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re pour leur demander des puieres, afin de s acquitter
dignement defon miniftere. En ces lettres elle
cil nommée Leobiguthe , c’eft-a-dire aimee de
Dieu.
Enfuite S. Boniface pria l’abbelfe Tetta de lui
cnvoïer Liobe pour fa confolation Si Ion fecours t
car le mérité de cette fainte fille lui avoit déjà attiré
une grande réputation. Tetta eut bien delà peine
à s’en priver ; & S. Boniface l’aïant reçue en Allemagne,
réfolut de s’en iervir pour y former des re-
ligieufes, comme il fe ièrvoit pour les moines de
Sturme,qu’il appelloit fon ermite. Il bâtit pour elle
un monaftere au lieu qui fut nomme Bifchofsheim,
c’eft-à-dire la demeure de l’évêque,& dont une ville
du diocefede Maïence conferve le nom :carie monaftere
ne fubfifte plus. Il s’y forma une grande
communauté, d’où furent depuis tirées Les abbefles
de plufieurs autres monafteres.
Unemalheureufe femme courbée d’infiimitequi
couchoit à la porte du monaftere, Si vivoit de ce
qu’on lui donnoit de la table de l’abbeffe , aiant
eu un enfant par un crime , le jetta de nuit dans
la riviere qui paffoit près du monaftere. Une autre
femme venant le matin puifer de l’eau , trouva cet
enfant mort, & remplie tout le village de fes cris,
difant que ces religieufes baptifoient ainfi leurs en-
fans, Si infeétoient l’eau de la riviere. Tout le peuple
s’amaiTa avec indignation ff Si l’abbeffe fit revenir
aulïi-tôt une religieufe qui étoit fortie par fa
pertniflion, Si qui protefta devant Dieu de fon innocence,
le priant de faire connoître la coupable.
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L’abbeffe aifcmbla les religieufes dans l’oratoire, Si
leur fit reciter tout le pfeautier debout, Si les bras
étendus en croix,puis marcher en procelïion autour
du monaftere trois fois le jour, à Tierce, à Sexte Si
à None. A la troifiéme fois Liobe en préfence dé
tout le peuple, s’approcha de l’autel, Si devant la
croix que l’on alloit porter, elle pria Dieu avec larmes
étendant les mains vers le ciel, de les délivrer
de cet opprobre. Auili-tôt la malheureufe pecheref-
fe fut fai fie du démon, Si confeiïa fon crime devant
tout le monde. Le peuple rendit gloire à Dieu par
de grands cris, les religieufes furent juftifiées; mais
la coupable demeura poifedée toutle refte de fa vie.
Sainte Liobe fit plufieurs autres miracles. Elle avoit
dans fa communauté une religieufe nommée The-
cle, qui l’aYoit fuivie d’Angleterre, & q u ifu ta b -
beife à Chizzingue fur le Mein dans le diocefe de
Virzbourg.
Cependant Virgile Si Sidonius prêtres quitravail-
loicnt en Bavière fous la conduite de S. Boniface ,
écrivirent au papeZacarie, qu’il s’étoit trouvé dans
cette province un prêtre, qui ne fçachànt point le
Latin baptifoit en cette forme : Baptifo te in nominc
P a tr ia& F ilia, & Spirituel Sanéla: Si que Boniface
avoit jugé que l’on devoit réitérer le baptême ainfi
donne. Sur quoile pape lui écrivit, qu’il s’étonnoit
de fa décifion. Nous ne pouvons, dit-il, confentir
que l’on baptife de nouveau ceux que ce prêtre a
baptifez ainfi ; par une fimple ignorance de la langue,
fans introduire aucune erreur : puifqu’on ne
baptife point ceux-mêmes qui ont été baptifés par les
T t i j
O th o l . lib . 1 .c. z f .
A et. to . 4 . p . 4 1 .
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B a p têm e in n om i-
n e P a t n a .
Z a . epi(t. 9 .