
<Sen. xxii
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270 H i s t o i r e . E c c l e s i a s t i q u e .
donc toute adoration , ou recevez-les toutes dans
les occafions convenables.
N ’eft-ce pas un feul Dieu & unièullegiilateur >
Pourquoi donc ordonrte.r’ildeschofescontraires?
Pourquoi fait-il couvrir le propitiatoire de chérubins
faits de mains d’hommes ? L ’arche, l’urne & le
propitiatoire, ne iont-ce pas les ouvrages des hommes
, faits ièlon vous d’une matière vile ? Le tabcrna-
• f. ele tout entier n’eft-il pas, comme dit l’apôtre, la copie
& 1 ombre des choies celeftes ? La même loi qui
défend les images, ordonne donc de faire des images;
Et eniùite.
Le boisfacré delà croix eft-il pas matière ? Et le
lieu du calvaire & la pierre du faint fepulchre/ource
de nôtre refurrection : & les lettres dont les évangiles
font écrits ; & la fainte tab le, & l’or & l’argent
dont on fait les croix & les vafes iàcrez ; enfin lç
corps & le iàng de Nôtrc-Sèigneur. T o u t cela n’eft-
il pas matériel ? O tez-donc le culte & la vénération
de toutes ces chofes,ou convenez que l’on peut h o norer
les images de Dieu incarné & de fes amis.
O n vo it ici combien de chofes fenfiblesles Icono-
daftes reipecfoient encore.
Saint Jean Damaicene ajoute : Si c’eft pour obéir
a la loi que vous voulez ôter les images, vous pouvez
auiii recevoir leiàbat & la circonciilon. Mais
fçachez qüe fi vous obfervez la lo i , Jefus-Chrift ne
vous profitera de rien : Et enfuite : ils difent, con-
tentez-voüs de faire l’image de Jefus-Chrift, & de
ià merc. Quelle abiurdité ? Ne voyez-vous pas quç
Vous vous déclare? ouvertement ennemis des Saints
L i v r e q u a r a n t e :c e ' u x i e’ me. 271
puifque vous ne deiàprouvez pas leurs images, mais 5,2Î<£'V! **
les honneurs qu’o.n leur rend ? Et enfuite : Le temple
deSalomon étoit orné tout à l’entour de chérubins,
de palmes, de grenades, de boeufs, délions. N ’eft-
il pas plus décent d’orneï les murailles de la maiion
de Dieu d’images des Saints, que d’animaux fans
raifon ? Nous ne voulons pas peindre Jefus-Chrift,
I fans les faints qui compofent fa cour. Q ue l’empereur
de la terre fe dépoüille de la tienne avant que
de depoüiller Ion maître. Et enfuite: Autrefois on
ne batilïbit point de temples aux hommes , & on
ne celebroit point la mort des juftes par la joye ,
mais par les larmes : au contraire celui qui avoit
touché un m o r t, fut-ce le corps de M oïfe , étoit re- Mm'XIXl
puté immonde. Otez donc les fêtes inftitüées en
l ’honneur des Saints, contre les maximes de l’ancienne
lo i, ou recevez leurs images, que vous prétendez
être contraires à la loi. Mais vous ne pouvez
abolir ces fêtes établies par les apôtres & les
peres. Car depuis l’incarnation du verbe, nous femmes
vraïement fandifiez, délivrez par fesfouffran-
ces, immortels par là refurrection. Depuis ce tems
nous honorons la mort des Saints par la joye , &
non par ledeüil. Et eniùite : L ’ombre ou la ceinture
des apôtres guérifFoit les malades, & chaflbit
les démons : pourquoi leurimage ne ièra-t’elle pas
honorée ? O u n’adorez rien de matériel, ou ne foyez
point novateur, & n’ébranlezpas les bornes éternelles
plantées par vos peres , qui ont établi les uià-
ges de l’eglile, non feulement par leurs écrits, mais
par la tradition. Ici iàint Jean Damafeene rapporte