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même temps il le revêtit de l'habit facré & du pal-
lium. Ce même jour fut terminé le concile , dont
il ne nous refte que la définition de foi, qui a pour
titre : Définition du faint & grand concile oecuménique.
•t■ Après un aifez long préambule, le concile dit,que
J. C. nous a délivrez de l’idolâtrie, & nous a enfei-
58 gné l’adoration en efprit & en vérité. Mais ajouterai,
le démon ne pouvant fouffrir la beauté de l’é-
glife,a ramené l’idolâtrie infenfiblement, fous l’apparence
de chriftianifme : en perfuadant d’adorer la
créature, & de prendre pour Dieu un ouvrage au-
11 • quel ondonne le nom de J. C. C ’eft pourquoi comme
le Sauveur a envoié autrefois fes apôtres pour la
deftruétion des idoles : ainlî il a fufcité maintenant
fes ferviteurs nos empereurs imitateurs des apôtres,
pour nous inftruire & renverfer les inventions du
t- démon. C’eft ainfi que ces évêques flateurs ferecon-
noiifent difciples des empereurs, dont l’un étoit un
enfant de quatre ans,fçavoir Léon fils de Conftantin
né le vingt-cinquième de Janvier 730. & couronné
10 le jourde la pentecôte fixiéme de Juin 731. Erifuite
ils déclarent qu’ils reçoivent les fixconcilesoecuméniques
, les exprimant chacun en particulier , puis
if ils ajoutent : Aïant donc examiné foigneufement
leur doctrine, nous avons trouvé que l’art illicite
des peintres combat le dogme capital de notre fa-
l u t , qui eft l’incarnation de J. C. & renverfe les
définitions des fix conciles. La peinture établit
l’erreur de Neftorius, qui divife Jefus Chrift en
deux, & ne laiflfe pas d’appuïer celles d’Arius, ds
L i v r e qu a r a n t e - t r o i s i e ’m e . 367
D io f c o r e , d’Eutiques & de Severe , qui enfeignent •— -_____ ,
le mélange & la confufion des deux natures. Car le A n . 734.
peintre aïant fait une image la nomme Chrift : or le
nom de Chrift lignifie tout enfemble Dieu & homme.
Donc ou le peintre a renfermé, comme il s’imagine,
la divinité immenfe dans les bornes de la
chair créée : ou il a confondu les deux natures unies
fans confufion. Celui qui adore l’image eft coupable
des mêmes blafphêmes, & la même malédiétion
tombe fur l’un & fur l’autre.
Ils chercheront fans doute à s’exculer en difant : p. 440*
Nous ne faifons l’image que de la chair , que nous
avons vue & touchée, & qui a converfé avec nous.
Mais ils retombent par là dans l’impieté de Neftorius.
Car il faut confiderer , que félon les peres, la
chair de Jefus-Chrift , fi-tôt qu’elle a commencé
d’être , a été la chair du Verbe, fans jamais admettre
aucune idée de féparation, mais prife toute entière
par la nature divine,& entièrement divinifée.
Comment donc en peut-elle être féparée ? Il en
eft de même de fa fainte ame. Si-tôt qu’elle a été, c’a
été l’ame d’un Dieu , & jamais elle n’a été féparée
de la divinité, même étant féparée de ion corps.
Comment donc ces infenfez prétendent-ils peindre
la chair de Jefus-Chrift comme la chair d ’un pur
homme ? Ç’eft fuppofer qu’elle fubfifte parelle-mê-
me , & lui donner une autre perfonne, & par con-
fequent en ajouter une quatrième à la Trinité.
La vraie image de Jefus-Chrift eft celle qu’il a
faite lui-même, lorfque la veille de fa paifion il
prit le pain, le b én it, & aïant rendu grâces, le