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l'accompagner jufques à Pontyon en Champagne .'
7J4- où le.roi devoir le recevoir. Quand le pape en fut à
Anafi. trois milles ou une lieue, le roi vint au devant de
lu i , 6c l’aïant joint defcendit de cheval, & fe prof,
terna avec la reine fa femme, fes enfans & les fei-
gneurs de fa cour. Il marcha même quelque temps
à côté de fon cheval, luifervant d’écuyer. Le pape
6c tous les fiens rendirent grâces à Dieu chantant à
haute voix des hymnes 6c des cantiques fpirituels
jufques à Pontyon , ou ils arrivèrent le jour de l'Epiphanie
fixiéme de Janvier l’an 774.
En arrivant le pape fit de grands prefens au roi
6c aux feigneurs; mais le lendemain il parut avec
tout fon clergé fous la cendre 6c lecilice : 6c fe prof-
terna aux pieds du roi Pépin, le conjurant par la
mifericorde de Dieu 6c par les mérités de faint
Pierre 6c de faint Paul, de le délivrer lui 6c le peuple
Rojnain de la domination des Lombards ; 6c il
demeura en cette pofture, jufques à ce que Pépin &
les feigneurs lui euifent tendu la main > car il voulut
que le roi lui-même le relevât de terre en figne
de la délivrance dont il l’affuroit. Enfuite le pape
6c le roi s’aifirentdans l’oratoire, où le pape réïtera
fa priere, 6c le roi lui promit avec ferment de fui-
vre en tout fes avis, 6c de faire rendre l’Ex’arcat de
Ravenne 6c les places de l’empire. Mais à caufe de
l’hyver il envoïa le pape avec fa fuite au monaftere
de fainte Denis près de Paris, 6c prit grand foin qu’il
y fut logé commodément. Cependant il envoïa des
ambaffadeurs au roi des Lombards, le priant par
le refpeéf des faints apôtres, de ne point exercer
d’hoftilite?
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d’hofhlicez contre R om e ,& de ne point obliger les
Romains à des fuperftitions contraires à leurs loix.
Mais cette ambaflade fut fans effet.
Le roi Pépin célébra à Carifiac ou Quiercy fur
Oife la fête de Pâque, qui cette année 7 j4 .é to it le
quatorzième d’Avril. Il tint l’aifemblée de tous les
feigneurs de fon roïaume , 8c y réfolut le voyage
d’Italie, pour le fecours du pape qui étoit prefent ,
& répondit en ce lieu à divers points de difcipline,
fur lefquels il fut confulté. Sa réponfecontient dix-
neuf articles : dix ftir le mariage, cinq fur le baptême,
quatre touchant le clergé. Les queftions fur le mariage
regardent la plûpart fon indiffolubilité. 11 y eft
défendu d’époufer fa commere, foit de baptême ,
foit de confirmation : ce qui montre qu’à la confirmation
, il y avoit auifides parains. On met en pénitence
le prêtre qui aïant de l’eau a baptifé avec
du vin ; mais on l’excufe s’il n’y avoit point d’eau.
Ce n’eft ,pas que ce baptême foit approuvé, mais le
prêtre eft exempt de peine canonique. On approuve
le baptême donné en cas de neceftité en verfant de
l’eau fur la têteavec une coquille ou avec les mains.
La confultation fait voir que cette maniéré de bap-
tifer par infufion, aujourd’hui la plus commune ,
etoit rare alors ; 6c que l’on baptifoit d’ordinaire par
immerfion. On voit que plufieurs prêtres doutoient
de la validité de leur ordination : ce qui venoit de
ces faux évêques dont fe plaignoit faint Bonifëcë.
Le pape Etienne réfolut la plûpart des queftions
propofées, par les autoritez, ou lés anciennes decre-
îales dç faint Léon,, de faint Innocent, de faint Si«
Tome IX . B b b
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