris &
touchez d’un changement fi peu attendu de leglifé
de C . P. répandirent beaucoup de larmes , & fe
levèrent pour prier avec crainte & tremblements
Après avoir demandé la lumière du Saint Efpric,
ils réfolurenç, connoiffant la haine des Mufulmans
contre les chrétiens,de retenir les légats de C . P. &
de les empêcher d’aller voir ceux à qui ils étoienc
envoïez.
Ils les amenèrent au milieu d’eux, & les exhortèrent
fortement à ne pas troubler les églifes , qui
étoient en paix, &c cauferla ruine entiere d’un peuple
accablé d’une dure fervitude, & chargé d-’impo-
fitions excefïivesi Les légats ne pouvoient goûter
cette propofition, & difoient : C ’eft pour cela même
que nous fommes envoïez, afin de nous expo-
fer a la mort pour l’églife , & d’accomplir l’intention
du patriarche &(. de l’empereur. Vous auriez
L i v r e q u a r a n t e - q u a t r i e ’ m e . ¿13
raifon, reprirent les moines, fi vous n’expofiezque T “ “
votre vie : mais puifqüe ce péril regarde tout le ' '
corps de l’églife,quel en fera le fruit ? Mais,difoient
les légats, de quel front retournerons-nous à ceux f.I74.
qui nous ont envoïez, fans leur rien rapporter de ce
qu’ils ont efperé ? Les moines embarraifez de cette
difficulté, jetterent les yeux fur deux d’entre eux,
Jean & Thomas qui avoient été fynceiies de deux
patriarches, & dont ils connoifloient le zelepour la
r o i , & l’amour pour la retraite. Jean étoit célébré Theoph. p. 309.
par fa doétrine & fa vertu, & avoit été fyncelledu
patriarche d’Antioche : Thomas l’avoit écé de celui
d’Alexandrie. Il étoit abbé du monaftere de faint
Arfene en Egypte ; & il fut depuis archevêque de
Theifalonique. Les moines leur dirent : Voici, mes
freres, un temps propre pour le falut,& une oeuvre
bienau-deifusdela retraite. Allez avec ces hommes,
& vous chargez de leurs exeufes. Expliquez à nos
maîtres de vive voix ce que nous ne croïonspas leur
pouvoir apprendre par lettre. Vous fçavez comme
fur un leger foupçon le patriarche de Jerufalem a
été exilé à plus de fix cens lieues. Quand vous aurez
accompli l’oeuvrè de Die’u , & fait connoître à
nos maîtres la tradition apoftolique, qui s’obferve
dans les églifes d’Egypte & de Syrie, alors vous rentrerez
dans votre chere folitude. Ils voulurent s’ex-
eufer fur leur incapacité, mais on les obligea d’aller
dé lapart des patriarches d’Orient, qui ne pouvoient ritas:Tar*f.e.
ni recevoir,ni écrire des lettres fur ces matières. Sça-
voir Jean pour Theodoret patriarche Melquitc
d’Antioche, qui avoit fuccedé à Théodore fuccei-
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