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An. 6$6. 1’nenr’ ilfoulageales pauvres, il repara les églîies, Sc
to 6 cmc I Pour cet ^ et abandonna les droits qu’il pouvoit pré-
140. tendre fur les cures. La cinquième année de ion pontificat,
feiziéme du toi Theodoric, 6%y, de Jefus-
Chrift, il tint un concile où aiïlftcrent quinze autres
•évêques, dont étoient les archevêques de Tours & de
Reims. Il accorda un privilège à l'abbaye de Fonte-
nelle, portant entre autres chofes que les moines y
obferveroient la réglé de faint Benoît ; & que s’ils y
manquoient, ils fèroient reformez par les évêques
aflemblez.
xxxvi.- A Rome Jean V . fut ordonné pape le'dixiéme de
Juin <>8d. Il étoir Syrien de la province d’Antioche,
c»Mt. fils de Cyriaque. C ’eft lui qui étant diacre avoit été
légat du pape Agathon au fixiéme concile. Il étoit
foavant, courageux & très-moderé. Son éleétion
iuivant la coutume, interrompue depuis long-tems,
iè fit d’un confentement unanime dans l’églile de La-
tran, d’où il fut mené enfuite au palais épifcopal. Il
fut ordonné comme Léon II. par les trois évêques
d’Oftie,de Porto, &deVelitre. Ce pape remit ibus
la difpofition du faint Siège les églifes de Sardaigne,
dont les ordinations lui appartenoient d’antiquité:
mais on les avoit accordées pour un temsaux archevêques
de Caillari. Depuis comme ils abufoient
de ce droit, ils en furent interdits, par un décret
du pape iàinr Martin. -Donc Citonat archevêque
de Caillari, ayant ordonné Movellus pour
l’églife des Torres, fans la permiiïion de Jean V.
ce pape tint un concile où Novellus fut remis fous
l ’obéiflance du iàint Siège, par un aite autentique,
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qui fut gardé dans les archives de l’églife Romaine, ¿ o j
Ce pape fut affligé d’une longuè maladie, en forte
qu’à grande peine pouvoit-il faire les ordinations
des évêques ; & toutefois pendant un an que dura
fon pontificat, il en ordonna treize pour divers
lieux. Il laifTa dix-neuf cens fous d’or au clergé & aux
monafteres, & fut enterré à fiûnt Pierre le fécond
jour d’Août ¿87. Le iàint Siege vaqua deux mois
& demi.
Le clergé de Rome avoit de l’inclination pour xxxvir.
l’archiprêtre Pierre, l’armée pour le prêtre Théo- ononr e dore.
Le clergé aiTemblé attendoit à la porte de l’é-
glifè de La cran, que l’armée avoit envoyé fermer,
i ôc n’y laiffoit entrer perfonne : tandis qu’elle étoit
aflemblée dans l’églilè de faint Etienne. Aucun des
deux partis ne vouloit ceder; & l’on porta de part
& d’autre plufieurs paroles fans effet. Enfin les évêques
& le clergé convinrent d’entrer dans le palais
i épifcopal de Latran , & de choifir une tierce per-
j fonne, foavoir le prêtre Conon. C ’étoit un vieillard
venerable-par fa bonne mine & les cheveux blancs,
Vrai dans fes paroles, fxmple, paifible, qui jamais
H ne s étoit mêlé dans les affaires feculieres. Il étoit né
en Sicile, & originaire de Thrace. Auffi-tôt qu’il
fut élù' tous les Magiiïrats avec les principaux citoyens
vinrent le faluer par les acclamations de
loüanges. L’armée voyant que le clergé & le peuplé
etoienc d accord & avoient foufcrit au décret de fon
eleélion, fe laiflà fléchir au bout de quelques jours,
& y fouicrivitaufli. Ainfi les trois corps, le clergé,
la milice & le peuple envoyèrent enièmble des de-
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