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A n . 7 j j .
0 t il . lib. II. i. if.
Villibald.e. 11.
VitaS. Lioba n.
i ff.
520 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
en peine d’eux tous, craignant qu’ils ne fe diflipent
après ma mort ; & que les peuples qui font près de
la frontière des païens ne perdent la foi de J. C .
C ’eft pourquoi je vous demande pour eux*'votre
confeil & votrè prote&ion. Je vous conjure aufti
an nom de Dieu, de faire établir mon fils Lulle &
mon confrere en 1,’épifcopat, pour le feryice de ces
églifes, afin qu’il .foit le do&eur des prêtres , des
moines & des peuples. J’efpere qu’il en remplira les
devoirs. Ce qui me touche principalement, c’eft
que mes prêtres qui font fur la frontière des païens
mènent un^vie très-pauvre. Ils peuvent gagner du
pain,mais non pas deshabits,fion ne les aide comme
j’ai fait. Faites-moi fçavoir votre reponfe, afin que
je vive , ou que je meure plus content.
Saint Boniface ordonna donc Lulle archevêque
de Maïence , du confentement du roi Pépin , des
éyêques | des ab bez , du clergé, & de tous les fei-
gneurs de fon diocefe. PuisiJ lui donna fes derniers
ordres en ces termes , étant prêt à partir pour la
Frife : Le temps de ma mort approche, achevez,
mon fils , le bâtiment des églifes que j’ai commencées
en Turinge , appliquez-vous fortement à la
converfion des peuples : achevez l’églife de Fulde,
& m’y faites enterrer. Préparez tout ce qui eft né-
ce/Taire pour notre voïage , *& mettez avec mes livres
un linceul pour m’enfevelir. A ces mots Lulle
fondoit en larmes. S. Boniface fit aufli venir l’ab-
beife Liobe, & l’exhorta à ne point quitter le pais,
quoiqu’elle y fût étrangère -, & ne point fe relâcher
dans l’obfervance de fes voeux, foit par la foi-
L l V R E Q U A U A N T E - T R O 1 S I E M E. 391
bleffe du corps, foit par la longueur du temps : mais
de confiderer la recompenfe éternelle. Il la recommanda
à l’évêque L u lle ,& aux ancigis du monaf-
tere de Fulde , qui étoient prefens : leur ordonna
qu’elle fut enterrée avec lui dans le même fépulcre,
& lui donna fa cucule.
Enfin faint Boniface partit, & par le Rhin def-
cendit en Frife, où il convertit & baptifa plufieurs
milliers de païens, abattitdes temples, & élevades
églifes. Il étoit aidé par Eoban, qu’il avoit ordonné
évêque d’Utreél après la mort de faint Villebrod :
& par dix autres compagnons , trois prêtres, trois
diacres & quatre moines. Il avoit marqué un jour
pour la confirmation de ceux qu’il venoit de bapti-
fer apparemment à pâquc, & qui s’étoient retirez
chacun chez etix. En les attendant,-il campoit avec
fa fuite, fur la Bourde, riviere qui féparoit alors la
Frife orientale de l’occidentale. Le jour venu, ou vit
paroître dès le matin , non pas les néophytes que
l’on attendoit, mais une troupe de païens furieux ,
armez d’écus &c de lances, qui fondirent fur les tentes
du faint évêque. Les ferviteurs fortirent pour
les repouiîer à main armée : mais S. Boniface aïant
oui le bruit, appella fon clergé , & prenant les reliques
qu’il portoit toujours aveciui , il fortit de fa
tente & dit à fes gens : Mes enfans, ceflez de combattre
: l’écriture nous apprend de ne pas rendre le mal
pour le mal. Le jour que j’attends depuis long-temps
eft arivé, efperez en Dieu, & il fauvera vos ames.
Enfuite il exhorta les prêtres & fes autres compagnons
à fe préparer courageufement au martyre*
X X I .
M a r t y r e d e fa in t
B o n ifa c e .
Vtllib. c\ 11. n. 34.
V. M ab ill. torn. 4*
acî.p. 3.