
H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
par le travail de leurs mains, & y fondèrent une
églife & un monaftere la troifiéme année du regne
d’Aftolfe , c’eit-a-dire l’an 751. L’année fuivante
l’églife fut confacrée en l’honneur de tous les apôtres
par ordre du pape Etienne 11. & par les mains
de Sergius archevêque de Ravenne. Aftolfe confirma
cette donation par une charte où il oblige feulement
les moines à lui fournir quarante brochets
au grand carême, & autant au carême de S. Martin,
c’efi: à -dire à l’Avent. Aftolfe alla à Rome avec
Anfelme , & offrit cette lettre fur le corps de faint
Pierre pour marque de fa foumiflion au faint fiége.
Le pape revêtit Anfelme de l’habit monaftique, lui
donna le bâton paftoral, le confacrant abbé , ô£
le recommanda à l’archevêque Sergius, qui étoit
prefent avec plufieurs autres évêques, car cette cérémonie
fe fit en plein concile. Le pape permit aufti
à Anfelme d’emporter le corps de faint Silveitre.
Ainfi on peut croire que la guerre que le roi des
Lombards faifoit à Rome avoir des intervalles pendant
l’hy ver. Saint Anfelme fonda plufieurs hôpitaux
en l’un defquels on nourriftoit deux cens pauvres
le premier jour de chaque mois, & on difoit
tous les ans trois cens meffespour les vivans & pour
les morts. Il gouverna cinquante ans le monaftere
de Nonantule , & eut fous fa conduite jufques à
onze cens quarante-quatre moines, fans les enfans
& les novices.
Après que le roi Aftolfe eut renvoie fans rien faire
les deux abbez députez par le pape : Jean filentiai-
re de l ’empereur Conftantin arriva à Rome appor-
L i v r e q u a r a n t e -t r o i s i e ’m e . 363
tant des lettres pour le pape & pour le roi des Lombards,
où il l’exhortoit à rendre les places qu’il avoit
prifes fur l’empire. Le pape l’envoia auffi-tôt à Ravenne
trouver le r o i, qui fans donner de réponfe
précife, fe contenta d’envoïer un ambaffadeur à C .
P. avec Jean. Le pape y envoïa aufti des députez
chargez de lettres, où il prioit l’empereur, comme
il ayoit déjà fait plufieurs fo is , de venir avec une
armée délivrer Rome &c l’Italie. Mais cette députation
fut encore fans effet, & l’empereur Conftantin
n’envoïa aucun fecours.
Ses troupes étoient occupez en Orient pour pro- vi.
C J Ï J - - P 1 \ Jt r \ • * 1 C a l i f e s AbbaÜfi- oter de la diviiion des Mululmans qui venoient de ¿es.
changer de maître. Car il s’éleva contre le calife ul' c' 1
Meroiian un parti puiffant,dont le chef étoit Ibrahim
fils de Mahomet, fils d’A ly chef de la maifon
d’Abas. Cet Abas étoit oncle de Mahomet le prétendu
prophète, au lieu qu’Ommia chef de la branche
régnante n’étoit fon parent qu’en un degré éloigné.
Ibrahim fut reconnu Iman à la Meque l’an de
l’hegire 117. de J. C . 744. mais quatre ans après
il fut pris par Meroiian qui le fit mourir. Son frere
Abdallafurnommé AboulabasSaffah foutintle parti,
& fut reconnu calife à Coufa en Arabie,l’an 131. c . t .
le vendredi treizième jour du troifiéme mois, qui
revient au dernier Oétobre 749. Il chafla Meroiian
en Syrie , en Paleftine & jufques en Egypte , où
dans le defefpoir de fes affaires , il fit de grands
maux aux chrétiens. Il en tint plufieurs dans les
fers, entr’autres Chaïl ou Michel patriarche Jaco-
bite d’Alexandrie , qu’il voulut plufieurs fois faire
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