
■“ ■ ' - " triarche d’Aquilée. Le roi Charles avoit fait la
A 1 9 l> guerre cette année avec avantage contre les Avares
A«*, toifci. ou les Huns : car les hiftoriens confondent ces deux
m-iTi. peuples. Il ne pouvoir plus fouffrir lesinfultes que
- ces barbares faifoient aux églifes & aux chrétiens,
qui s’en étoient plaints fans en avoir eu aucune fa-
tisfa&ion. Ainfi après avoir fait celebrer des pricres
accompagnées de jeûnes & de procédions nuds
pieds pendant trois jours pour implorer le fecours
• de Dieu , il fit marcher fes troupes contre eux, des
deux cotez du Danube, & leur donna une telle épouvante,
qu’ils fe retirèrent dans les lieux inacceifi-
bles. Les François ravagèrent le païs,firent un grand
ztif.aiTnfi.tQ. butin, & emmenerent une infinité de captifs. D’un
ircntit. .iss. autre parmée d’Italie combattit les Avares, &
en fit un grand carnage. Le roi Charles donna avis
de ces heureux fuccès à la reine Faftrade fon épou-
f e , qui étoit demeuré à Ratifbonne , pour faire
obferver les mêmes dévotions qu’il fpecifie en détail.
ft. j.etnc.t.tfl. Ces viétoires donnèrent occafion à Paulin de tenir
un concile avec fes fuffragans, qu’il convoqua
par fes lettres canoniques. Ils s’aflemblerent à
Friouldans l’églife de lafainte Vierge; & après la
leéture de l’épitre & de l’évangile, & plufieurs prières
, les portes étant fermées, & le peuple en foule
au dehors, l’archidiacre appella:fur une lifte les
évêques qui entrèrent en filence par une porte fe-
crete. Quand ils furent tous affis , Paulin dit :
Vous fçavez que les défordres des guerres , donc
¡nous étions environnez, ne nous ont pas permis
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depuis long-temps de tenir des conciles , quoique
les canons les ordonnent deux fois l’année. Il eft vrai
qu’on fupplée en quelque maniéré par les conciles
généraux convoquez par le prince , où j’ai fouvent
affilié. Il entend les conciles que le roi Charles af-
fembloit prefque tous les ans de tous les païs de
fon obéiffance. il continue: Maintenant nous trouvant
en repos après la défaite des barbares, nous
nous fommes preffez de vous affembler, fuivant
les canons. Il propofe enfuite de commencer par la
fo i , & combat deux erreurs. La première, que t
le faint Efprit ne procédé que du Pere Ôc non du
Fils : Qui a , dit-il, obligé d’ajouter au fymbole ,
Filioque J quoique les peres qui l’ont compofé,euf-
fent raifon de ne le pas mettre, emploïant Amplement
l’expreifion de l’évangile. L’autre erreur, eft
de divifer Jefus-Chrift en deux, l’un naturel, &
l’autre adoptif, qu’il condamne fans en nommer
les auteurs.
Ce concile fit auiïi quatorze canons : dont le
premier eft contre la fimonie , les fuivans touchant
la vie exemplaire que doit mener le clergé, à qui
on défend de loger avec quelque femme que ce
foit ; même celles que permettent les canons. On
défend aux clercs les chanfons profanes, les inftru-
méns de mufique & les grands divertiffemens. Au-
çun évêque ne condamnera à la dépofition un prêtre
, un diacre ou un abbé , fans confulter le patriarche
d’Aquilée. Les mariages clandeftins font
■défendus ; mais on fera des contrats, on donnera
le temps de s’informer de la parenté , & le curé en
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