
190 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
A n 7 1 6 r ^ ° 'n dt? P^a*re a 1 cftime qu’il avoit acquife re-'
I folut de quitter fon païs pour travailler à la conver-
iîon des infideles; & ayant obtenu avec peine le con-
fentement de ion abbé , & de la communauté , il
partit accompagne de deux autres moines, & pafla,
en Fiife vers! an 711!. Maisily trouva la guerre allumée
entre Charles prince des François, & le roi Rat-
bod qui avoit rétabli l'idolâtrie dans la Frife, auparavant
fujetteaux François, & perfecutoic les Chrétiens.
Oiiinfrid vint àUtrech lui par 1er: mais voyant
qu il n y avoit rien à faire pour la religion dans ce
pais, il repaflfa en Angleterre avec fes compagnons,
ôc retourna au monaftere de Nufcelle.
« t à & f e , r C f0i des a^oit écouté Jes inftrU(ftions
ja.st. Ben.f. defaint Vulfran, & étoit prêt à recevoir le baptême.
Il entrou deja dans les fonts, quand il conjúrale
faint eveque de lui dire ou etoit le plus grand nombre
des rois & des princes de la nation des Friions ,
s ils écoient en paradis qu’il lui promenoir, ou dans
1 enfer dont il le menaçoit Ne vous y trompez pas
Seigneur, dit S. Vulfran , les princes vos prédécef-
feurs qui font mores fans baptême font certainement
damnez : mais quiconque croira déformais , ôc fera
baptife , fera dans la joïe ecern elle avec Je fus-Ch ri ft.1
Alors Ratbod retira le pied des fonts baptiimaux ,
& d i t :J e n em e puis refoudre à quitter la compagnie
des princes mes prédéceifeurs, pour demeurer
avec un périt nombre de pauvres dans ce royaume
celefte. Je ne puis croire ces nouyeautez, & j ’aime
mieux luivre les anciens ufag.es de ma nation. Quoi
que lui pût dire faint Vulfran, il demeura dans ion
L i v r e q o a r a n t e -u n i î ’ m e . i y r
opiniâtreté, tandis queplufieurs Friions feconver- -----«
riffoient. N. 719^
Il ne biffa pas enfuite de demander faint Ville-
brod, qui prêchoit dans le même pars, pourlecon-
fulteravecS. Vulfran, & trouver quelque moyen
de fe faire Chrétien fans quitter fa religion. Saint
Villebrod répondit àfes envoyez : Après quevotre
prince a méprifé les avisde notre frere le faint évêque
Vulfran ,. comment recevra-t’il les miens ? Je
l ’ai vû cette nuit attaché d’une chaîne ardente, c’eft
pourquoi je fuis affuré qu’il eft déj,a dans la damnation
éternelle. S. Villebrod aïantainfi parlé,ne b iffa
pas de femettre en devoir d’aller trouver le roi Ratbod
¡mais il apprit en chemin qu’il étoit mort fans
baptême , & retourna lu. fes pas. C ’étoit l'an 719»
Quant à S. Vulfran ayant prêché en Frife pendant
cinq ans, il ordonna Geric pour fon fucceffeur dans
l’églife de Sens,Si retourna à l’abbaye de Fontenelle,
où il acheva faintement fa vie l’an 710. le vingtième Martyr, r. xo,.
de Mars, jour auquel l’églife honore fa mémoire. M“rU
Peu de tems après le retour du prêtre Oùinfrid
dans fon monaftere de Nufcelle, l’abbé mourut, 8c
fa communauté voulut le mettre à fa place, mais il
fe refufa 8c s’en alla.à Rome avec des lettres de recommandation
de fon évêque. C ’étoit Daniel évêque
de Vinceftre,célébré par fa vertu 8c fadoétri-
ne. Oiiinfrid étanc arrivé à Rome fe prefenta au pape
Grégoire II. ôc lui expliqua le defir qu’il avoit
de travailler a la eonverfion des infidèles. Ee pape
le regarda d’un vifage ferein , & lui demanda s’il
avoit des lettres de fon évêque. Oùinfrid tira- de-'