
3 j t H i s t o i r e E c o l e s i a s t i q u e .
heretiques,pourvu que cefoit aü nom-de la Trinité.
Vers le même temps, c’eft-à-dire l’an 743. le
prince Carloman par le confeil de S. Boniface fit
tenir un concile où l’on examina plufieurs clercs
heretiques féduits par Adalbert & par Clément, Sc
l’on dépofa Gevilieb évêque de Maïence. Il avoit
fuccedé à fon pere Gerold, qui tout évêque qu’il
é toit, portant les armes pour répouifer les Saxons |
fut bleifé à mort dans un combat, Pour le confoler
on lui donna* fon fils pour fucceifeur, quoiqu'il fût
encore laïque 5e à la cour. Peu de temps après il fui-
vit le prince Carloman qui marchoit encore contre
les Saxons. Les deux armées étant campées de part
5e d’autre fur une riviere, l’évêque Gevilieb envoïa
un valet chez les ennemis s’informer exactement du
nom de celui qui avoit tué fon pere : l’aïant trouvé
il le pria de venir parler à fon maître. Ils fe rencontrèrent
à cheval au milieu de la riviere, 5c Gevilieb
lui porta un grand coup d’épée, en difant que c e -
toit pour venger la mort de fon pere. Le Saxoni
tomba mort dans l’eau : t’adfcion de Gevilieb ne fut
blâmée de perfonne, 5i il continua de faire fes fondions
d’évêque.
Mais faint Boniface le reprit dans le concile ,
foutenant qu’un homme coupable d’homicide ne
pouvoir exercer le facerdoce. Il ajouta , qu’il l’a-
voit vu de fes propres yeux fe divertiffant avec des
oifeaux &i des chiens, ce qui n’étoit point permis àun
évêque. Gevilieb fut condamné par le concile &
dépofé de lepiicopat. Il menaça d’abord de fe
pourvoir à Rome 1 mais enfuite voïant le jugement
L i v r e q u a r a n t e d e o x i e ’m e . 333
du concile, foutenu par l’autorité feculiere,il fe fournit'.
Ce fut apparemment de ce concile que S. Boniface
écrivit à Ethëlbade roi des Merciens, car il y parle
en fon nom 6c de fept autres évêques : fçavoir ,
A bel archevêque de Reims, S. Burcard, S. Villebalde
5c quatre autres moins connus. Il commence
par louer ce roi de fes-aumônes 5e de fa vigueur
a reprimer les violences 5c à maintenir la juftice 5c
la paix dans fon roïaume : puis entrant en matière,
il dit : Nous avons appris avec bien de la douleur \
que vous n’avez jamais époufé de femme légitime’
mais que vous vous abandonnez à la débauche même
avec des religieufes. Il lui rapporte les pa/Tages
de l’écriture qui marquent l’énormité de ce péché ,
compté entre ceux qui excluent du roïaume de
Dieu , puis il ajoute : Les païens mêmes puniifent
l’adultere 5c la débauche dans l’ancienne Saxe. Si
une fille a deshonoré la maifon de fon pere , ou fi
une femme a manqué de fidélité à fon mari ! quelquefois
ils la contraignent à fe pendre elle-même ,
5c après l’avoir brûlée ils pendent fur le bûcher celui
qui l ’a corrompue : quelquefois ils affemblent
une troupe de femmes, qui mènent la coupable par
les villages, 5c lui aïant coupé fes habits jufques à.
la ceinture, la déchirent en îa fouettant, 5c la pic-
quant avec des couteaux jufques à ce qu’ils lalailfent
pour morte.
Il lui reprefente enfuite la confequcnce de fon
exemple pour fes fujets : que la nation des Anglois
« o it décriée par la débauche en France 6c en Italie
T t iij.
XLIX.
Lettre au roi dee
Merciens.
epi/l.19. apud Bar.
an. 7 4 f . epift.. i o , .
1 Car. v i. 19. i s i ;
17- v i. 9 .
P rev. V. 3 O. V I , x6.