
32.6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
nobles & chrétiens, qui prièrent S. Boniface d’en
prendre fo in , comme plufieurs autres qui lui offrirent
leurs enfans. Le faint évêque Tarant amené en
HeiTe, le mit au raonaftere de Friilar fous la conduite
de S. V ig b c r t, qui s’appliqua foigneufement
à foninftruétion. Le jeune homme apprit lespfeau-
mes par coeur, & lifoir affiduëment l’écriture fainte
, dont il cherchoit les fens fpirituels. Sa vie étoit
très-pure, fon humilité & fa charité le rendoient
aimable à tout le monde. Il fut ordonné prêtre du
confentement de toute la communauté, & commença
à prêcher aux peuplesdesenvirons,& à faire
des miracles, guériffant des malades & délivrant des
poffedez. Après avoir exercé pendant environ trois
ans les fonétions de prêtre , il fut infpiré de fe retirer
dans le defert, & communiqua cette penfée à S.
Boniface, qui l’approuva comme venant du ciel. Il
lui joignit deux compagnons, lesinftruifit foigneufement
, leur donna fa benediéMon, & leur dit : A llez
dans la forêt Bochone, ainix nommée , à caufe
desheftres, & cherchez-y un lieu propre pour des
ferviteurs de Dieu.
Etant entrez dans ces lieux fauyages, ils ne
voïoient que le ciel & la terre couverte de grands
arbres. Au bout de trois jours ils arrivèrent à Hirf-
feld , & crurent que c’étoit le lieu que Dieu leur
avoit deftiné. Ils y bâtirent de petites cabanes couvertes
d’écorces d’arbres, & y demeurèrent longtemps,
s’appliquant aux jeûnes, aux veilles & à la
priere. Tels furent les commencemens du monaf-
tere de Hirsfeld Tan 736. Quelque temps après S.
L i v r e q u a r a n t é -d e u x i e ’m e . 317
Sturme alla trouver faint Boniface, & lui fit la
defeription de fa nouvelle demeure. Saint Bonifa-
ee lui dit : Je crains que vous ne foïez pas en sûreté
; car vous fçavez qu’il y a tout proche des Saxons
bien farouches : cherchez un lieu plus éloigné. Sr
Sturme étant retourné à fon defert prit deux de fes
compagnons avec un bateau pour remonter la rivière
de Fulde., Mais après trois jours de chemin ne
trouvant rien qui le contentât, il revint à Hirsfeld.
S. Boniface Taïant mandé,il alla le trouvera Friilar,
& lui rendit compte de ce voïage : mais le faine
évêque lui ordonna de chercher encore, en l’affu-
rantque Dieu avoit préparé dans ce defert une habitation
à lès ferviteurs.- Sturme partit feul monté
fur un âne-chantant des pfeaumes, & priant continuellement.
Il s’arrêtoit où la nuit le prenoit , mais
de peur que les bêtes ne mangeaffent fon âne , il
coupoit du bois, & Tenfer-moit d’une maniéré de
haye : pour lui après avoir fait fur fon front le ligne
de la croix,il dormoit tranquillement. Un jour étant
arrivé au grand chemin de Maïenee, il rencontra^
une grande multitude de Sclavons quifebaignoient
dans la Fulde. G’étoit un peuple venu du Nord, qui
depuis plus dhri fiecleravageoitl’empire, & s’éten-
doit bien avant dans la Germanie. Ilsfemocquerent
du faint homme ,mais ils ne lui firent aucun mal.
Enfin i l trouva un lieu tel qu’il le cherchoit depuis
fi long temps ; & Taxant bien examiné, & foigneu-
iement remarqué , il en porta la nouvelle à S. Bor-
niface, qui fçaehant que ce lieu appartenoit au
prince Carloman, le lui demanda poury fonder un*