
334 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
qu’en punition de femblables crimes Dieu avoit
abandonné aux Sarrafins l’Efpagne, la Provence Sc
la Bourgogne. Que la débauche attire fouvent l’homicide
; parce que les malheureufes qui fe font laif-
fé corrompre, détruifent leurs enfans pour couvrir
leur infamie, & les font périr quant au corps &
quant à l’ame.
Il fe plaint encore que ce roi fans refpeéler les privilèges
des monafteres, en ufurpe les biens, & fouf-
fre que les gouverneurs impofentaux moines tte aux
prêtres une fervitude plus grande que fous fes pré-
deceifeurs, entre leiquels il lui donne l’exemple des
rois Ceolred & Ofred morts malheureufement en
punition de femblables excès.
Il accompagna cette lettre de deux autres:l’une
à Edbert archevêque d’Yorc , fucceifeur de Vilfrid
tfiji.i. io. I I . l’autre au prêtre Herefrid en qui le roi avoit
confiance. Il leur marque qu’il nagit en cette oc-
cafionque par affedion pour la patrie, par zele pour
le falut du r o i , & pour executer l’ordre du pape ,
qui l’envoïant prêcher aux peuples de Germanie ,
l’a chargé de travailler à ramener tous les chrétiens
qu’il trouvera égarez du bon chemin. Il prie l’archevêque
de lui envoïer quelques ouvrage? de Bede, &
lüi envoie de fon côté quelques lettres de S. Grégoire
qu’il a reçues de Rome, & qu’il ne croit pas
qui fè trouvent en Angleterre.
t Cependant en exécution du concile S. Boniface
Adaibett&ck- écrivit au pape Zacarie deux lettres , dont celle qui
ment impofteurs. n 1 ^ & t
Bonif. efift. 131. nous relte commence ainii : Depuis près de trente
ans que je me fuis engagé au fervice du faint fiege,
L i v r e q j u a r a n t e -"d e u x i e ’m fi. 33*
j*ai toujours accoutumé: de lui faire parc de tout ce qui
m’arrive d’agréable ou de fâcheux,pour être foutenu
de fes confeils. Sçachez donc que depuis que vous
m’avez ordonné de ptéfider à la province de France,
j’ai fouffert de ; grandes perfécucions, principalement
de la part des faux évêques, i des; prêtres ôi
des clercs impudiques, dont l’un nommé A dalbert
eft Gaulois de nation , & l’autre nommé Clement
eft EcoiTois. . .
Adalbert a été hypocrite dès fa première-jeuneife,
difant qu’un ange! lui a apporté de-l’extrémité du
monde des.reliques d’une fainteté. merveilleufe, en
vertu defqueUcs il pouyoit obtenir de Dieu tout ce
qu’il demanderoit. ¡'Pat cetce induftrie il xeft infinué
dans plufieurymaifons,&a attiré des femmes &une
multitude de païfans.', qui difoient que c’étoit un
homme d’une fainteté apoftoIique,& qu’il avoir fait
plufîeurs miracles. Enfuite il a gagné par argent des
évêques ignorans,qui fe font ordonnez abfolument,
c’eft-à dire fans fiége déterminé, contre les canons.
Enfin fon orgueil a monté jufques au point de fe
comparer aux apôtres, & de ne vouloir eonfacrer
des églifes ni'en leur honneur, ni- à-L’honneup des
martyrs, mais;en fon nom. Il a-fait depetitescroix
&sde petits oratoires dans les campagnes ,; près- des
fontaines & par tout-où il a trouvé bon, & y a fait
faire des prières publiques-, en forte que le peuple
quittoit les anciennes églifes pour s’y alïcmbler au
mépris des évêques, en difant : Nous ferons aide2
par les mérités de faint Adalbert. Il adonnéfeson-
gles & fes cheveux pour les honorer & les porter avec.