
4i<î H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
convaincue par fon efclave: Anne foupira du fond
A N. 763, du coeur, 8c lui die : Retire-toi, mon ami , retire-
toi ; la volonté de Dieu foit faite. Le lendemain
matin l’empereur aïant aifemblé un grand peuple,
t-4î7- fit venir Anne & lui montrant quantité de nerfs
de boeuf, lui dit : Je te les ferai tous ufer fur le corps,fi
tune déclarés ton mauvais commerce avec Etienne.
Elle ne répondit rien ; & aulfi-tot huit hommes ro-
bulles la prirent par les deux mains, 8c l’étendirent
en l’air en forme de croix , tandis que deux autres
la frappoient de toutes leurs forces, l’un fur le ventre,
l’autre fur le dos. Elle ne difoit que ces paroles
: Je ne connois point cet homme comme vous
me dites ; Seigneur, aïez pitié de moi. Alors on lui
çonfronta l’efclave, qui l’accufa avec ferment, étendant
les mains contre elle, & lui crachant au vifage.
? L’empereur voïant qu’Anne ne parloit plus, crut
qu’elle étoit morte de la violence des coups, 8c la
fit jetter dans un des monafteres de C . P. Il n’eil
plus parlé d’elle depuis,
xxxiv. Mais l’empereur cherchant toujours un prétexte,
G e o x g e f a u x m o i- c A p • i i i ¿e. ' pour raire mourir ncienne,hc venir le lendemain un
jeune homme nommé George Synclete , qui étoit
de fes plus confidens, & lui dit: M’aimez-vous juf-
qu a donner votre vie pour moi ? George l’en ailura
^vec ferment. L’empereur lui dit en l’embraiTant :
?• 46?. Voici un nouvel ifaac ; puis il ajouta : Je ne vous en
demande pas tant, je vous prie feulement d’aller au
mont d’Auxence, 8c de perfuader à ce malheureux
qui y demeure , de vous recevoir au nombre des
fiens, puis yous reviendrez ici promptement. Georr
L i v r e q u a r a n t e -t r o i s i e ’m e . 417
ge obéit avec joïe, il alla fur la montagne, 8c fe ca- — -
cha dans des brouffailles, dont il fornt vers le mi- A n . 7 63.1
d i , 8c vint crier à la porte du monaftere , qu’il s’é-
toit égaré, 8c qu’il craignoit d’être dévoré par les
bêtes, ou de tomber dans un précipice. S. Etienne
ordonna à Marin fon principal difciple de le faire
entrer. Il fe mit à genoux, & demanda la bénédiction
de l’abbé, qui reconnut auffi-tôt qu’il étoit de
la cour à fon habit 8c à fon vifage fans barbe. Car *• 47“;
l’empereur avoit ordonné à tous les hommes, même
aux vieillards de fe rafer entièrement. George
avoua qu’il étoit du palais de l’empereur, 8c ajouta
: Il nous a tous fait judaïfer ; j’ai eu bien de la
peine à revenir de cette erreur , ôc Dieu m’a con- f. 47,.
duit ici : ne me rejettez pas, mon vénérable pere ,
de votre compagnie, 8c ne me refufez pas le faint
habit. Saint Etienne répondit : Je ne le puis faire ,
à caufe de la défenfe de l’empereur ; 8c je crains que
s’il l’apprenoit, il ne vous retirât d’ici au péril de
votre ame. George reprit : Vous répondrez à Dieu
de moi, fi vous différez : 8c il preffa tant, que l’abbé
lui donna l’habit de probation.
Cependant l’empereur affembla le peuple à C . P. ?• 47«-:
-dans le théâtre de l’hippodrome: 8c ferenantfurlês
degrez , il dit : Je ne puis vivre avec ces ennemis
de Dieu,qu’on ne nomme point. Le peuple s’écria:
Seigneur, il ne relie en cette ville aucune trace de
leur habit. L’empereur s’écria en colere : Je ne puis
plus fouffrir leurs infultcs. Ils m’ont féduit tous les
miens, jufqu’à George Synclete, qu’ils ont ar'raché
d ’auprès de moi, pour le faire moine. Mais mettons
Tome IX . G g §