
A n . 764.
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C o n f e f l î o î i d e S.
F t ie n n e d e v a n t
F cm p e r eu r .
434 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
noncerent au gouverneur deT h ra c e , qui l envers
promptement à l’empereur. Lempereur lui demanda
s’il perfiftoit dans l’idolâtrie. Le foldat fe mit a
genoux , 8c dit anathême, comme aïantété feduit;
& l’empereur aulïï-tôt le fit centurion. Mais comme
il retournoit chez lu i , fon cheval le jetta par
terre, &c le foula aux pieds, en forte qu’il en mourut.
L’empereur prit occafion de ce qui étoit arrivé
au foldat pour rappeller promptement S. Etienne
: difantque même dans fon exil il necefioit point
d’enfeigner au peuple l’idolatrie.
Il le fit donc ramener à C . P. & mettre dans la
prifon du bain,lesfers aux mains & les entraves aux
pieds. Quelques jours après il l’interrogea en particulier
fur la terraiTe du Phare,étant aflis entre deux
de fés principaux officiers. En y allant le faint fe
fit donner une piece de monnoïe , qu’il tenoit cachée
fous fon habit. Si-tôt que l’empereur le vit entrer
, il s’écria : Voïez quel homme me charge de
calomnies. Le faint regardoit à -terre fans rien répondre.
L’empereur jettant fur lui Un regard farouche
, lui dit : Tu ne me réponds p o in t, miferable.
Saint Etienne répondit : Seigneur , fi vous etes re-
folu à me condamner , envoïez-moi au fupplice t
fi vous voulez m’interroger, modérez votre colère
: car c’eft ainfi que les loix ordonnent aux juges
d’en ufer. L’empereur ajouta : Dis-moi,quels
décrets, ou quels préceptes des peres avons-nous
méprifez, pour te donner fujet de nous traiter d’he-
retiques ? Saint Etienne répondit : C ’eft que vous
avez ôté des églifes les images que les peres ont
L i v r e q u a r a n t e - t r o i s i e ’ m e . 43j .. _
¡¡¡eçuës & adoiées de tous temps. L’empereur reprit : A n. 764.
Impie , ne les nomme pas images, ce font des idoles.
Et comment peuvent-’elles compatir avec Ies^.w
chofes faintes, qu’a de commun la lumière avec les
tenebres ?
Seigneur, répondit faint Etienne, les chrétiens
n’ont jamais ordonné d’adorer la matière dans les
images : nous adorons le nom de ce que nous voïons,
remontant par la penfée aux originaux. Cette vûë
éleve notre raifon jufqu’au c ie l, & fixe notre cu-
riofité.Eft-il donc jufte, dit l’empereur, défaire
des images fenfibles de ce que l’efprit même ne peut
comprendre ? Et qui eft l’homme dit S. Etienne ,
à moins que d’avoir perdu le fens, qui en adorant
ce que l’on voit dans l’églife, adore la créature, la
pierre, l’or ou l’argent, fous prétexte qu’elle porte
le nom des chofes faintes ? Mais vous autres fans
diftinguer le faint du profane, vous n’ayez pas eu
horreur d’appeller idole l’image de Jefus-Chrift ,
comme Apollon,Se celledela mere de Dieu,comme
Diane : de les fouler aux pieds, &c de les brûler.
L’empereur dit : Efprit bouché, eft-ce quen foulant
aux pieds les images, nous foulons aux pieds
J. C . à Dieu ne plaife.
Alors faint Erienne tirant de fon fein la piece de
monnoïe qu’il avoit apportée exprès, dit a l’empereur
: Seigneur, de qui eft cette image &c cette inf-
cription ? L’empereur furpris , répondit : C ’eft des
empereurs,.c’eft-à-dire, de lui-même &c de fon fils
Léon .Saint Etienne continua: Serai-je donc puni
fi je la jette à terre, ôe fi je la foule aux pieds. Les
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