
338 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j e .
D ans la fécondé feffion le pape demanda au prêtre
Deneard la vie d’Adalbert, & les autres écrits
qu’il avoit en main. On lût d’abord la vie, qui après
un titre magnifique commençoit ainfi : Il eft né
de.parens fimples, & a été couronné de la grâce de
Dieu ; car avant- fa très-heureufe naiifance, fa mere
crut voir lin veau qui fortoit de fon côté droit & qui
iîgnifioit la gracé qu’il avoit déjà reçue. On n’infe-
ra que ce commencement dans les aétes du concile ;
mais la vie y fut lûë toute entiere , Si après cette
leélure le pape Zacarie dit : Que dites-vous de ces
blafphëmes, mes très-faints freres ? Epiphane évêque
dit : Certes, votre fainteté a été infpirée de
Dieu d’avertir notre frere Boniface , & les princes
des François pour faire,aifembler un concile après
un fi long temps, Si vous informer de ces fchifmes
& de ces blafphëmes.
Le pape demanda à Deneard s’il avoit encore
quelque piece à faire lire. Voici,dit-il, la lettre donc
il fe fervoit, & qu’il publioit être de Jefus-Chrift
defcenduë du ciel. On la lût avec fon titre en ces
termes : A u nom de D ieu, ici commence la lettre de
notre Seigneur Jefus-Chrift%,qui eft tombée à Jeru-
falem , & a été trouvée par l’Wrchange faint Michel
à la porte d’Ephrem, lûë & copiée parla main d’un
prêtre nommé Icoré, qui l’a envoïée1 à la ville de
Jeremie à un autre prêtre nommé Talafius, & Talafius
l ’a envoïée en Arabie à un autre prêtre nommé
Leoban j Si Leoban l’a envoïée à la ville de Vetfa-
nie où elle a'été reçuë par le prêtre Macruis qui l’a
envoïée à la montagne de l’archange faint Michel „
L i v r e q u a r a s t e - d i u x i e ’m e . 339
& la lettre eft arrivée par les*mains d’un ange à la -----------
ville de Rome au fepulchre de faint Pierre , où font A n . 74J-
les clefs du roïaume des cieux, Si les douze prêtres
qui font à Rome, on fait des veilles de trois jours
avec des jeûnes & des prières jour &e nuit.
Les aétes n’en rapportent pas davantage : mais la
lettre fut lûë toute entiere, après quoi le pape Zacarie
dit : AiTurément, rues chers freres, cet Adal-
bert a perdu le fens ; & tous ceux qui reçoivent cette
lettre ont auffi peu de jugement que des enfans :
mais de peur que les efprits légers n’y foient encore
trompez , nous ne pouvons laiffer cette affaire fans
examen. Les évêques en convinrent, & le refte fut
remis à une autre feffion, qui fut la troifiéme.
Le prêtre Deneard y prefenta une oraifon compo-
fée par Adalbert, qui commençoit ainfi : Seigneur,
Dieu tout-puiiïant, Pere de notre Seigneur Jefus-
Chrift alpha & oméga, qui eft affis fùr le trône
fouverain, fur les chérubins 8c les feraphins. Et en-
fuite : Je vous prie & vous conjure, ange Uriel, ange
Raguel, angeTubuel, ange Michaël, ange Inias,
angeTubuas, ange Sabaoth, ange Simiel. Après
que l’oraifon eût écé lûë toute; entiere, le pape Z a carie
dit: Que dites-vous à cela, mes freres? Les évêques
6c les prêtres répondirent : Qu’y a-t-il à faire,
finon de brûler ces écrits, Si d’anathematifer les auteurs
? Ces noms hors celui de Michel ne font pas
des noms d’anges, maisdedémon. Nousne connoif-
fons fuivant l’écriture, les noms que de trois angçs,
Mich el, Gabriël, Raphaël. Le pape Zacarie dit:
Vous ave£ raifon de condamner au feu tous les
V u ij