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9 7 9 ' ¿ ’aller à Rome demander juftice au pape. Il lai fia
¡¿jsj fous la conduite de ces éveques pluiieurs milliers
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de moines qu’il gouvernoit ; & s'embarqua avec fes
clercs & fa fuite. Ses ennemis croyant qu’il iroit
par la France Occidentale, qui étoit le plus co u r t,
envoyèrent devant des prefens au roi Theodoric
&àEbroïn, le priant de l’envoyer plus loin en e x il,1
ou de tuer fes compagnons, & le dépoüiller de tout,.
Mais ils prirent pour lui Vinfrid évêque de Liélfeld,
qui étoit auiïi chafïe de ion fiege, l’arrêterent, lui
ôterent tout fon argent, & tuerent pluiieurs de ceux
qui l’accompagnoient.
Pour S. Vilfrid il paila droit au levant en Friie
dont les habitans étoient encore payens. Leur roi
Algife ne laiiïà pas de le recevoir honorablement,
6c lui permit de prêcher l’évangile à fes fujets. Il le
fit avec grande application ; 3c l’année fe trouva
plus abondante qu’à l’ordinaire en poiifon , & en
toutes fortes de fruits : ce que les peuples attribuer
rentau Dieu qu’il prêchoit. Ainfi il baptiià preique
tous les feigneurs & pluiieurs milliers du peuple ;
& fut le premier Apôtre de ce pais. Cependant
Ebroïn envoya des gens à Algife roi des Frifons
avec des lettres où il lui promettoit un hoiiTeau
plein de fous d’or , s’il lui envoyoit l’évêque V ilfrid
ou la tête. Le roi fit lire cette lettre publiquement
à fon dîner en prefence de feint Vilfrid & fes
compagnons , des envoyez d’Ebroin & d’un grand
peuple. Puis il la prit, la déchira, & la jetta au feu ,
en diiànt aux porteurs : Dites de ma part à vôtre
maître ; Ainfi puiffe Je créateur détruire leroyaume
8c
L i v r e q^u a r a n t i e 'm e . ?
8c la vie de celui qui fe parjure , 8c ne garde pas les ^ ’
traitez. Les envoyez s‘en retournèrent confus.
Saint Vilfrid ayant paffé l'hiver en Frife en partit
au commencement du printems l’an 679. pour
continuer fon voyage de Rome. Il paifa chez Da-
gobert roi des François en Auftrafie, qui le reçut
avec grande amitié : fe fouvenant des obligations
qu’il lui avoit. Car ce roi après la mort de Sige-
bert III. fon pere fut envoyé en Irlande par Gri- s*M». x**'*-
moald maire du Palais, n’en fut rappelle que
vingt-ans après en 674. Les feigneurs d’Auftrafie
s’adrefferent pour cet effet à faint Vilfrid , qui le
renvoya avec une efcorte , & toutes les chofes nc-
ceffaires pour le conduire en fon royaume. Le roi
Dagobert vouloir lui donner l’évêché de Straibourg
le plus grand qu’il y eut dans fes états : & comme il
le refufa, il lui fit de grands prefens , & lui donna
Adeodat évêque de Toul pour L’accompagner à
Rome.
Ils arrivèrent chez Berchter ou Pertarit roi des
Lombards, prince humble, paifible , & craignant
Dieu , qui les reçut très-humainement , & dit à
S. Vilfrid : Vos ennemis m’ont envoyé d’Angleterre
promettre de grands préfens, fi je vous rete-
nois, & vous empêchois d’aller à Rome ; car ils
vous traitent d’évcque fugitif. Je leur ai repondu :
Etantfbanni de mon pars en ma jeuneffe , j ’ai demeuré
chez le roi des Huns qui étoit payen : 8c
qui me promit avec ferment au nom de fon idole ,
de ne me jamais livrer à mes ennemis. Quelque
tems après ils lui envoyèrent offrir un boifleau
Tome IX . B