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368 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
rompit| & le donna, difant : Prenez, mangez pour
la rémiflion des pechez, ceci eft mon corps. Et de
même en donnant le calice , il dit : Ceci eft mon
fang : faites ceci en mémoire de moi. Pour montrer
qu’il n’a point choifi fous le ciel d’autre efpece
ni d’autre forme, qui puiffe reprefenter fon incarnation.
Et quelle a été en cela l’intention de Dieu
infiniment Page ? finon de nous montrer clairement
ce qu’il a fait dans le myftere de fon incarnation :
c’eft-à-dire que comme ce qu’il a pris de nous n’eft
que l’eifence humaine fans fubfiftance perfonnelle,
pour ne pas faire tomber fur la divinité une addition
de perfonne : ainfi pour fon image, il nous.a
commandé d’offrir une matière choifie, qui eft la
fubftancedu pain : mais fans forme ni figure humaine,
de peur que l’idolâtrie nes’introduisît. Donc
comme le corps naturel de Jefus-Chrift eft faint
étant divinifé : de même il eft évident que ce qui eft
fon corps par inftitution c’eft-à-dire fa fainte image
, eftfanétifié d’une certaine maniéré , Si divinifé
par la grâce. Car c’eft ce que Jefus-Chrift a
voulu faire : afin que comme il a divinifé la chair
qu’il a prife par une fanélification qui lui eft propre
Si naturelle en vertu de l’union ; ainfi le pain
de l’euchariftie, comme étant la vraïe image de fa
chair naturelle, devînt un corps divin -, étant fanc-
tifié par l’avenement du faint Efprit, & la médiation
du prêtre, qui fait l’oblation, & rend faint ce
pain qui étoit commun. Au refte comme la chair
vivante du Seigneur a reçû l’onétion du faint Efprit,
qui eft la divinité : ainfi ce pain divin a été
rempli
au J.|
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L i v r e qu a r a n t e - t r o is i e’m e . 369
rempli du Saint-Efprit avec le calice de fon fang
vivifiant. Il a donc été démontré que c’eft la vraye
image de l’incarnation de Jefus-Chrift qu’il nous
a de fa propre bouche enfeignée de faire.
On verra dans la fuite comment les.catholiques
refuterent cette objeétion, & tous les autres fophif-
mes de ce concile. Cependant on peut remarquer ,
qu’il fuppofe que l’on adore l’eucariftie, en difant
que Jefus-Chrift n’y fait pas paroître fa figure humaine,
de peur de donner lieu à l’idolâtrie, & qu’il
la nomme un pain divin Si un corps divin , Si le
calice du fang de Jefus-Chrift : qu’il reconnoît que
le Saint Efprit y defcend ; Si que c’eft un facrifice
offert par un prêtre. La définition du concile continue
ainfi.
Mais ce que l’on appelle fauffement des images
ne vient pas de la tradition de Jefus - Chrift, des
apôtres ou des peres, elles n’ont point de prières particulières
pour les fanélifier ; &c demeurent profanes
Si méprifables comme le peintre les a faites. Que fi
l ’on demande pourquoi nous condamnons les images
de la mere de Dieu, Si des faints, qui font de
purs hommes, fans avoir la nature divine comme
Jefus-Chrift : nous dirons que l’églife eft entre le
Judaïfme Si lepaganifme, Si rejette les cérémonies
de l’un & de l’autre : du Judaïfme les facrifices fan-
glans : du pagànifme la fabrication Si le fervice des
idoles, dont l’art déteftable de la peinture eft la
fource. Car n’aïant point d’efperance de la réfur-
reôtion, ils orrt inventé cette illufion, pour rendre
comme prefent ce qui ne l’étoit point. Mais pour
Tiw? JX . A a a
A N. 734.
Lib.V. x l i i i . » . } * .
V I I I .
C o n d sm n a t io t i
d es im a g e s .
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p. 4 ; * .
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